Madame Adélaïde

Madame Adélaïde par Nattier 1749

Madame Victoire et Madame Sophie par Nattier 1748

Tous ces portraits sont particulièrement intéressants parce que l'on y sent bien le souci de ressemblance. Du reste, Coche, Loque, Graille et Chiffe partagent indubitablement un réel air de famille !

N'oublions pas Madame Louise, toujours par Nattier, toujours en 1748

Merci Madame Sophie!

Quand elle était jeune Madame Adélaïde était tout à fait charmante, physiquement

Elle avait effectivement du caractère, de la suite dans les idées et une certaine hauteur vis à vis des choses, qui fait que je la vois bien moi aussi tenir son rang en tant que reine. Maintenant elle a les défauts de ces qualités et on sait ce qu'elle est devenue : fière, trop fière, limitée elle-même à cause de son rang et de ses idées finalement réduites, et donc peu appréciée :s:

1786 - Marie-Adélaïde de France, dite Madame Adelaïde par Johann Ernst Heinsius (Versailles)

Intéressant portrait. On dirait une vieille dame inoffensive, dépassée par son époque.

Inoffensive ! Comme vous y allez Pim.


Moi je garde en mémoire son portrait du salon de 1787. Ce portrait était à l'expo du Grand Palais. Tout est dit dans ce tableau. Sous les traits d'une fille de Roi, tenant en main ses pinceaux elle toise le spectateur comme si elle nous disait qu'elle était la dernière garante du pouvoir de son père. Qu'elle aurait aimé être à la place du vizir. C'est bafouer le règne de Louis XVI son neveu et insulter la Reine en public. Même si elle honorait la mémoire de son père, normal, elle aurait dû veiller au soutien moral de la Famille Royale. Après les événements de 1785 elle aurait dû être vigilante. Inoffensive disiez-vous ?

Ben oui, mais souvenez-vous de la fin de sa vie, en fugitive, elle la fille préférée de Louis XV  !!!!!    Hein !   Quelle sacrée claque tout de même ! Quel orgueil ravalé !
Les mauvaises langues de la Cour prétendaient M. de Narbonne (l'un des amours de Germaine de Staël) son fils et celui de Louis XV.

Citation :

Qu'elle aurait aimé être à la place du vizir.

Est-ce à dire qu'elle était mauvaise, puisque Iznogoud ?      

Bien à vous.

Citation :

Inoffensive ! Comme vous y allez Pim.

Sur ce portrait, justement...  

Oui je suis d'accord sur ce dernier portrait je ne dirai pas qu'elle est inoffensive, plutôt abattue ou résignée.

... pareille dégringolade, ça calme ...

Vous la préférez en buste ?


Houdon 1777

Le poids des ans fait ressentir l'irréparable outrage......

Ces bustes sont plutôt cohérents avec les portraits de Madame Adélaïde jeune et plus mûre que nous connaissons

Je reviens ici pour relater une anecdote sur Mademoiselle d'Osmond, future Mme de Boigne.
Sa mère était très proche de Mme Adélaïde (elle était " à son service"), et donc de la famille royale, la petite fut élevée au milieu d'eux, à Bellevue.

" Madame Adélaïde me fit faire à grands frais une magnifique poupée, avec trousseau, une corbeille, des bijoux, entre autres une montre de l'épine que j'ai encore, et un lit à la duchesse où j'ai couché à l'age de sept ans, ce qui donne une proportion de la taille.
L'inauguration de la poupée fut une fête pour l famille royale, qui vint dîner à Bellevue. en sortant de table, on m'envoya chercher.
Les deux battants s'ouvrirent , et la poupée arriva traînée sur son lit escortée de tous ses accessoires. le roi me tenait par la main :
" Pour qui est tout cela Adèle ?
"Je crois que c'est pour moi sire."
"Tout le monde se mit à jouer avec ma nouvelle propriété.
On voulut me faire remplacer la poupée dans le lit, et la reine et Mme Élisabeth, à genoux des deux côtés, s'amusèrent à le faire, avec des éclats de joie de leur habileté à tourner les matelas.
Hélas! les pauvres princesses ne pensaient guère que bien peu d'années après,( c'était en 1788), elles seraient réduites à faire leur propre lit.
Combien une prophétie pareille eût paru extravagante ".

