La Comtesse Jeanne du Barry

CALONNE a écrit:

Cette femme avait vraiment de la classe...

Hum...Si cette lettre a vraiment existé, je me disais, lèvres pincées, que son : que je rende à César ce qui est à César n'était justement pas très élégant.

Dois-je ?

Eh bien , ça par exemple !!! Cette petite phrase m'a toujours chiffonnée aussi !!! Elle gâche un petit peu le reste !

Quoi, quoi, quoi ?! Qu'est-ce qu'il vous a fait César ? Il est très bien César !

quand même si ce texte est authentique, alors , Mme du Barry vaut bien plus que certains faux amis partis vite fait sans demander leur reste !

Madame du Barry a risqué sa vie pour assister Louis XV dans la maladie. C'est une femme généreuse, que cette lettre soit authentique ou pas.

Pourquoi cette phrase devrait-elle gêner ? Elle signifiait à l'origine, pour Jésus, de ne pas mélanger les affaires religieuses avec la politique, et de rendre à l'empereur ce qui lui revient, c'est à dire, payer ponctuellement l'impôt à Rome.

Pour Jeanne du Barry, à mon avis, elle veut simplement dire qu'elle a reçu cette propriété par la grâce du Roi, et qu'elle la remet donc volontiers à la Couronne, à la famille royale dont elle la tient.

S'il y a de l'inélégance là dedans, je dois être bornée, ou manquer moi même de savoir vivre, car je ne la perçois pas.

Franchement, moi non plus, je ne trouve pas cette phrase déplacée. Mais je ne suis pas impartiale, je vois des Césars partout...

Madame,
Ces jeunes blessés n'ont d'autre regret que de n'être point morts avec leurs camarades pour une princesse aussi parfaite, aussi digne de tous les hommages que l'est assurément votre Majesté... Luciennes est à vous, Madame. N'est-ce pas votre bienveillance et votre bonté qui me l'ont rendu ?... Le feu Roi, par une sorte de pressentiment, me força d'accepter mille objets précieux avant de m'éloigner de sa personne. j'ai eu l'honneur de vous offrir ce trésor au temps des Notables; je vous l'offre encore, Madame... .

Nous avons jusque là un petit mot touchant, spontané, qui sonne juste, qui se suffit à lui-même, et dans lequel éclate le grand coeur de Mme du Barry ( sur lequel nous sommes tous d'accord) .

Permettez, je vous en conjure, que je rende à César ce qui est à César.

Voici que , tout à coup, le ton est emphatique, théâtral comme un rôle récité, et la bonté un brin ostentatoire .

Oh, alors vous devez avoir beaucoup, beaucoup à rendre ! ( je parlais à Pimprenelle, car on a posté entre temps^^)

Moi non plus, je ne suis pas impartiale avec la "chère Jeanne" : j'admire le parcours de cette petite femme du peuple, qui n'avait d'autre perspective qu'une espèce de prostitution de luxe, néanmoins sordide, et qui a réussi à se hisser au sommet de la Cour, le roi ayant même envisagé sérieusement de l'épouser:

Tout cela par sa beauté, son élégance, son raffinement inné. Et elle est restée bonne jusqu'au bout, rien n'a réussi à l'aigrir ni à lui faire passer son amour passionné de la vie.

N'est ce pas peut être ce qui l'a perdue? Jeanne aimait la beauté, l'amour, la vie, éperduement. Ses adversaires haïssaient tout cela. Ils pataugeaient dans l'ignominie et la laideur.

Pour ce qui est de l'emphase ostentatoire, elle était je crois dans le style du temps : il n'y a qu'à lire les discours de l'époque! Peut être aussi Jeanne, à qui on reprochait ses origines si modestes, voulait-elle prouver de façon un peu touchante, voire maladroite, qu'elle possédait elle aussi culture et connaissances?

Cécile de l'Hérault a écrit:

Oh, alors vous devez avoir beaucoup, beaucoup à rendre ! ( je parlais à Pimprenelle, car on a posté entre temps^^)

Ah non non non ! Mes Césars, je les rends pas ! Mais je me contente de peu... rien que les Julio-Claudiens...  

