Marie-Caroline, la soeur préférée de Marie-Antoinette

pimprenelle a écrit:

Quant à sa nostalgie, elle est assez attestée. On dit même que, dans ses antichambres, elle exigeait l'usage de l'allemand.

Etait-elle appelée "l'Autrichienne" par ses sujets aussi?
Vous imaginez l'allemand imposé à Trianon...? :cyclops:

Bien à vous.

Oui moi aussi je déplore le peu d'écrits ou même d'anecdotes que nous avons sur cette Reine
Je n'ai pu trouver sur elle qu'une petite biographie dans un magazine du XIXème siècle :s:

Mais en effet les descriptions du Prince de Ligne semblent cohérentes avec les autres, c'est aussi pour ça que j'y crois

J'ignore si cette histoire est vraie, Majesté. D'un côté, je trouve ça un peu gros. Mais, de l'autre, c'est assez crédible tout de même. Les témoignages semblent aller dans ce sens : Caroline est restée très Autrichienne. Ne fût-ce que le climat lui pesait, elle cherchait la fraîcheur autant qu'elle le pouvait.

Et, à son arrivée, elle a dit qu'on souffrait le martyr. Il est possible qu'elle ne se soit jamais remise de cet arrachement d'avec sa patrie.

La remarque que je vais faire est un peu hors sujet, mais les filles de Marie Thérèse semblent présenter un attachement à leur patrie qu'il ne faut pas mésestimer. Trop d'auteurs modernes estiment que Marie Antoinette a été éblouie par Versailles et Paris comme une provinciale. Je pense que c'est un contresens. Les filles de Marie Thérèse étaient très fières d'être Autrichiennes et leur naissance à Vienne les avaient ouvertes sur un cosmopolitisme épanouissant.

Tout à fait, et de plus la cour de Vienne n'était pas vraiment semblable aux autres cours à lire des témoignages, ce qui amplifiait le changement pour ces Archiduchesses quand elles allaient se marier.
Mais en même temps d'autres Princesses ont eu le même "problème", je pense notamment à Marie-Thérèse la femme de Louis XIV qui est restée très nostalgique de son pays d'origine, et qui a laissé des écrits sur ce qu'elle pensait du rôle de Dauphine assez révélateurs

Marie-Caroline est l'une d'elles...d'autant plus qu'elle semble être partie assez brusquement d'Autriche pour aller à Naples :s:

Oui, toutes ces princesses ont vécu ce malheur de la transplantation, nous sommes bien d'accord. Mais je pense que le chagrin des filles de Marie Thérèse était exacerbé, ainsi que leur fierté d'appartenir aux Habsbourg.

La fierté d'être fille de Marie-Thérèse aussi se ressent chez elle! Par exemple Marie-Antoinette en parle dans une de ses lettres, je crois, et aussi Marie-Caroline dans sa discussion avec le Prince de Ligne
Etre fille d'une aussi grande et imposante Impératrice devait marquer il est vrai...

Les discriptions de Marie-Caroline sont tellement rares que je ne résiste pas à mettre ici celle, même petite, que fait le Prince de Ligne dans ses mémoires :

"La reine de Naples est pleine d'âme, d'élévation, de générosité, de suite à tout ce qu'elle fait. C'est le seul enfant de Marie-Thérèse qui lui ressemble. Mais malheureusement elle est plus vive, réfléchit moins et ne donne pas le temps, souvent à force de bonté, de s'expliquer, ni de lui dire les choses agréables ou reconnaissantes qu'elle inspire."

Je pense que là encore le Prince de Ligne voit plutôt juste, du moins d'après ce que j'ai pu lire ailleurs sur Marie-Caroline
Cette phrase m'interpelle : "C'est le seul enfant de Marie-Thérèse qui lui ressemble"....fait-il référence à l'influence qu'avait Marie-Caroline en politique ainsi qu'à son goût pour les affaires? Auquel cas effectivement, c'est un très grand point commun avec sa mère. Marie-Caroline était influente sur son mari, et elle semblait très sûre d'elle en politique.

Puis le prince de Ligne termine sur cette petite...heu...grosse claque à son mari :

"La reine de Naples est imprudente et confond et compromet par sa trop grande mobilité dans l'esprit; amis quel roi, bon Dieu, que son mari, par la nullité et son courage qu'un marcassin mit en déroute."

Aïe...ça fait mal

Citation :

C'est le seul enfant de Marie-Thérèse qui lui ressemble

J'ignore à quel point de vue Ligne se place... Mais il me semble avoir déjà lu des allusions qui allaient dans ce sens chez des biographes modernes : Marie Thérèse n'aurait pas été mécontente de se séparer de cette fille qui, trop semblable à elle, s'opposait... un rien frontalement, on va dire !