Voilà ! j'ai bien eu du mal à la retrouver !

bien cordialement.

Oups... Voilà un récit bien joyeux mais dont la morale résonne lugubrement... Combien d'oracles les amis de la famille royale n'ont-ils pas dû voir, après coup, en réinterprétant les faits ?

Un second souvenir triste aussi :

Cela se passe encore à Bellevue (pas aux tuileries comme je l'ai dit), la famille royale venant de Saint-Cloud où on l'a autorisée à séjourner.5 1790 si ma mémoire ne me trahit pas encore une fois...)

La reine " vint à Bellevue sous l'escorte de la garde nationale; j'étais élevée dans l'horreur de cet habit. La reine je crois, était déjà à peu près prisonnière, car ce monde ne la quittait jamais.
Toujours est-il que je la trouvai sur la terrasse entourée de gardes nationaux. Monpetit coeur se gonfla à cet aspect et je me mis à sangloter.
La reine s'agenouilla, appuya son visage contre le mien et les voila tous deux de mes longs cheveux blonds, en me sollicitant de cacher mes larmes. Je sentis couler les siennes. J'entends encore son " paix,paix, mon adèle"; elle resta longtemps dans cette attitude."

"Tous les spectateurs étaient émus, mais il fallait l'incurie de l'enfance pour oser le témoigner dans es moments ou tout était danger.
Je ne sais si cette scène fut rapportée, mais la reine ne revint plus à bellevue, et c'est la dernière fois que je l'ai vue autrement que de lion pendant mon séjour aux tuileries.
J'ai conservé de ce moment une impression qui est encore très vive. Je peindrais son costume. Elle était en pierrot de linon blanc, brodé de branches de lilas de couleur, un fichu bouffant, un grand chapeau de paille dont les larges rubans lilas flottants se rattachaient par un gros noeud à l'endroit où le fichu croisait."

" Pauvre princesse, pauvre femme, pauvre mère à quel affreux sort elle était réservée !
Elle se croyait bien malheureuse alors, ce n'était que le commencement de ses peines.
Son fils le second dauphin, l'avait accompagnée, et il jouait avec mon frère dans le sable. Les gardes nationaux se mêlaient à ces jeux, et les deux enfants étaient trop jeunes pour en être gênés.
Je restai près de la reine qui me tenait par la main. On m'a dit depuis qu'elle s'était crue obligée d'expliquer à sa suite que le premier dauphin m'aimait beaucoup, qu'elle ne m'avait pas vue depuis sa mort et que c'était là le motif de notre mutuelle sensibilité ".

" Paix, paix, mon Adèle ..."

C'est bien l'anecdote à laquelle je pensais; mais ma mémoire me jouant des tours, je la situais aux Tuileries ! C'est le passage de Mme de Boigne qui m'a le plus chaviré le coeur.

J'ai retrouvé ce passage ce matin, après celui de la poupée, c'est très émouvant vous avez raison.
bien cordialement,

Citation :

" Paix, paix, mon Adèle ..."

C'est bien l'anecdote à laquelle je pensais; mais ma mémoire me jouant des tours, je la situais aux Tuileries !  C'est le passage de Mme de Boigne qui m'a le plus chaviré le coeur.

Moi aussi, j'avais d'abord pensé à ce passage, avec ce déchirant "Paix, paix, mon Adèle... "

Allez voir chez Boigne

J'ai les mémoires de la comtesse de Boigne en stock chez moi depuis longtemps, il va falloir que je les lise aussi car je découvre ces anecdotes

En parcourant mes grimoires hier soir et ce matin je me suis dit que je devrais les relire tous...mais je ne sais pas par lequel commencer.
En ce qui concerne Mme de Boigne, c'est dans sa bio que j'ai trouvé ces témoignages, ( tirés de ses mémoires que j'ai certainement aussi lues).

Je vous remercie beaucoup, vous m'apprenez des choses, c'est un juste retour de ma part pour vous remercier !!!! :bisous1: