Comme chaque année, voici la liste des lieux où se déroulent une commémoration du 21 janvier 1793.
La page de l'association LOUIS XVI est assez exhaustive mais il en existe encore d'autres manifestations répertoriées ci après!
http://www.associationlouisxvi.org/menu.php?page=messes3
Cathedrale Saint Michel, Carcassonne (11)Jeudi 21 janvier 2010 à 8 heuresEglise Saint Pierre de Rognonas (13)Jeudi 21 janvier 2010 à 19 heuresorganisée par la Fédération des Cercles Amitié et Action française-Provence en présence de S.A.R. le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme pour tout renseignement : 06 21 63 27 65 Eglise Sainte Perpetue, Nimes (30) Boulevard de Prague
Samedi 23 janvier 2010 à 11 heuresEglise Saint Jérome, Toulouse (31)
Jeudi 21 janvier 2010 à 18 heures 15Eglise Notre Dame du Férétra, Toulouse (31)
Jeudi 21 janvier 2010 à 18 heures 15 Monastère bénédictin Sainte-Marie de La Garde (Saint-Pierre-de-Clairac - 47)21 janvier 2010 à 9h 30 Renseignements : 05 53 48 63 27 ou 06 11 95 87 12
Nancy, église Saint-Pierre (rit extraordinaire) (54)24 janvier 2010 à 9 h 30 Renseignements : 03 83 47 10 42 ou 06 81 60 04 02Compiègne, église Saint-Jacques (60)24 janvier 2010 à 9 h 30 Renseignements : 06 20 46 00 40
Lyon, église Saint-Pothin (69006)23 janvier 2010 à 10 h 30 en présence de S.A.R. le prince Rémy de Bourbon ParmeEglise Saint Germain l'Auxerrois (75001)
Jeudi 21 janvier 2010 à 12 h 15 Eglise Saint Nicolas du Chardonnet (75005)Jeudi 21 janvier 2010 à 18 heures 30Chapelle Expiatoire (75008)Dimanche 24 janvier 2010 à 10 heures 30Eglise Saint Eugène (75009)Jeudi 21 janvier 2010à 19 heuresBasilique de Saint Denis (93) Jeudi 21 janvier 2010 à 12 heures Messe organisée par le Mémorial de France dans le rit extraordinaire célébrée par le père Argouach |
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BELGIQUE
RIXENSART, Eglise de la Sainte Croix, château de Rixensart
Jeudi 21 janvier 2010 à 11 heures
Célébrée par le père Grégor Prichodko
ITALIE
RIMINI, Eglise des Paolitti
Jeudi 21 janvier 2010 à 9 heures Messe de requiem pour le repos de l’âme de Louis XVI jeudi 21 janvier à 18h30, en l’église Saint-André. La messe sera suivie d’un verre de l’amitié et d’un petit buffet.
Participation libre.
Eglise Saint-André 22, avenue de Verdun 94410
Saint Maurice
Métro Ligne 8 métro Charenton-Ecoles
Bus Ligne 111, Verdun ou Edmond Nocard Lignes 24 et 325 Edmond Nocard
Messe à la mémoire de Louis XVI en l'église Saint Cybard,
à Roullet-Saint-Estèphe, Charente,
jeudi 21 janvier 2010, à 18h 30. NANTES Dimanche 24 janvier 11h15, messe pour Louis XVI en l'église Saint Clément12h40 : dépôt de gerbe au pied de la statue Louis XVI13h Déjeuner à La Taverne du Château 1, place de la Duchesse Anne 44000 Nantes 20 € par personne15h : Pierre Gréau, vice président du Souvenir Vendéen parlera des charniers du Mans Bordeaux, celle-ci aura lieu en l’Eglise Saint-Bruno à 18h30.
Louailles (72300) le lundi 18 janvier 2010.
La cérémonie, célébrée à 11 h, a été suivie d’un débat autour du thème des tabous à l’école. Toulon le 21 janvier à 18h30 à la paroisse Saint-François de Paule.
Tournai (Belgique) le 21 janvier à 9 heures 30 messe pour Louis XVI dans la cathédrale.
Ammerschwihr (haut Rhin) Le samedi 23 janvier 2010 Messe de requiem en la mémoire du roi Louis XVI à 16h
AVIGNON Messe requiem pour la Mort de Louis XVI le 21 janvier à 18 heures,
chapelle de la sainte croix (les Pénitents Gris), 8 Rue des
Teinturiers, 84000 Avignon et à 19 heures, collégiale Saint-Pierre.
