Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon

"Pendant que Marguerite s'abandonnait à ses désirs de solitude, son frère qui venait de ceindre la couronne ducale de Lorraine sous le nom de René II de Lorraine, se trouvait aux prises avec les plus grandes difficultés . Charles Le Téméraire , duc de Bourgogne , en vue d'encercler la France à l'est, réclamait son alliance sous menace de prendre son duché. Louis XI le pressait au contraire de s'opposer aux desseins de la politique bourguignonne. La neutralité devint bientôt impossible. René, pour se dégager de l'étreinte du Téméraire , résolut de s'engager dans la Basse Ligue, redoutable coalition où l'habileté du Roi de France avait déjà réuni contre son adversaire plusieurs villes d'Alsace et d'Allemagne en les alliant à Sigismond d'Autriche ( le nom de Basse Ligue était opposé à celui de Haute Ligue formée par les cantons suisses ).

Charles Le Téméraire eut bientôt fait de s'emparer du territoire lorrain, y compris Nancy qui succomba le 26 novembre 1475. On recevait dans le même temps , à la cour d'Aix , des avances à la fois doucereuses et menaçantes : le duc de Bourgogne demandait tout simplement au Roi René la succession de son comté de Provence. Il ne restait plus au malheureux prince que ce lambeau puisque Louis XI venait de lui prendre ses autres domaines ; tout put donc sembler fini : la gloire et les possessions des deux maisons de Lorraine et d'Anjou allaient s'engouffrer dans la lutte engagée."

Ce pauvre duché de Lorraine et les autres terres de la maison ducale ont vraiment été l'objet de toutes les convoitises!

Absolument et Louis XI n'a guère été tendre avec son jeune parent René de Lorraine. Pourtant, les prières de Marguerite de LOrraine ont fait changer la donne comme on le verra par la suite !


"Un espoir , cependant , caressait tous les coeurs : Louis XI , souverainement interessé aux succès de la Basse Ligue, allait , du poids de son intervention , rétablir les chances du conflit. Tous les yeux étaient tournés vers lui . Vain espoir ! L'inconcevable ruse du cynique monarque avait obtenu de Charles Le Téméraire une trêve secrète de 9 ans , qui le mettait à l'abri , et laissait ses alliés porter tout le poids de cette guerre dont il était au fonds l'instigateur et le bénéficiaire.

Mais Dieu veillait sur les destinées de La Lorraine et nous pouvons croire que l'innocence de Marguerite fut toute puissante auprès de lui. Les rois plus tard s'assurereront de son intercession avant de courir le risque des batailles. La prière de la petite sainte vaudra à son frère une épée ; sa candeur remplacera le secours défaillant du monarque infidèle."

"Les choses , en effet, ne tardèrent pas à changer de face. Le 2 mars 1476 , peu après qu'il eut pris Nancy , Charles Le Téméraire éprouvait une première défaite à Granson. Il y était allé attaquer des Suisses pour les châtier de s'être déclarés contre lui. Il s'en retourna châtié lui-même par un désastre inouï ; car on le vit s'enfuir du champ de bataille avec 5 cavaliers pour toute escorte.

La Lorraine et la Provence tressaillirent à cette nouvelle qu'une autre suivit de près , réconfortant grandement la famille de Marguerite : le jeune duc René venait d'être saisi de la succession de sa grand-mère paternelle , s'élevant à 200 000 écus comptant ; une somme pareille pouvait l'aider considérablement à remonter ses affaires."


Purée, elles sont terriblement efficaces les prières de Marguerite de LOrraine !

Charles le Téméraire

Mme de Chimay à dit :

Citation :

Charles le Téméraire

Il a pas l'air drole !

C'était un sinistre personnage ...Mais je n'ai jamais eu beaucoup de sympathie pour les ducs de Bourgogne non plus !

C'est par lui que les Habsbourg se retrouveront avec la fameuse lèvre. Il la tenait de sa mère, princesse portugaise.
Non, ce n'était pas un rigolo en effet. Autant son père brillait de mille feux, avait une cour fastueuse, autant le Téméraire était sinistre et triste.

Et d'ailleurs, il aura une triste fin mais j'en parlerais plus loin...

Je la connais! Bien fait pour lui!

Quant on cherche des poux dans la tête des autres, il ne faut pas s'étonner d'en ramasser des fameuses sur sa tête !