Ces traits de caractère, volonté, autoritarisme, pour ne citer qu'eux, peuvent en effet déboucher sur l'exercice de la politique, par soif de pouvoir.

Citation :

Marie Thérèse n'aurait pas été mécontente de se séparer de cette fille qui, trop semblable à elle, s'opposait... un rien frontalement, on va dire !

Ah oui? Je ne savais pas!
Disons que la version la plus connue est que Marie-Thérèse s'est empressée de marier Marie-Caroline qui commençait à être trop proche de sa petite soeur Antonia, notamment pour faire des bêtises

Oui, aussi ! Mais l'un n'exclut pas l'autre, loin de là ! Si je retombe sur cette info, je la noterai ici.

Deux soeur trop complices au goût de Marie Thérèse ...



Votre amie dévouée,
Madame de Polignac

pimprenelle a écrit:

Merci pour ce beau cadeau ! On peut en croire le musée de Capodimonte, à mon avis. Ils connaissent leur affaire.  :pirat:

C'est elle, c'est sûr ! Et le buste est superbe !

Chou, Marie Caroline est passée par des moments bien pénibles, elle a mis au monde 18 enfants dont moins de la moitié a survécu. Sa beauté s'est envolée... Il est donc normal qu'elle apparaisse bien plus attirante lorsque représentée jeune.

La voici âgée :



C'est une statue de cire. Elle m'a fascinée lorsque je l'ai vue, je n'arrivais plus à décoller. Et ce n'était pas le matériau employé. C'était la force qui se dégageait du personnage et l'angoisse de son regard. La folie émanait d'elle, une folie dure, une qui fait mal.

Tu sais, à reparler ainsi de Naples, je suis si frustrée de ne pas avoir pris de photo de ci ou ça que je n'ai qu'une envie... y retourner !  

Moi aussi, Pim, je suis restée scotchée par le buste en cire !   Il est tellement vivant !   On croirait qu'il va s'animer !     Marie-Caroline ressemble tellement à sa soeur que j'en étais pétrifiée !    Une fois de plus, je passais pour une folle (auprès de soeur, beau-frère, amis ...) .

Majesté a écrit:

Marie-Antoinette a dû lui parler longuement de Son amie Yolande de Polignac pour que les deux femmes aient une correspondance ensemble...
Ces confidences entre soeurs seraient passionnantes à consulter...
Il faudrait peut-être se rendre à Naples, mais là-bas, comment y avoir accès?
Ou suggérer à Madame lever d'éditer un second tome de la correspondance de Marie-Antoinette

A qui le dites-vous, Majesté !!!!!!! On rêverait de lire de telles lettres.
Savez-vous que Augeard, le secrétaire des Commandemants de la Reine (qui a laissé des mémoires passionnants), à qui Marie-Caroline demandait en 1790 : "Mais d'où vient ce déchaînement effroyable de votre pays contre ma malheureuse soeur? " répondit que " Marie-Antoinette, par malheur, consentit à laisser la dignité de son rang suprême dans son palais pour aller dans l'appartement de Mme de Polignac y jouer le second rôle."

Voilà bien en quoi l'amitié de Mme de Polignac fut fatale à la Reine !

Chou d'amour a écrit:

Mais ne pas forcément aimer la politique n'est pas une tare Pim...ni une regression ou un manque...à savoir que même si elle n'aimait pas la politique, elle ne serait pas "qu'une jolie femme en gaulle". Pourquoi ramener ça au physique ou au machisme?
Mais en l'occurence, dans toute la correspondance de Marie-Antoinette, il faut reconnaître que ce qui revient le plus est une femme, une mère, qui parle de ses amis, de ses enfants, d'elle, de la situation de son pays, donc de politique certes, mais juste pour tenir informer le destinataire.
On y voit rarement de grandes réflexions ou de grandes ambitions politiques...elle laissait ça à Louis XVI et je ne suis pas sûr que ça lui déplaisait vraiment...

D'accord avec vous, Chou d'amour !

Tout de même, Marie-Caroline 18 enfants en 20 ans ... pfouuuuuu !!! Notre Marie-Antoinette était une petite joueuse ! ( Je vais me faire tuer. )

Citation :

Tout de même, Marie-Caroline 18 enfants en 20 ans ... pfouuuuuu !!! Notre Marie-Antoinette était une petite joueuse ! ( Je vais me faire tuer. )

Ben non c'est vrai qu'elle était une novice à côté  
Mais c'est justement ça que j'aime! Elle au moins a dit "stop" à ses principes de procréation, elle au moins a voulu profiter de sa vie de femme et ne pas se sacrifier aux descendances  

Pour ceux que ça intéresse, le débat sur l'intérêt ou non que portait Marie-Antoinette pour la politique a été traité ici  

C'est vrai ! ce refus de l'asservissement de son corps, tous les ans, par la maternité, est une attitude très moderne de Marie-Antoinette.