Bayonne le dimanche 24 janvier à 10 h 30, chapelle Saint-François des Capucins, avenue de la Légion tchèque (Fraternité Saint-Thomas Becket).
Beaune, messe le jeudi 21 janvier à 18 h 30, chapelle des Dominicaines, rue des Dominicaines.
Biarritz, messe le dimanche 24 janvier à 11 heures, lieu de culte habituel FFSPX
(renseignements au 05 59 65 70 05).
Bordeaux, messe le jeudi 21 janvier à 18 h 30, église Saint-Éloi, 1 rue Saint-Éloi.
Caen, messe le jeudi 21 janvier à 18 h 30, chapelle Saint-Pie X, 16 rue du Vaugueux.
Chalon-sur-Saône, messe le dimanche 17 janvier, chapelle Notre-Dame de la Citadelle, messe dominicale (rite extraordinaire avec intentions).
Dijon, messe le samedi 23 janvier à 11 heures, basilique Saint-Bernard de Fontaines (Fraternité Saint-Pierre).
Flaux (Gard), messe le dimanche 24 janvier à 10 h 30, paroisse de la Sainte-Croix, chemin de Seyronnel.
Fontainebleau, messe le jeudi 21 janvier à 18 h 30, église du Carmel, 6 bis boulevard du Maréchal Leclerc.
Lille, messe le jeudi 21 janvier à 18 h 30, chapelle Notre-Dame du Rosaire, avenue Émile Zola.
Limoges, messe le Jeudi 21 janvier à 11 h 15, église Saint-Michel-des- Lions, place Saint-Michel (à l'issue de la cérémonie, repas amical chez Alphonse derrière les Halles centrales).
Montpellier, messe pour le Roi Louis XVI
Messe de Requiem et absoute le 21 janvier à 19h15 en l'église Saint Matthieu, rue Germain (Paroisse Cathédrale), selon la forme extraordinaire (Missel du Bhx Jean XXIII).
Parking : Préfecture ou Foch
-
Aumônerie : Inst. Christ-Roi Souverain Prêtre
Nice, messe le dimanche 24 janvier à 10 heures, chapelle de la Confrérie de la Très Sainte Trinité, 1 rue du Saint Suaire ; dimanche 24 janvier à 10 heures, chapelle de la Visitation, Fraternité Saint-Pie X, place Sainte-Claire.
le dimanche 24 janvier, en présence de SAR le prince Sixte-Henri de Bourbon Parme.
À 10 heures : grand-messe traditionnelle célébrée en la chapelle de l'archiconfrérie de la Très Sainte Trinité (Vieux Nice).
Déjeuner amical à 12 heures dans les salons du Grand Hôtel Aston, 12 avenue Félix Faure. À 15 heures, Gérard Bedel prononcera une conférence sur "le règne de Louis XVI ou la tragédie de la vertu".
La journée se terminera avec la conclusion du prince Sixte-Henri de Bourbon Parme.
Nîmes, messe le samedi 23 janvier à 11 heures, église Sainte-Perpétue
Pau, messe le jeudi 21 janvier à 18h30, en l’église Sainte Bernadette.
Perpignan, messe le jeudi 21 janvier à 18 h 30, chapelle du Christ-Roi, 113 avenue Joffre ; jeudi 21 janvier à 18 h 30, église Saint-Jacques, chapelle de la Sanch, rue de l'église Saint-Jacques.
Thiberville, messe le samedi 23 janvier à 17h30, église paroissiale Saint-Taurin. Cette messe sera célébrée par l'abbé Michel, curé de Thiberville.
Villeurbanne, messe le dimanche 17 janvier à 11 heures. Paroisse du Cœur de Marie, 34 rue Richelieu.
Marseille messe le jeudi 21 janvier, à 18 h 30, église des Réformés (haut de la Canebière).
Pour suivre un très bon article de
janvier 1993 :
FALLAIT-IL TUER LOUIS XVI?Par Legris Michel, publié le 14/01/1993 L'EXPRESSLe 21 janvier à 10 h 12, il y aura exactement deux siècles, la tête de Louis Capet tombait... Mais le procès n'est toujours pas terminé. Et les pouvoirs publics hésitent encore à autoriser les commémorations. C'est que l'affaire Louis XVI a laissé d'étranges traces dans l'inconscient national.
