La Comtesse Jeanne du Barry

Citation :

La dame du Barry ne prend nul crédit, et il n'y a pas d'apparence qu'elle n'en prenne jamais : elle n'a ni d'affection ni de haine pour personne ; elle pourra dire ce qu'on lui fera dire comme un perroquet, mais sans vue, sans intérêt, sans passion.
Ce n'est pas avec un pareil caractère que l'on parvient à gouverner.

Ah c'est piquant comme citation  

Citation :

La dame du Barry ne prend nul crédit, et il n'y a pas d'apparence qu'elle n'en prenne jamais : elle n'a ni d'affection ni de haine pour personne ; elle pourra dire ce qu'on lui fera dire comme un perroquet, mais sans vue, sans intérêt, sans passion.
Ce n'est pas avec un pareil caractère que l'on parvient à gouverner.

Je viens de le lire cet après-midi en parcourant quelques lettres de Mme du Deffand.

De quand date cette lettre de Mme du Deffand, s'il vous plaît ?

( Vous avez passé l'après-midi auprès de son tonneau, je vois !  )

Citation :

De quand date cette lettre de Mme du Deffand, s'il vous plaît ?

15 janvier 1770.

Citation :

Vous avez passé l'après-midi auprès de son tonneau, je vois !

Hélas non, j'avais quelques courses à faire.
Le froid n'étant plus aussi vif que celui de la semaine dernière, je suis sorti du mien.  

1770, Louis-Auguste et Antonia convolent en justes noces !

Louis XV vient de bouder un éventuel mariage avec la princesse de Lamballe .
Mme du Barry n'est pas encore très implantée à la Cour, effectivement, mais elle y a déjà ses entrées !
Elle ne va pas tarder à asseoir très fermement sa position ...

En 1770 elle suscite déjà les critiques et les rumeurs

Chou d'amour a écrit:

En 1770 elle suscite déjà les critiques et les rumeurs

Oui déjà

Discussion que je prends en marche, en tant que nouvelle sur le forum.

J'avoue une certaine sympathie pour Madame Du Barry :quelle ascencion sociale ! et quelle chute!

Ses biographes s'accordent à la trouver "bonne fille". Elle n'aurait pas demandé mieux que de s'entendre avec la reine, et le fait qu'elle aurait traité Marie Antoinette de "petite rouqine", n'est, je crois, qu'une légende, ou une sottise colportée à cette époque là, par des gens qui n'avaient rien de mieux à faire de leurs journées que de jeter de l'huile sur le feu.

La mort de Madame du Barry est certainement plus émouvante que l'impassibilité des personnes de haut rang. D'après ses divers biographes, au moment ultime, Jeanne est redevenue une fille du peuple, sans morgue ni courage hautain. Ou alors, elle a été trompée, on lui avait promis la vie sauve en échange de la révélation de la cachette de ses bijoux.

Elle a joué le jeu, et a eu un violent sentiment d'injustice en voyant qu'on lui avait menti.

Ou les deux.

En tous cas, Madame du Barry aura permis au peuple de comprendre ce qu'est vraiment la réalité et l'horreur d'une exécution capitale, et peut être contribué à une fin plus rapide de la Terreur.

La fierté est-elle affaire de classe sociale ? Les gens du peuple ne savaient-ils pas mourir ? Je ne le crois pas. C'est autant affaire de caractère que d'éducation, pour moi.

Cela dit, la mort de Madame du Barry, dans son émotivité, me touche très fort. Je ne trouve pas qu'elle déchoit, ni qu'elle se comporte sans dignité. Elle supplie pour sa vie, quoi de plus naturel.

Je ne parlais pas de courage physique, mais de mépris hautain, et oui, d'esprit de caste, chez ceux qui mourraient aux mains d'une "racaille" qu'ils méprisaient. Jeanne n'avait pas cette attitude. Ce qui ne signifie pas qu'elle n'ait pas été digne : elle a été humaine, et tellement touchante.

Moi aussi, je suis une femme d'"en bas", je ne pourrais pas la jouer cool comme ces gens qui ont sucé l'orgueil de classe avec le biberon

De plus, Jeanne n'avait réellement rien à se reprocher, n'ayant joué aucun rôle politique, sa seule faute ayant été d'être une femme riche et libre.