"A l'annonce de cette fortune inespérée , il y eut cependant hésitation. Ne valait-il pas mieux accepter les faits accomplis et profiter de l'aubaine qu'apportait la succession de Marie d'Harcourt , pour chercher dans la vie privée un bonheur que le trône n'avait pas donné ? Ce fut l'avis de Yolande d'Anjou que les vicissitudes de la vie politique avaient profondément découragée ; ce ne fut pas l'avis du roi de Sicile qui noblement venait de refuser à Louis XI la cession de ses états, comme précédemment il l'avait refusée au duc de Bourgogne : l'intrépide vieillard connaissait trop les retours de la fortune pour ne pas émettre l'avis de la tenter. Le petit-fils donna raison au grand-père et trancha la question les armes à la main, en héros.


Revenant d'Elbeuf où sa grand-mère venait d'expirer , il passe par Joinville et expose à sa mère anxieuse ses intentions. Il va consacrer sa nouvelle fortune à reconquérir les états de ses pères. Son plan est tout tracé. Comme le Téméraire lève une nouvelle armée contre les Suisses pour se venger de sa défaite , René s'en ira avec les suisses combattre Le Téméraire. Avec eux, il vaincra ou il mourra. L'Héveltie est le théâtre où il veut jouer son sort et celui de sa maison. "

Vive Les Suisses !!!

" La réalisation de ce projet eut quelque chose de l'épopée. Il fallait, pour gagner la Suisse que le jeune prince traversât la Lorraine. Feignant donc la capitulation repoussée dans son coeur et simulant une retraite en Allemagne, René franchit avec une escorte française fournie par Louis XI , le territoire de son duché envahi. Le peuple qui le voit passer comme un vaincu, devine cependant ses intentions. A Saint Nicolas du Port , tout près de Nancy, au milieu d'une messe à laquelle il assiste , une femme s'approche de lui secrètement et lui remet une bourse contenant la somme-très forte pour l'époque-de 400 francs, toute sa fortune. René la remercia d'un geste silencieux. Peu après , il était au milieu des Suisses à Morat, combattant avec eux , et contribuant pour une si large part au gain de la bataille que les Suisses lui laissèrent comme butin tous les bagages du duc de Bourgogne , abandonnés sur le champ de bataille.

La victoire de Morat était gagnée le 22 juin 1476. Le 5 janvier suivant , les deux champions se retrouvaient aux prises sous les murs de Nancy, réoccupée déjà par les Lorrains. Ce fut une terrible journée que celle où se livra cette action décisive ! Imprudent à l'excès, Charles n'a préparé que l'attaque. Eloignant de sa pensée toute possibilité de défaite, il néglige même de ménager une retraite à la splendide armée que, cette fois encore il a su réunir. René II , au contraire , disposant ses troupes suisses, alsaciennes et lorraines avec une habileté consommée, arrive à le tourner et à l'acculer sur la ville dont il sait la garnison toute prête à l'aider . C'est alors que cette garnison , se jetant par derrière sur les corps bourguignons désemprarés, en détermina la déroute. Ils furent taillés en pièces et le Téméraire lui-même périt dans la mêlée. .
Ce soir là, il n'y eut plus de Bourgogne. La formidable puissance des grands ducs d'Occident avait sombré dans une lutte de moins de deux années avec un prince âgé seulement de 26 ans.

La seule erreur de Louis XI aura été de ne pas marier le dauphin avec Marie de Bourgogne. "

La bataille de Morat



La bataille de Morat vue par Diebold Schilling le Jeune

Merci Wiki !

Vue de Morat



Source :

http://vins-confederes.mabulle.com/.../195980-travail-de-memoire-v-voir-morat-et-comprendre-l-histoire -

C'est une personne qui a fait un mémoire sur le sujet

Ah, il semble que la page n'existe plus...

Je remets ce plan de la bataille de Nancy pris sur Wiki

La découverte du corps du Téméraire ( source : Wiki )

Voici les références d'un livre sur ce sujet :

La Mort de Charles le Téméraire, 5 janvier 1477 de
Pierre Frederix
Gallimard , 1966, 297 p : 13,92 euros

"Quelque temps après cette mémorable victoire , le vainqueur arrivait en Provence. Il venait rendre hommage à son grand-père et se jeter dans les bras de ses soeurs.

Marguerite prit sa grande part de la joie commune mais de nouvelles épreuves vont sans retard traverser son jeune coeur. Au bout de peu de jours , des dissensions s'élevèrent entre son frère René et Charles du Maine, l'époux de sa soeur Jeanne. Le Roi René destinait à ce dernier son comté de Provence et la Lorraine au vainqueur de Nancy.
La discorde se mit entre les deux beaux-frères , discorde d'autant plus vive que René II se sentait préféré par les Provençaux. Un geste désespéré du vieil aïeul décela combien le conflit était devenu douloureux.
Un jour à table, le roi René prit une épaule de mouton dans un plat et la jeta à deux chiens qui, se précipitant sur cette proie , la quittèrent bientôt pour s'attaquer l'un à l'autre et se déchirer à belles dents. René , appelant alors un de ses valets , ordonna qu'on lâchât un énorme dogue, qui vint mettre d'accord les deux assaillants en leur enlevant l'objet de leur querelle : " Il en sera de même pour vous, dit le vieux Roi en soupirant...Vous vous battrez pour ce qu'un plus puissant que vous emportera". Cette prédiction fut un coup de glaive pour l'âme fraternelle de Marguerite."