La Révolution française a certainement apporté la liberté. Mais pas encore celle qu'a recommandée Freud. Deux siècles n'ont pas liquidé les tabous. Tabou, la Terreur! Un gigantesque et hollywoodien spectacle de music-hall sur les Champs-Elysées, le 14 juillet 1989, en l'honneur de la prise de la Bastille: la mémoire de la France (où, Beaumarchais l'a dit, tout finit par des chansons) doit s'en tenir là. Tabou aussi, l'exécution de Louis XVI, le 21 janvier 1793, sur la place qui deviendra la place de la Concorde. Le comité qui s'est constitué pour célébrer le bicentenaire de l'événement souhaitait inviter à y déposer des milliers de bougies, dans la nuit du 20 au 21. Pas question! Le préfet de police de Paris, Pierre Verbrugghe, et son maire, Jacques Chirac, sont tombés d'accord là-dessus. La manifestation risquerait de causer des troubles et de gêner la circulation. Sans compter que le comité a loué des panneaux publicitaires dans le métro Concorde pour y afficher le testament que le roi déchu rédigea à la Noël 1792. Compromis final: la ville arrangera un bout de pelouse au pied de la statue de Brest, où les passants pourront jeter des fleurs...
De même, l'archevêché a refusé d'ouvrir les portes de Notre-Dame pour une messe de requiem. Quitte à se voir objecter qu'elle en a vu d'autres, la vieille cathédrale, depuis le sacre du liberticide Napoléon par le pape Pie VII jusqu'aux imposantes funérailles de Philippe Henriot, ministre de Vichy et ardent collaborateur, abattu par la Résistance en juin 1944. Mais, en 1993, Notre-Dame paraît vouloir se refaire une virginité.
Bref, aujourd'hui encore, l'affaire Louis XVI dérange. Libre, bien sûr, aux porteurs de chandelles d'aller les aligner à Versailles, si tel est leur plaisir. Ou d'assister à des offices, à la chapelle expiatoire, à la Madeleine, à Saint-Germain-l'Auxerrois, à Saint-Denis ou dans des cathédrales de province. Ou encore d'organiser des colloques en Sorbonne, au Sénat, au Palais de justice (auxquels participent des hommes aussi différents que Jean-Denis Bredin et Me Jean-Marc Varaut). L'attitude officielle a de quoi laisser perplexe Frederick Graham, le président des Cincinnati - ces descendants des Insurgents - qui vient d'outre-Atlantique pour témoigner la reconnaissance des Etats-Unis au souverain grâce à qui ils sont parvenus à l'indépendance. «La Fayette, nous voici!» très bien. Mais «Louis XVI, nous voilà!» non.
«Certains membres du comité, il est vrai, n'ont rien fait pour arrondir les angles», reconnaît l'un des organisateurs. Car ceux-là auraient souhaité transformer un rappel historique - compréhensible, après tout - en démonstration mi-politique, mi-mondaine et tout à fait médiatique, grâce à un cortège de vedettes. Bravant la «gueuse» et le ridicule, ils ont quelquefois rêvé d'églises revêtues de tentures noires, avec en broderie des larmes d'argent, comme dans le bon vieux temps - le tout assorti de messes selon le rite de Pie V. L'écrivain Geneviève Dormann, irritée des réticences du cardinal Jean-Marie Lustiger, est allée dans une interview jusqu'à dire qu'il était un «gland». Ce qui lui a valu d'être exclue du comité. En effet, trop c'est trop. Et les excès de langage, de zèle et... de vanité masquent que ce comité est loin de ne regrouper que des nostalgiques de l'Ancien Régime ou des porte-étendards de l'extrême droite. Il a d'ailleurs eu soin de tenir à respectable distance les prétendants français à la couronne, descendants du régicide Philippe d'Orléans - et tout ce qui peut rappeler, de près ou de loin, le Front national. Il compte une demi-douzaine d'académiciens, comme Jean-François Deniau, dont on aurait du mal à faire un thuriféraire de Jean-Marie Le Pen. Le général Alain de Boissieu, ancien grand chancelier de la Légion d'honneur et gendre du fondateur de la Ve République, y côtoie le pieux Henri Tisot, fameux imitateur de De Gaulle. Des protestants en font partie: Philippe Vassaux, pasteur de l'oratoire du Louvre; le recteur Jacques Bompaire, président honoraire de la Société de l'histoire du protestantisme français.
