Madame Adélaïde

Madame Adélaïde comblait de générosité ses amis : " Non contente de favoriser de mille manières Madame de Narbonne et son fils Louis , perdu de dettes et qui engloutissait des fortunes, Adélaïde fit présent ( en 1776 ) à sa dame d'atours du domaine de la Bove et de Juvincourt , dans le comté de Craonne. Mesdames aimaient à s'y rendre au temps des vendanges. pour faciliter leur voyage , l'intendant de Soissons fit aménager la chaussée reliant la grande route de Laon à la Bove , qu'il baptisa en leur honneur " Chemin des Dames". Pour nous , contemporains des guerres d'enfer du siècle des lumières et du progrès , le riant "chemin des dames" évoque le souvenir d'affreuses hécatombes".

Voici la vie quotidienne de Mesdames à Bellevue : " Mesdames s'adonnaient à la musique leur passe-temps favori . Le clavecin de Victoire accompagnait le violon d'Adélaïde.

Durant les chaudes journées d'été et les jours de pluie , Mesdames aimaient à faire de la tapisserie ou bien elles faisaient lire ou lisaient elles-mêmes quelques ouvrages de leur riche bibliothèque. Le catalogue de la bibliothèque de Madame Adélaïde ( conservé à l'arsenal ) comporte plus de 5000 volumes français et 900 étrangers. Sur le manuscrit in-folio , relié en maroquin rouge, la princesse est représentée en Minerve au milieu de ses livres, comme dans la gravure de Taré ; à ses pieds jouent des chiens et des chats, ses animaux favoris. Adélaîde avait fait relier ses livres en maroquin rouge, Victoire en maroquin vert-olive et Sophie en maroquin citron. La plupart disparaîtront pendant les péripéties de l'exil.

Tout en menant à Bellevue une vie simple et familiale, les princesses exigeaient, à l'exemple de leur père, que fussent scrupuleusement observées les règles de l'étiquette . Nul n'entrait dans leurs salons sans être annoncé par le suisse , vêtu d'écarlate et galonné d'or, qui se tenait flanqué de sa hallebarde , à l'entrée des appartements . Sur l'ordre de Madame Adélaïde, Madame de Narbonne veillait à ce que le château fût entretenu avec la plus minutieuse propreté ( on ne tolérait pas un gramme de poussière sur les meubles ) et à ce que les visiteurs et familiers n'oubliassent jamais qu'ils avaient l'honneur d'approcher les premières princesses du royaume, filles et tantes de leurs rois. "

" Les festins de Bellevue sont restés célèbres dans les annales de la gastronomie par la bonne chère qu'on y servait. Mesdames , dotées d'un excellent appétit et récidivistes du péché de gourmandise , s'entendaient à composer ces menus de Gargantua qui stupéfient les gens d'aujourd'hui et auxquels nos ancêtres savaient faire honneur.

Le comte et la comtesse de Provence, M. et Mme , le Comte d'Artois étaient les hôtes assidus de Bellevue et parfois aussi le roi et la reine.
La soeur de Louis XVI, Madame Elisabeth, faisait les délices de Mesdames. Adélaïde adorait cette exquise créature , sa douce et chère petite nièce, dont le caractère enjoué s'accordait si bien au sien ; car la pieuse Elisabeth , se souvenant du précepte de Sainte Thérèse qu'une sainte triste est une triste sainte , manifestait dans sa vie extérieure beaucoup de gaieté et d'entrain.

Une réception qui marqua dans les fastes de Bellevue fut celle de l'empereur Joseph II , frère de Marie-Antoinette , venu en France au printemps de 1777 pour resserrer les liens de la maison de Habsbourg avec la cour de Versailles et donner à sa soeur les conseils moraux dont il estimait qu'elle avait grand besoin.
Adélaïde plut infiniment à Joseph II , qui apprécia son esprit et son franc-parler."

Ce fut l'amour des enfants qui rapprocha Madame Adélaïde de la reine : " Madame Adélaïde fit savoir qu'il ne lui déplairait pas de remplir la charge de gouvernante des Enfants de France. Louis XVI ne pouvait faire meilleur choix que celui de sa tante , dont les hautes vertus morales imposaient à tous le respect. Au surplus , une telle candidature aurait dû supprimer toute compétition autour d'une charge que daignait postuler la fille de Louis XV. Cependant , Marie-Antoinette s'opposa au choix de sa tante , non par esprit de vengeance pour d'anciens griefs , mais par crainte de déplaire à sa favorite , l'ex-comtesse Jules, créée depuis peu duchesse de Polignac.
Madame Adélaïde supporta vaillamment cet affront . "

Le château de la Bove

http://dumultien.over-blog.fr/article-21680746.html -

La duchesse de Narbonne-Lara

http://dechalus.canalblog.com/archives/2010/02/23/index.html

Heureusement que madame Adélaïde n'est pas devenue gouvernante des Enfants! A côté, Madame l'Etiquette aurait fait pâle figure!
Elle n'aurait jamais combattu l'orgueil inné de Madame Royale, au contraire.
Au moins, Marie-Antoinette et Louis XVI ont fait le bon choix en nommant une femme douce et exquise, éloignée de la représentation de cour, et peu grenouille de bénitier, et à travers laquelle ils avaient la main mise sur l'éducation de leurs enfants.
Enfin, bon choix à mes yeux mais qui pour l'époque ne l'était pas du tout. C'était même de la pure provocation. Mais j'aime!

Je doute que Marie-Antoinette aurait vécu autant dans l'intimité de ses enfants avec une telle duègne auprès d'eux.

Ne serait-ce que pour le bien des enfants, il vaut mieux un câlin de celle-ci :


plutôt que de celle-là (si encore elle était capable de câliner un enfant):


Enfin l'une avait fait ses preuves de mère, l'autre non.

Madame Adélaïde aimait sincèrement les enfants mais il est vrai qu'elle aurait élevé assez durement les enfants de France. Ouf, heureusement que Marie-Antoinette a choisi la duchesse de Polignac .

"Madame Sophie mourut le 2 mars 1782 à l'âge de 48 ans . Cette princesse timide et effacée , qui vécut toujours dans le sillage d'Adélaïde , ne fut sincèrement regrettée que par ses soeurs et sa nièce Elisabeth. la défunte léguait à Victoire la moitié de ses rentes et à Adélaïde sa part du domaine de Louvois ; ce qui fit de l'aînée la seule duchesse et l'unique propriétaire de Louvois.
Ce deuil rapprocha encore Adélaïde et Victoire , les seules survivantes avec Louise , la carmélite d'une famille de 10 enfants.

La comtesse de Boigne a évoqué dans ses Mémoires la vie des deux princesses à cette époque : " A Versailles , écrit-elle, Mesdames entendaient la messe chacune de leur côté : Adélaïde à la Chapelle, Victoire dans son oratoire. Elles se réunissaient le matin chez l'une ou chez l'autre et dînaient en tête à tête. A 6h du soir , le jeu de Mesdames se faisaient chez Adélaïde. A 9h du soir , Mesdames soupaient chez Madame, femme de Monsieur ; on y discutait les intérêts de famille et on y racontait les commérages de la Cour...En sortant de chez Madame, Mesdames se rendaient chez leurs dames d'honneur respectives. Mme de Civrac tenait à Madame Victoire un salon rempli des gens de la Cour. Madame de Narbonne , arrogante n'avait personne...
Madame Adélaïde devait être reconduite dans l'intérieur du château par sa dame de service. souvent elle en dispensait , parce qu'elle allait toujours à pied et que les dames circulaient généralement dans les corridors en chaises à porteurs. au retour de chez Madame de Narbonne , la princesse recevait souvent chez elle ma mère et mon père ( le marquis et la marquise d'Osmond ). Ce qui ne plaisait guère à Madame de Narbonne. "

En ce qui concerne le château de Louvois , voici un livre :

Les Demeures du soleil : Louis XIV, Louvois et la Surintendance des bâtiments du roi de Thierry Sarmant
Champ Vallon, 2003, 387 p : 28 euros

Voici un ouvrage en ligne sur Mesdames de FRance :

Mesdames de France , filles de Louis XV , documents inédits de Casimir Stryienski , Emile Paul éditeur, 1911

http://gallica.bnf.fr/.../bpt6k5569157s.r=collection+vinck+revolution.langFR -

Ah, zut, cela ne le fait pas. Si les modérateurs peuvent m'aider , ce serait bien gentil .

Je crois que c'est cela que vous vouliez montrer...

Bien à vous.

Oui, mais l'ouvrage était disponible en ligne sur Gallica ...

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5569157s.image.r=Casimir+Stryienski+.f8.langFR

"Adélaïde et Victoire adoraient la jeunesse et les enfants des autres , à défaut des enfants qu'elles n'eurent pas . leurs salons de Versailles et de Bellevue s'animent de jeux et de gais propos , quand surviennent les enfants , grands et petits de la nouvelle génération. Plus jeunes, les princesses ont servi de mères, Adélaïde surtout aux fils et aux filles de leur frère le dauphin ; puis Victoire s'est consacrée à la fille chérie de sa dame d'honneur, devenue par son mariage comtesse de Chastellux et Adélaïde au fils turbulent de Madame de Narbonne , son filleul Louis.

toutes deux ont une affection plus secrète pour un jeune abbé au nom illustre : Louis de Bourbon , fils naturel de Louis XV et d'une demoiselle de Romans. Quand mourut le feu roi, Mesdames adoptèrent tendrement " ce jeune frère" et Madame Louise , du fond de son Carmel, dirigea son éducation . Devenu adulte, le jouvenceau se mit en tête d'obtenir une reconnaissance officielle , prétention à laquelle s'opposa formellement Adélaïde."Si vous voulez faire constater votre état lui écrivit-elle ( ce à quoi vous ne réussirez pas ), vous aurez contre vous tout ce qui aurait été pour vous. Vous devez bien penser que je ne peux pas mettre plus d'authenticité à une chose que je voudrais cacher..."

En revanche dès qu'il fut ordonné prêtre , Adélaïde consentit à le présenter au roi. La présentation eut lieu à Versailles en juin 1783, dans la chambre du Conseil. Louis XVI n'aimait pas beaucoup ces sortes d'audiences, mais il accueillit gracieusement le fils naturel de son grand-père. Là se borna son intérêt pour l'abbé de Bourbon , lequel, nanti d'une recommandation de Mesdames , partit pour l'Italie, où il mourut dans la fleur de l'âge.
L'abbé Leduc , un autre fils naturel de Louis XV , tonsuré lui aussi, prit dans le coeur de Mesdames , la place du disparu. "

Madame Adélaïde aimait réellement les enfants. Son attitude est paradoxale. Elle a conseillé à Louis XVI de répudier Marie-Antoinette puis une fois que la reine a donné des enfants au roi, son attitude envers la reine a complètement changé . Elle est devenue plus amicale envers elle . D'ailleurs, Adélaïde voulait s'impliquer dans l'éducation des enfants de France d'où sa volonté de briguer la charge de gouvernante des Enfants de France. Il faut n'y voir qu'une continuité car elle s'était beaucoup impliquée dans l'éducation de ses neveux et nièces.

"Au printemps de 1785, le roi, sollicité par ses tantes, autorise Adélaïde et Victoire à se rendre à Vichy pour y faire une cure. On avait longtemps hésité ; car un tel voyage occasionne de fortes dépenses , la suite de Mesdames comportant 260 personnes et un train d'équipage de 160 chevaux.

Les princesses arrivèrent à Vichy le 1er juin 1785 et s'installèrent au couvent des capucins. Le procès-verbal des échevins de la ville, dressé le jour de leur départ , nous donne quelques précisions : "Aujourd'hui 2 août 1785...Il a été porté sur les registres ...que Mesdames Marie-Adélaïde et Victoire, Louise, Marie-Thérèse de France , tantes du roy , sont arrivées le 1er juin en cette ville où Madame Victoire a fait usage des eaux, et en sont parties ce jour d'hui ...et que très auguste prince Louis, Stanislas, Xavier de France , Monsieur, frère du Roy, a aussi honoré de sa présence cette dite ville le 21 juin dernier jusqu'au 27 dudit mois...

Comme à Plombières, le souvenir du séjour des princesses à Vichy a été perpétué par le nom de Mesdames donné au chemin qui longe le Sichon , entre Cusset et Vichy , ainsi qu'à l'une des sources thermales."