Madame de Chimay a écrit:

La seule erreur de Louis XI aura été de ne pas marier le dauphin avec Marie de Bourgogne. "

Mais ils étaient fiancés! Plus tard, le jeune Charles VIII préférera la duchesse de Bretagne qui devait épouser le futur empereur. Mais c'est vrai que ce mariage râté aurait pu évité de voir la France encerclée par les possessions des Habsbourg (Empire, Espagne, Pays-Bas nord et sud puis les nouvelles découvertes océaniques).

Que voulez-vous, Anne de Bretagne était appétissante, surtout son duché de Bretagne !



Et voici Marie de Bourgogne

Ah zut, je confonds!
C'est avec Marguerite, fille de Marie de Bourgogne avec qui Charles VIII était engagé.

Les deux duchesses avaient un dot alléchante. Anne de Bretagne n'est pas réputée pour être une grande beauté, elle boitait! Mais elle devait être majestueuse.

" L'année précédente , une vision de souffrances avait déjà fait saigner son coeur aimant et compatissant. Lamentable autant qu'illustre, véritable épave d'une tempête d'épreuves, sa tante et marraine, l'infortunée Marguerite d'Anjou, reine d'Angleterre , était arrivée à Aix. Fille cadette du Roi René, cette princesse avait épousé Henri VI de Lancastre à l'époque où Yolande, sa soeur aînée , la mère de notre sainte , avait épousé Ferri de Vaudémont.
La vie de Marguerite d'Anjou s'était écoulée au milieu des succès prodigieux et des épouvantables revers qui ont fait d'elle un des personnages les plus étonnants de l'histoire. N'a t-on pas dit qu'elle a été la plus malheureuse des reines, des épouses et des mères ? Elle raconta à sa jeune pupille les horribles convulsions dans lesquelles se débattait l'Angleterre pendant la guerre des deux Roses , dont elle avait été la principale et la plus douloureuse victime. Au soir du dernier combat , conduite dans la tente de son vainqueur, la malheureuse reine avait vu son fils égorgé sous ses yeux . Peu après , son époux était mort dans la Tour de Londres, probablement assassiné. Elle-même venait d'être rachetée à prix d'argent par le Roi René et le roi Louis XI qui avaient versé chacun 50 000 écus ; mais ce dernier en exigeant qu'elle lui cédât ses droits sur la Lorraine, l'Anjou, le Barrois et la Provence, sur tout ce qui pouvait en un mot lui appartenir.

La Guerre des Deux Roses, épilogue sanglant des défaites imposées à l'Angleterre par Jeanne d'Arc, fut ainsi appelée à cause des roses , rouge et blanche , qui signalait les écussons des maisons de Lancastre et de York qui s'y disputèrent le trône. Cette guerre ne connut pas de champion plus illustre que Marguerite d'Anjou, la Française , comme l'appelaient ses ennemis pour exciter la haine contre elle. Elle soutint les droits d'Henri VI de Lancastre son époux dans 12 batailles dont la dernière fut celle de Teukesburg, dont nous venons de raconter l'issue. La grandeur d'âme de cette femme a été célébrée par l'histoire et la poésie. Elle est une des héroïnes des tragédies de Shakespeare .

On ne saurait dire combien ces dures leçons de vie illuminaient l'âme de Marguerite de LOrraine sur la vanité des choses terrestres et pétrissaient son coeur de bonté et de commisération.

Quant à sa marraine, elle se retira après la mort du Roi René , en Anjou, dans un château d'emprunt et y vécut dans l'oscurité la plus complète jusqu'en 1482 , où elle mourut. Elle mourut au château de Dampierre près de Saumur."

Marguerite d'Anjou, reine d'Angleterre
1429 - 1482
"Si vous ne respectez pas une Reine proscrite, respectez une mère malheureuse" (inscription du socle)
Fille du "bon roi René" d'Anjou, mariée à Henri IV, roi d'Angleterre. Son fils fut assassiné lors de la guerre des Deux Roses et elle-même fut emprisonnée durant 4 ans à la Tour de Londres.

source :

http://www.traces-h.net/statuaire/reines/reine03.htm -

Le mariage d'Henri VI et de Marguerite d'Anjou, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII , Paris, France, XVe siècle



Source : Wiki

Source : Wiki



Armes de Marguerite d'Anjou