Et aussi des juifs, même si des débordements, tels ceux de Geneviève Dormann, ou la présence de Jacques Dufilho, qui se plaît à afficher son culte du maréchal Pétain, ont conduit le grand rabbin de Paris, Alain Goldmann, à se tenir à l'écart. Ce n'est pas uniquement au titre d'immortel que Maurice Rheims a adhéré. «Je suis juif, originaire d'Alsace, où ma famille a vécu depuis des générations. Peut-être même depuis le Moyen Age. Et je ne peux pas oublier que Louis XVI est le premier des souverains français à avoir reconnu aux juifs un statut et la nationalité française. Ce qui me guide est un sentiment de justice et de reconnaissance.» Propos auxquels font écho ceux de la baronne Elie de Rothschild: «Il faut réhabiliter Louis XVI.» Berthe Paulette Abravanel, dont le mari, Edgard, décédé en 1981, fut secrétaire général du Fonds social juif unifié, est du même avis. Enfin, Françoise Job, historienne, rappelle que la synagogue de Lunéville, où son mari est président de la communauté israélite, a été la première à être bâtie grâce à la permission de Louis XVI, en 1786. «Sa façade était ornée de fleurs de lis et de la couronne royale, qui ont été martelées sous la Terreur.» Et de signaler aussi qu'à Nancy la synagogue, achevée en 1790, possédait une chaire de lecture ornée des mêmes emblèmes. Françoise Job, donc, trouve légitime la commémoration. Tout en précisant: «Je suis bonne républicaine.»
UN ÉDIT EN FAVEUR DES JUIFSAinsi, on commence à entrevoir pourquoi l' «affaire Louis XVI» dérange. Elle exclut les idées toutes faites. C'est à l'invitation de Chrétien Guillaume de Malesherbes (son futur défenseur devant la Convention) que le roi «très chrétien» prend des mesures en faveur des réformés, puis des juifs, notamment ceux d'Alsace et de Lorraine. Il s'agit d'accorder à ces derniers «ce que le droit naturel ne permet pas de leur refuser, de faire constater leurs naissances, leurs mariages et leurs morts afin de jouir, comme tous les autres sujets, des effets civils qui en résultent». Ces effets civils? Le pouvoir de tester, d'avoir la propriété de leur habitation, etc.
L'aboutissement sera l'édit de tolérance de 1787. Il prouve que Louis XVI savait prendre des risques. Strasbourg, où les juifs, à l'entrée de la ville, devaient verser une taxe qui les assimilait aux animaux, s'indigne. Une partie du haut clergé aussi, sans tenir compte que le souverain a eu la précaution d'affirmer que le catholicisme était la seule religion du royaume. Un membre du parlement de Paris, Jean-Jacques Duval d'Espremenil, s'écriera: «Jésus-Christ est crucifié une seconde fois!» Pis: le roi fait des mécontents chez les séfarades du Sud-Ouest. Ceux-ci redoutent que certains de leurs privilèges, très anciens, ne soient compromis si on se met à les étendre aux ashkénazes de l'Est.
Au bout du compte, lorsque l'abbé Grégoire propose à la Constituante de faire des juifs de France des «citoyens français», il s'inscrit dans le droit fil de ce qu'entreprit librement le roi avant 1789. En mieux? Oui et non. Les décrets du souverain reviennent, en gros, à leur accorder la «naturalité» (on dirait: naturalisation). Mais progressivement, pragmatiquement. Le curé, lui, entend dogmatiquement «régénérer» des êtres perdus dans des «rêveries talmudiques», constituant un «cloaque où sont accumulés les délires de l'esprit humain». On conçoit que le centre Rachi (centre culturel parisien du judaïsme) ait rechigné lorsque Robert Badinter voulut, en 1989, qu'il attribuât à son grand amphithéâtre le nom de Grégoire. L'abbé républicain était inspiré, il est vrai, par de grands principes. Tandis que Louis XVI se bornait à parler des «droits de l'humanité»...
Les droits de l'humanité? Un paradoxe de plus. Lorsque, en 1785, Louis XVI (féru de géographie) ordonne l'expédition de La Pérouse, il recommande: «Le sieur La Pérouse, dans toutes les occasions, en usera avec beaucoup de douceur et d'humanité envers les différents peuples qu'il visitera dans le cours de son voyage.» Contradictions de nos contemporains. Parmi leurs sujets de remords, deux des plus constants sont l'antisémitisme et le colonialisme, avec leur sinistre cortège d'ombres. Mais ils négligent de considérer que «Capet», en ces deux domaines, pouvait aller à contre-courant des préjugés de son temps - et de celui qui suivra...