Décidément , Mesdames ont laissé leurs noms partout sur les chemins de France !

"Revenues à Versailles, Adélaïde et Victoire s'installèrent à l'Hermitage , résidence champêtre aménagée à leur intention hors du parc royal, sur le chemin de Marly. Elles résidaient depuis peu dans ce pavillon d, lorsque le scandale du collier de la reine éclata à la Cour. Le cardinal de Rohan , grand aumônier , compromis dans l'affaire, fut incarcéré à la Bastille.
Il eût fallu étouffer le scandale coûte que coûte en remboursant les joailliers ; tel était l'avis de Madame Adélaïde . On préféra instruire l'affaire au grand jour devant le parlement de Paris. Et il arriva qu'en acquittant le cardinal de Rohan sous la pression de l'opinion publique, les magistrats parisiens condamnèrent implicitement la reine qui sortait à jamais déshonorée d'une aventure tramée en dehors d'elle.

Madame Adélaïde se rendait compte de la gravité de l'heure. Avec l'âge , la sagesse était venue ; elle savait maintenant voir et prévoir et donner d'utiles conseils ; mais le roi , bien que mieux disposé à son égard , ne l'écoutait guère.
Pour s'éloigner un peu de la Cour qu'elle aimait de moins en moins, Adélaïde , pendant l'été de 1786, s'en alla visiter son domaine de Louvois en compagnie de sa soeur Victoire. Mesdames séjournèrent deux mois en Champagne. Pendant que Victoire se laissait vivre dans le calme de la nature , parmi les fleurs des jardins, Adélaïde tenait avec majesté son rôle de duchesse féodale , consacrant " à son gouvernement "la majeure partie de ses journées, améliorant les routes , fondant des oeuvres pies , administrant avec zèle son petit duché, tout en se donnant l'illusion de régner sur un vrai royaume."

" Lorsque le duc d'Orléans , perpétuel conspirateur fut exilé par le roi dans son domaine de Villers-Cotterets , Madame Adélaïde écrivit à Louis XVI une lettre qui reste un modèle de raison, de sagesse et de clairvoyance : " Je suis fâchée , mon cher neveu , que vous ayez exilé le duc d'Orléans , non pas à cause de lui qui inspire peu d'estime , mais à cause de sa femme qui est généralement aimée. On a bien tort de vous mettre en opposition avec les Parlements. Il faudrait une volonté bien prononcée de votre part pour leur imposer silence. Si vous cédez aujourd'hui, demain, ils vous commanderont. Je crains vos conseils , ils ne sont pas fermes dans leurs résolutions . Vous n'avez pas un Maupéou pour chancelier. Vous êtes incapable de porter de grands coups ; votre coeur s'y oppose . Je tremble pour l'avenir. on murmure hautement. La reine dit que les Parisiens sont des grenouilles qui coassent , je crains bien que les grenouilles ne deviennent serpents..."

Cassandre n'eût pas mieux prédit l'avenir. Comme la fille de Priam, Adélaïde voit clair , mais comme elle également , la fille de Louis XV parlera dans le désert.
Le parlement est rentré en triomphateur à Paris ; l'orage gronde. Et cependant , à Versailles et à Trianon, se déroulent les plus belles fêtes du siècle. La ville n'est pas moins insouciante que la Cour. Le jeu y accapare toute la société ; on joue au pharaon et aussi aux courses de chevaux, nouvellement importées d'Angleterre. La mode reflète le désordre des esprits : c'est l'époque des coiffures extravagantes et des paniers exorbitants, des étalages de bijoux, de dentelles et de broderies . L'irréligion et la licence des moeurs, apanage de l'aristocratie, gagnent maintenant les classes moyennes. Jamais on n'a tant joui , tant festoyé. Littéralement "on danse sur un volcan ". et l'on va , comme en des temps plus proches, rencontrer le malheur...."

" La petite Cour de Mesdames était appelée la vieille Cour. Les princesses passaient tout l'été à Bellevue , où leurs neveux et nièces venaient sans cesse leur demander à dîner familièrement et sans être attendus. Le coureur qui les précédait de quelques minutes les annonçait. Lorsque c'était le coureur de Monsieur , on avertissait à la Bouche et le dîner était plus soigné et plus copieux.