Oui, elle a su s'affirmer devant son mari le Roi, en lui fermant la porte de sa chambre le soir par exemple
Marie-caroline avait beau avoir elle aussi beaucoup de caractère, il faut croire qu'elle n'a pas osé le faire avec Ferdinand IV...mais bon elle a aussi pu vouloir elle-même avoir autant d'enfants

Ne caricature pas mon propos, je te prie. La réputation faite à Marie Antoinette est celle d'une femme légère, intéressée par les seuls plaisirs, jusqu'à ce que la maternité, d'abord, le malheur, ensuite, la métamorphosent en sainte.

Pour moi, ces deux visions opposées sont un rien simplistes. Si Marie Antoinette a mis tant d'énergie à organiser ses plaisirs, c'est parce que c'est le seul domaine où son mari l'a cantonnée. Il a donc bien fallu qu'elle y déverse son immense énergie.

Aucune des lettres écrites par Marie Antoinette n'aveut le moindre dégoût de la politique. Au contraire, la petite dauphine déjà se permet par rapport aux décisions de son grand père un jugement personnel. Lorsque Louis XVI monte sur le trône, la reine vibre d'enthousiasme devant la tâche à accomplir.

Puis, ces envolées se voient progressivement remplacées par la résignation. Elle ne se mèlera de rien, répète-t-elle alors, ayant pris conscience assurément que son mari ne veut pas d'un partenariat mais entend l'écarter des affaires.

Lorsque, déprimé, il s'appuiera de tout son poids sur elle, Marie Antoinette ne rechignera pas. Au contraire, elle se jettera dans le travail avec feu. Pour moi, si Louis avait daigné l'initier aux affaires, rien ne dit qu'elle n'aurait pas manifesté le même intérêt que sa mère et que sa soeur Caroline.

C'est à ce sentiment que m'ont amenée l'étude de la correspondance de la reine et la lecture de l'analyse d'Annie Duprat, que je recommande chaudement.

Chou d'amour a écrit:

Oui, elle a su s'affirmer devant son mari le Roi, en lui fermant la porte de sa chambre le soir par exemple
Marie-caroline avait beau avoir elle aussi beaucoup de caractère, il faut croire qu'elle n'a pas osé le faire avec Ferdinand IV...mais bon elle a aussi pu vouloir elle-même avoir autant d'enfants

Il y avait peut-être aussi une différence de tempérament. Marie Caroline aimait visiblement le sexe. Marie Antoinette, vraisemblablement, non.

Chou d'amour a écrit:

Oui, elle a su s'affirmer devant son mari le Roi, en lui fermant la porte de sa chambre le soir par exemple
Marie-caroline avait beau avoir elle aussi beaucoup de caractère, il faut croire qu'elle n'a pas osé le faire avec Ferdinand IV...mais bon elle a aussi pu vouloir elle-même avoir autant d'enfants

Je m'insurge, Chou: Il n'y a pas une femme sur terre, pas une seule, qui souhaiterait avoir 18 enfants !!!!!!

Actuellement, c'est certain. Mais, au temps de Marie Antoinette, le cas n'était pas si rare, a fortiori dans les familles royales. Antoinette avait d'ailleurs l'exemple écrasant de sa maman, forte de 16 maternités !  

La fécondité des filles Habsbourg faisait partie du label de qualité.  

Là, nous sommes d'accord :  le cas était fréquent, et pas seulement dans les familles royales, mais ce ne n'était pas pour autant le souhait de la femme.
La nature comptait bien sur ce nombre impressionnant de naissances pour pallier la très forte mortalité infantile.

Il me semble que la fécondité était une valeur importante pour Marie Thérèse, elle revient sans cesse sur le sujet auprès de sa petite reine de France récalcitrante. Donc, le désir de procréer en masse était certes imposé par leur éducation, mais il était présent chez toutes les archiduchesses, je crois.

Marie Antoinette, qui n'a pas respecté cette importante consigne, fait vraiment figure de rebelle. Ca a dû être vraiment dur pour elle de s'opposer si frontalement à cet important précepte Habsbourg.

Certainement ! D'autant plus que voilà la petite Sophie qui meurt âgée quelques mois à peine; le premier Dauphin qui agonise pendant des semaines et que la fatalité fait disparaître en Juin 89 , période déjà politiquement funeste. Ce deuil fragilise considérablement le Roi et la Reine alors qu'ils ont à faire face à la Révolution en marche.
Avez-vous remarqué que Juin devient quasi porte-malheur dans les années à venir? Je pense à Varennes bien-sûr , mais aussi au 20 juin.
Même le massacre de Fersen tombe en Juin.