Alors, fallait-il tuer Louis XVI? La question amène à s'interroger sur l'homme et sur les conditions de son procès.
De l'homme les Français se font rarement une idée exacte. Livrez-vous à un test: «Quelle était sa taille?» La description la plus fréquente est celle d'un petit rondouillard. Il était corpulent, soit, mais il mesurait probablement entre 1,85 et 1,90 mètre. Paul et Pierrette Girault de Coursac, qui lui ont consacré de nombreux ouvrages, ont relevé les dimensions du manteau confectionné pour le sacre: 1,62 mètre de l'encolure aux pieds - ce qui tend, selon eux, à accréditer l'hypothèse la plus haute. Un livre récent d'Annie Duprat, «Le Roi décapité» (Cerf), montre du reste le rôle que la caricature, à l'époque révolutionnaire, a joué pour rabaisser, dans l'imaginaire populaire, la représentation du roi.
Mais les stéréotypes ont la vie dure. Ils retiennent surtout le mari complaisant, l'amateur de chasse et le bricoleur en serrurerie. Or Louis XVI était ce qu'on appellerait aujourd'hui un «homme de culture». Il parle couramment l'anglais, l'allemand (sa mère était Marie-Josèphe de Saxe), pratique l'italien et l'espagnol. Ce lettré rédige de sa main le préambule de l'edit de tolérance de 1787. Mais surtout, par l'intérêt qu'il porte aux techniques, il fait figure, en son temps, de souverain moderne. Il contribue au financement du ballon des frères Montgolfier. C'est sous son règne qu'a lieu, en 1785, la première traversée de la Manche par voie aérienne, à bord d'un aérostat piloté par Jean-Pierre Blanchard, et que Claude François Jouffroy d'Abbans fait naviguer sur la Saône, en 1776, le premier bateau à vapeur. Il se montre attentif devant les recherches du chimiste Antoine de Lavoisier. Et plus encore devant les mécaniques créées par Jacques de Vaucanson, qui n'invente pas seulement des «gadgets», comme le «Joueur de flûte traversière», mais aussi les premiers métiers à tisser entièrement automatiques et une perceuse dont les dispositifs, dit le Robert, «constituent les organes essentiels des machines-outils actuelles». Il ouvre au public un bâtiment où celui-ci assistera à des démonstrations du fonctionnement des machines nouvelles - jetant ainsi les bases des Arts et Métiers. Il n'hésite pas à se faire «inoculer» pour prouver que cette méthode (qui consiste à introduire dans l'organisme une goutte de pus d'un individu en voie de guérir de la petite vérole) peut préserver de la maladie (le vaccin de Jenner n'apparaîtra qu'en 1796). On lui prête même d'avoir critiqué, pour l'améliorer, la forme du couperet de la machine que le député aux états généraux Joseph Ignace Guillotin a importée pour adoucir la fin des condamnés à mort. En tout cas, il a déjà, avant 1789, aboli la torture. Et, dans un domaine plus innocent, il s'est préoccupé du lancement de la pomme de terre, introduite par Antoine Parmentier en France un an avant son accession au trône.
Etait-il fait pour régner? En principe, il n'y était pas destiné, puisqu'il avait un frère aîné, auprès duquel, aux yeux de ses parents, il faisait médiocre figure. «Il était le mal-aimé», «un souffre-douleur», estime Evelyne Lever dans son «Louis XVI» (Fayard). Mais l'aîné meurt à l'âge de 10 ans. Stoïquement. Dévotement. En offrant ses souffrances à Dieu. Un modèle pour celui qui devient ainsi le petit Dauphin. Le sentiment religieux, en effet, offre l'une des clefs du caractère de Louis XVI. Il est, contrairement à son grand père Louis XV, peu porté sur le sexe. Il a horreur de faire couler le sang. L'onction du sacre de Reims - le «huitième sacrement» - lui confirme qu'autant qu'un «droit divin» il a un «devoir divin». D'où ses scrupules en face de la Constitution civile du clergé, que la Constituante veut imposer. C'est à son sujet qu'il exercera un veto peu politique, prélude de sa chute. En 1993, ce veto, pour Mgr Jean Honoré, archevêque de Tours et seul rédacteur français du nouveau catéchisme, vaut bien une messe. Il la dira en sa cathédrale...