C'est vrai que personne ne peut lui reprocher d'avoir montré des sentiments sur l'échafaud, car devant une telle situation extrême moi-même je ne sais pas comment je réagirais
Mais la comtesse du Barry espérait vraiment survivre, et elle a été trompée peu de temps avant ce qui n'a rien arrangé

Oui, la pauvre femme avait un code d'honneur et de parole donnée qui n'avait plus cours.

Je n'ai jamais bien compris pourquoi Greive et consorts s'étaient acharnés sur elle : que leur avait-elle fait? Qu'avaient-ils à y gagner?

Cécile de l'Hérault a écrit:

Je n'ai jamais bien compris pourquoi Greive et consorts s'étaient acharnés sur elle : que leur avait-elle fait? Qu'avaient-ils à y gagner?

Du zèle (avoir la célèbre du Barry à son tableau de chasse) et peut-être mettre la main sur les trésors cachés de Luciennes  ; j'ai lu du reste (je ne sais plus où) qu'il a tenté de négocier avec elle le relâchement de ses pressions.

...... en somme, beaucoup de bonnes raisons !

Pour un opportuniste bilieux, certainement.  

Cécile de l'Hérault a écrit:

Je ne parlais pas de courage physique, mais de mépris hautain, et oui, d'esprit de caste, chez ceux qui mourraient aux mains d'une "racaille" qu'ils méprisaient. Jeanne n'avait pas cette attitude. Ce qui ne signifie pas qu'elle n'ait pas été digne : elle a été humaine, et tellement touchante.

Moi aussi, je suis une femme d'"en bas", je ne pourrais pas la jouer cool comme ces gens qui ont sucé l'orgueil de classe avec le biberon

De plus, Jeanne n'avait réellement rien à se reprocher, n'ayant joué aucun rôle politique, sa seule faute ayant été d'être une femme riche et libre.

Je partage de moins en moins votre analyse, très chère. L'histoire nous a laissé des exemples de personnages venus "d'en bas", comme vous dites, passés sur l'échafaud avec une arrogance pleine de hauteur.

Étant dans la biographie de Claude Saint André, Talleyrand (encore lui ) dit : "Quoique (Mme de Pompadour) eût été élevée et eût vécu dans la société financière de Paris, qui était assez distinguée alors, elle avait mauvais ton, des manières de parler vulgaires dont elle n'avait pu se corriger, même à Versailles. Elle différait en tout point de Mme du Barry qui, moins bien élevée, était parvenue à avoir un langage assez pur. Mme du Barry avait les yeux moins grands, mais ils étaient spirituels; son visage était bien fait et ses cheveux étaient de la plus grande beauté; elle aimait à parler et elle avait attrapé l'art de conter assez gaîment."

Une bien belle description, et pertinente en plus (même si je ne savais pas que la marquise de Pompadour pouvait être vulgaire )

Voici le contrat de mariage de Mme du Barry, j'ai essayé de faire du mieux que possible pour le scan, sachant que le livre est assez ancien.

Chou d'amour a écrit:

Une bien belle description, et pertinente en plus (même si je ne savais pas que la marquise de Pompadour pouvait être vulgaire )

Oui le terme de vulgaire m'étonne aussi , peut être que Talleyrand avait une dent contre la Pompadour

Ah c'est la première fois que je lis ce contrat merci beaucoup comte axel C'est qu'il est précis en plus

Citation :

Oui le terme de vulgaire m'étonne aussi , peut être que Talleyrand avait une dent contre la Pompadour

C'est possible en effet

le comte axel a écrit:

Oui le terme de vulgaire m'étonne aussi , peut être que Talleyrand avait une dent contre la Pompadour.

Une dent de lait en ce cas !
Je ne suis pas même sûr qu'il la croisera ; aussi diabolique soit-il, Talleyrand n'est tout de même pas le comte de Saint- Germain !

Mais il était reconnu que la marquise de Pompadour avait de telles manières?

Chou d'amour a écrit:

Mais il était reconnu que la marquise de Pompadour avait de telles manières?

Eh bien, à ses débuts à la cour, on lui a reproché ses basses origines, son ton bourgeois, son manque de race si l'on veut...

Comme du Barry en fait

Sans doute reprochait-on d'autant plus véhémentement à ces deux dames leur basse extraction qu'elles étaient aimées du Roi, honneur insigne .
Il entrait dans cette acrimonie une part non négligeable de dépit : des duchesses se voyaient piquer sous le nez, par de simples bourgeoises, la position avantageuse de favorite .
Eh ! ça énerve !!!