La famille royale à Bellevue dînait avec tout ce qui s'y trouvait, les personnes attachées à Mesdames, leurs familles, quelques commensaux , en général, cela faisait de 20 à 30 personnes...Madame Adélaïde , sans comparaison la plus spirituelle des filles de Louis XV , était commode et facile à vivre dans l'intérieur, quoique d'une extrême hauteur ...Madame Victoire avait fort peu d'esprit et une extrême bonté...A Bellevue , on vivait tous ensemble ; on se réunissait pour dîner à 2 heures , à 5 chacun rentrait chez soi jusqu'à 8. On retournait au salon et après le souper , la soirée se prolongeait , selon qu'on s'amusait plus ou moins. Il venait du monde de Paris et de Versailles...On faisait un loto ; après quoi les princesses travaillaient dans le salon et la liberté y était assez grande ...


Mme de Boigne nous révèle d'ailleurs que" Madame Adélaïde avait horreur du vin dont elle ne buvait jamais ( bien que ses caves de Bellevue fussent garnies des meilleurs crus ) et que les personnes qui se trouvaient placées près d'elle à table se détournaient pour en boire. Ses neveux avaient toujours cet égard. "

Puis Madame Adélaïde se fit opérer car on craignait pour elle la fistule. L'opération se passa bien. En 1787 fut marqué par le décès de leur sœur Madame Louise de France. Elle avait à peine 50 ans. Elle fut ensevelie dans le cimetière du carmel de Saint-Denis.

" L'été suivant, après la fin du deuil de Madame Louise, Adélaïde et Victoire reçurent plusieurs fois à Bellevue la visite de Marie-Antoinette . La reine y venait souvent de Saint-Cloud pour voir son fils le dauphin , gravement malade au château de Meudon. L'enfant royal était tombé dans un état de rachitisme qui lui avait courbé l'épine dorsale et le privait de l'usage de ses membres. Ses grand'tantes et aussi Madame Élisabeth l'entouraient de soins jaloux . Leurs prévenances infinies touchaient le cœur de la malheureuse mère , désespérée par la lente agonie de son fils aîné. L'agitation grandissante du pays accentuait sa douleur.
La machine révolutionnaire se mettait en marche. "

Madame Adélaïde a vraiment changé d'attitude lorsque Marie-Antoinette a eu des enfants. Et aux heures tragiques, elle a fait son possible pour épauler la famille royale.

Madame Adélaïde a participé à la procession des États Généraux. Voici ce qu'en dit Valentino : " Bien qu'on eût acclamé plus qu'il ne convenait les députés du tiers et Mgr le Duc d'Orléans , l'entourage du roi se montra satisfait de la cérémonie . Madame Adélaïde elle-même , tout à son rôle de députée de la Champagne , se laissa prendre aux apparences, aux applaudissements dont le roi avait été l'objet et au bon ordre de la séance, troublée cependant par quelques incidents symptomatiques, tel le refus de certains députés du tiers de rester têtes nues, quand se couvraient les prêtres et les nobles en même temps que le roi.

A quelque temps de là , comme le marquis d'Osmond se vantait de n'avoir pas assisté à l'ouverture des Etats Généraux, Madame Adélaïde lui exprima vertement sa désapprobation ."Madame , rétorqua le gentilhomme , je n'aime pas les enterrements et pas plus celui de la monarchie que les autres. On raconte que la princesse dédaigneuse lui tourna les talons. Elle devait se souvenir un jour de cette réplique et en reconnaître l'amère vérité.

Un mois après la mémorable journée du 5 mai 1789 , Marie-Antoinette perdit son fils aîné , mort à Meudon , tandis que la Cour séjournait à Marly. Le petit prince fut conduit à la lueur des torches au caveau de Saint-Denis. Pour s'y rendre, le cortège évita de traverser Bellevue où séjournaient Mesdames , que ce deuil avait plongées dans la désolation."

Madame Adélaïde a été élue députée ?
C'est incroyable!

Si le fait attesté, pourquoi est-ce si peu connu ?
Je savais que le roi avait donné le droit de vote aux religieuses ainsi qu'aux femmes-maîtres des corporations mais de là à être élues, j'en suis sidérée!