DERNIER OUTRAGE
Le «très chrétien» le restera jusqu'au bout. Son comportement à la tour du Temple surprendra ses gardiens. Ils le voient soigner son valet de chambre, Cléry, alité à cause d'une maladie. Même ses adversaires les plus déclarés n'ont pu s'empêcher d'éprouver une sorte d'admiration devant sa fermeté au seuil de la mort. Comme il a obtenu de la Convention l'assistance d'un prêtre «non jureur», l'abbé Henri Edgeworth de Firmont, il se préoccupe du sort qui lui sera réservé, au moment de descendre du carrosse qui l'a amené au pied de l'échafaud. Un mouvement d'orgueil lui fait-il refuser que le bourreau lui lie les mains? Il suffit que le confesseur l'invite à voir dans ce «dernier outrage» une imitation de la Passion de Christ pour qu'il cède. Ultime réminiscence de l'Evangile: avant d'être basculé sur la planche, il dit qu'il pardonne et demande que son sang ne retombe pas sur la France.
Mais ces tableaux édifiants vont être à l'origine d'une double déformation. D'un côté, les royalistes répandront l'image saint-sulpicienne du «roi martyr». Du côté opposé se figera la vision d'un monarque à la rigueur pas méchant homme, mais incapable, irréaliste, irrésolu, imbu d'une foi mystique en sa mission, subordonné aux volontés de son épouse, Marie-Antoinette. Et qui de surcroît rate ses entreprises, qu'il s'agisse de la fuite à Varennes ou d'une trahison de son pays avec l'étranger.
En résumé, on n'a pas fini de faire et refaire le procès de Louis XVI. Au xixe siècle, Jules Michelet écrit: «Le procès était impossible en 93, on n'avait nulle pièce décisive contre le roi...» Mais il poursuit: «Louis XVI était coupable. Il suffit pour s'en convaincre de mettre en face, d'une part, ses allégations, d'autre part, les allégations contraires, les accablants aveux qu'ont faits, surtout depuis 1815, les royalistes français et étrangers, les plus dévoués serviteurs du roi.» Jean Jaurès est lui aussi convaincu de la justesse de la sentence prononcée contre Capet. Mais, dans son «Histoire socialiste de la Révolution française», il ne résiste pas à la tentation d'écrire le plaidoyer qu'aurait dû prononcer Louis XVI, tout en acceptant son châtiment: «C'est à moi seul, c'est à ce que vous appelez mes trahisons que vous imputez la responsabilité des agitations dont souffre la France. Et c'est sur la tête d'un seul homme que vous faites tomber tout le poids d'événements immenses. Prenez garde, vous qui vous croyez républicains! Penser ainsi, c'est encore être monarchiste, car, s'il est vrai qu'un seul homme détermine en bien ou en mal la marche de l'Histoire, le droit de la monarchie est fondé. La nation accusatrice d'un côté et un individu accusé de l'autre: c'est la monarchie retournée, mais c'est encore la monarchie.»
En 1993, l'avocat Paul Lombard éprouve à son tour le besoin de reprendre le «Procès du roi», titre du livre qu'il publie aux éditions Bernard Grasset le 19 janvier. Pour commencer, il rappelle le nombre considérable de citoyens qui, non sans vaillance, se proposent comme défenseurs du souverain mis en accusation. Dans le lot, le nom le plus célèbre est celui d'Olympe de Gouges, républicaine et ancêtre des féministes. Les trois conseils retenus par Louis XVI, François Denis Tronchet, Malesherbes et leur cadet, Romain Desèze (il ne sera anobli que sous la Restauration), auraient-ils pu mieux soutenir la cause? En tout cas, Me Lombard explique pourquoi le roi ne fait que de brèves déclarations et n'est convoqué que deux fois devant l'Assemblée. «La procédure adoptée par la Convention est hybride. Elle emprunte à celle de l'Ancien Régime, qui était essentiellement écrite, et à la procédure nouvelle, qui accorde un droit à la parole.» Le principal détail à retenir, c'est que le roi demande à Desèze de supprimer tous les passages où il fait appel à la sensibilité des juges: «Je ne veux pas les attendrir.» Le propos indique que lui aussi demande justice. «On assiste à l'affrontement de deux logiques», estime Lombard. Selon l'une, Louis Capet doit rendre des comptes à la nation. Selon l'autre, celle du sacre, la légalité réside en la personne du roi - que la Constitution avait d'ailleurs reconnue inviolable.
Enfin, l'avocat lève un étrange lièvre. Le vote a-t-il été truqué, manipulé? Il pense que «le seuil fatidique des 361 voix ne fut pas atteint et que la mort fut mise en ballottage». Il va ainsi encore plus loin que ceux qui s'entêtent (contre les décomptes des historiens) à soutenir qu'elle ne fut acquise qu'à une voix. Ce qui l'intrigue éminemment, c'est le vote du député Champigny-Clément, d'Indre-et-Loire. La presse de l'époque (elle était présente) note qu'il dit à la tribune: «Je vote pour la réclusion et ensuite pour la déportation un an après la paix.» Les archives parlementaires lui font déclarer: «La mort est terrible, mais elle ne peut l'être trop pour un tyran, je vote pour la mort du roi.»
Passons. De toute manière, le procès de Louis XVI offre à notre époque d'autres raisons d'éprouver quelque gêne. En premier lieu, le traitement qui lui est infligé au Temple. Il comparaît avec une barbe de trois jours devant la Convention parce qu'on lui a retiré son rasoir, de peur... qu'il ne se suicide. On le sépare de son fils, auquel il donnait des leçons de latin, quand il ne lisait pas le procès de Charles Ier d'Angleterre ou l' «Imitation de Jésus-Christ». Il ne pourra revoir sa famille que pour lui annoncer qu'il va mourir le lendemain.
Mais, surtout, la «logique» de ses accusateurs fait parfois froid dans le dos. «Il ne s'agit pas de le juger, mais de le tuer!» rugit Danton. Sur quoi renchérit Saint-Just: «... Le roi doit être jugé en ennemi... Nous avons moins à le juger qu'à le combattre...» Autrement dit, le crime de Louis est d'être roi: «Nul ne peut régner innocemment.» Rien d'étonnant si le premier critique du procès fut un philosophe, Emmanuel Kant. Son argumentation pourrait se résumer sommairement ainsi: «Le meurtre du monarque devient un acte unique qui n'engage aucun principe, un meurtre qui ne peut être légitimé par le droit. Mais, une fois qu'un procès l'accompagne, il paraît, malgré tout, régi par un principe. Et, à partir de celui-ci, le meurtre de ses ennemis peut devenir une pratique habituelle et apparemment justifiée.» En d'autres termes, le précédent établi risque d'être dangereusement étendu. «Si régner est un crime, de manière implicite avoir été noble, prêtre, riche, suspect ou égoïste est aussi criminel», remarque l'historien Ferenc Feher. A la limite, on aboutit à l'hitlérisme, pour lequel le crime d'un juif est d'être juif.
Au xxe siècle, Albert Camus, dans «L'Homme révolté» (1951), s'est livré au procès du procès. «Le 21 janvier, écrit-il, avec le meurtre du roi-prêtre s'achève ce qu'on a appelé significativement la Passion de Louis XVI. Certes, c'est un répugnant scandale d'avoir présenté comme un grand moment de notre histoire l'assassinat public d'un homme faible et bon. Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s'en faut. Il reste au moins que, par ses attendus et ses conséquences, le jugement du roi est à la charnière de notre histoire contemporaine. Il symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du Dieu chrétien. Dieu se mêlait jusqu'ici à l'Histoire par les rois. Mais on tue son représentant historique, il n'y a plus de roi. Il n'y a donc plus qu'une apparence de Dieu reléguée dans le ciel des principes.» Camus va plus loin. Il voit dans Saint-Just un «théologien» d'un genre nouveau: le théologien des totalitarismes. Qui, bien sûr, prône la vertu. Alors il lui rétorque: «Nul n'est vertueux innocemment.» En effet: «Si les grands principes ne sont pas fondés, si la loi n'est rien qu'une disposition provisoire, elle n'est plus faite que pour être tournée ou pour être imposée. Sade ou la dictature, le terrorisme individuel ou le terrorisme d'Etat, c'est, dès l'instant où la révolte se coupe de ses racines et se prive de toute morale concrète, l'une des alternatives du xxe siècle».
DES INTERPRÉTATIONS FANTAISISTES
Quittons ces profondeurs. Pour constater que l'affaire Louis XVI a laissé des traces bizarres dans l'inconscient national. «Penser à la mort de Louis XVI», c'est-à-dire à rien de précis, est devenu une expression familière. Et que de mythes autour de l'événement du 21 janvier 1793! La Révolution s'est vue interprétée comme une revanche des Gaulois sur les conquérants francs, qui les ont asservis. A l'appui, la Phrygie et le souvenir des temps où des Gaulois habitaient l'Anatolie: d'où l'association symbolique du bonnet et du coq, qui lui aussi est phrygien - l'oiseau phrygien, d'après Homère. Autre fantaisie, le 21 janvier devient l'aboutissement d'une machination de la franc-maçonnerie, considérée comme l'héritière des Templiers brûlés par Philippe le Bel. Louis XVI (n'est-ce pas?) n'a-t-il pas été, par un juste retour des choses, emprisonné au Temple? Capet, du coup, est assimilé aux rois maudits. «C'est la vengeance de Jacques de Molay!» s'écrie - d'après la légende - un témoin au moment où sa tête tombe... Ajoutons-y les fantasmes littéraires. Céline bougonne que les Bourbons sont tous des juifs. Il n'y a qu'à voir, dit-il, la longueur de leur nez! Robert Brasillach froncera les sourcils: on n'a pas le droit de compromettre ainsi la noble cause de l'antisémitisme.
Mais ce qui est infiniment plus sérieux, ce sont, toujours dans l'inconscient, d'autres traces, qui, elles, comportent une série de conséquences politiques. Elles durent encore. L'histoire de la France depuis deux siècles paraît imprégnée de la recherche du père en qui s'incarne un exécutif fort. Cela donnera les Napoléon, Ier et III. Il s'en faudra de peu que la monarchie soit rétablie après le désastre de 1871. Après celui de juin 1940, le régime de Vichy s'est établi sous les auspices d'un vieillard au visage rassurant de bon grand-père. Et quand Pierre Laval veut flatter Philippe Pétain, il lui susurre: «Savez-vous, monsieur le Maréchal, que vous avez plus de pouvoirs que Louis XIV?» Sous la IVe République, Vincent Auriol confiera qu'il n'a jamais autant ressenti la grandeur de la fonction de président de la République que le jour où il a posé la barrette de cardinal sur la tête du nonce Roncalli (futur Jean XXIII) agenouillé devant lui - un privilège des rois de France.
Quant à la Ve République... Me Jean-Marc Varaut rappelle une conversation entre le général de Gaulle et Alain Peyrefitte: «Ce que j'ai essayé de faire, c'est d'opérer la synthèse entre la monarchie et la république. - Une république monarchique? - Si vous voulez. Plutôt une monarchie républicaine.» C'est encore à l'ancêtre de nos révolutions que se réfère de Gaulle dans la tourmente de 1968. «Je ne serai pas Louis XVI», aurait-il dit. En tout cas, son brusque et secret départ pour Baden-Baden ressemble assez à une fuite à Varennes - mais réussie. Tout comme, dans son appel à la Résistance, son «Moi, général de Gaulle...» évoque, par résonance, le testament (d'une fort belle langue, au reste) du souverain captif: «Moi, Louis, XVIe du nom...»
Et que dire des successeurs! Georges Pompidou, appelé à refuser une grâce, tremble à l'idée d'exercer un droit régalien. La crainte révérentielle qu'inspire le pouvoir suprême ne suffit pas à l'entourage de Valéry Giscard d'Estaing, qui, pour le flatter, le compare, familièrement, à Louis XV... François Mitterrand a lui aussi, à sa manière, interprété dans le sens monarchique l'exercice du septennat. Au point de considérer son élection par le suffrage universel comme un sacre que rien ne peut abroger avant l'heure, pas même une volonté exprimée par le suffrage universel - du moment qu'elle ne concerne que des parlementaires!
Pour finir, serait-il malicieux ou irrespectueux de faire remarquer que les discours «présidentiels» ne sont plus, de longue date, accompagnés de «La Marseillaise», ce chant apporté par les soldats qui entouraient l'échafaud en 1793, mais par une musique de cour? Le philologue, pour sa part, retiendra la multiplication à perte de vue de l'emploi dans le français moderne des vocables dérivés de la racine «reg», d'où vient le mot roi: directeur, dirigeant, réglementation, régulation, etc. Comme si, le roi disparu, chaque «responsable» rêvait de s'appropier une parcelle de ses attributions. Avec une différence, néanmoins. Le souverain avait des «sujets». Les «chefs» d'aujourd'hui ont quelquefois tendance à traiter les hommes comme des «objets».
Etrange destin de Louis XVI. Sauf à Nantes, il ne possède guère de statues: Louis XIV en a bien davantage dans le pays. Roi méconnu, il est réduit à hanter les souterrains de la mémoire. Son fantôme n'en est que plus difficile à tuer.