Citation :

Madame,
Ces jeunes blessés n'ont d'autre regret que de n'être point morts avec leurs camarades pour une princesse aussi parfaite, aussi digne de tous les hommages que l'est assurément votre Majesté... Luciennes est à vous, Madame. N'est-ce pas votre bienveillance et votre bonté qui me l'ont rendu ?... Le feu Roi, par une sorte de pressentiment, me força d'accepter mille objets précieux avant de m'éloigner de sa personne. j'ai eu l'honneur de vous offrir ce trésor au temps des Notables; je vous l'offre encore, Madame... .

Nous avons jusque là un petit mot touchant, spontané, qui sonne juste, qui se suffit à lui-même, et dans lequel éclate le grand coeur de Mme du Barry ( sur lequel nous sommes tous d'accord) .

Permettez, je vous en conjure, que je rende à César ce qui est à César.

Voici que , tout à coup, le ton est emphatique, théâtral comme un rôle récité, et la bonté un brin ostentatoire .

Je comprends ton analyse, mais je ne sens pas le texte comme ça. N'est-ce pas très personnel ?  

Citation :

Permettez, je vous en conjure, que je rende à César ce qui est à César.

Voici que , tout à coup, le ton est emphatique, théâtral comme un rôle récité, et la bonté un brin ostentatoire .

Je ne trouve pas personnellement. Pour moi Mme du Barry met son domaine au service de la Couronne. J'en suis à la fin. Brissac vient de mourir et Mme du Barry continue ses allers retours à Londres. Comme pour Louis XV pendant sa maladie, au mépris du danger elle transporte des missives et de l'argent pour les émigrés d'Angleterre. Ce qui d'ailleurs lui sera reproché pendant son procès.

pimprenelle a écrit:

Madame du Barry a risqué sa vie pour assister Louis XV dans la maladie. C'est une femme généreuse, que cette lettre soit authentique ou pas.

je suis entièrement d'accord avec toi Pim.

Je ne critique que cette petite phrase, ponctuellement, mon cher Comte .  J'aime bien Mme du Barry !

J'avais bien bien compris. Je la comprends de mieux en mieux et je la trouve aussi attachante que Marie-Antoinette. Elle n'est pas reconnue à sa juste valeur. C'est ce que j'essaie de démontrer. Mais sur notre forum nous en sommes quasiment toutes et tous convaincus. Ce que je déplore c'est qu'il est difficile de trouver une biographie digne de ce nom.

Je trouve celle de Jules et Edmond de Goncourt fort bien écrite et documentée .
Il est sans doute impossible de la lire sans éprouver beaucoup d'empathie pour la comtesse .

Alors il faudra que je la trouve. Mais celle que je lis actuellement est excellente.

J'en ai lu une autre, je crois du duc de Castries ( sans certitude ). Il y a bien longtemps ...
Je me suis documentée aussi sur la famille du Barry en général, parce que je m'intéressais à la bru de Jean le roué, Hélène de Tournon .
Il y a de belles archives du Barry à la B.U. de Caen . Je m'y suis régalée !!!

Intéressant ce que tu me dis. J'ai lu celle du duc de Castries et celle de d'André Castelot.  

Citation :

Je ne critique que cette petite phrase, ponctuellement, mon cher Comte .  J'aime bien Mme du Barry !

Que voulez-vous, nous sommes peut-être un rien tatillons...

Vous sentez, comme moi, que cette subite grandiloquence ne lui ressemble pas !

J'ai réfléchi à cette petite phrase, et finalement, en quoi est-elle grandiloquente ?

Au contraire, elle est --enfin, était!-- très courante, voire banale, mais de nos jours, de nombreuses phrases et dictons disparaissent de la langue française et sont remplacés par d'autres.

En y repensant, même dans la génération de mes grands parents, qui étaient tous fervents chrétiens et imprégnés de paroles d'Evangile, cette phrase était couramment utilisée, sans prétention aucune, par des gens tout à fait simples.

Alors, pensez, au 18° siècle !

Citation :

Vous sentez, comme moi, que cette subite grandiloquence ne lui ressemble pas !

Ne lui ressemble pas...je l'ignore.
Je la connais pas assez.
Je trouve simplement que cela sonne mal, que ce n'est pas très élégant de s'adresser à la reine de cette manière.
César ? Non mais !

Et pour tout vous dire, j'étais déjà trèèèèès limite avec son :
"Le feu Roi, par une sorte de pressentiment, me força d'accepter mille objets précieux avant de m'éloigner de sa personne.
Quel pressentiment ?" Je ne comprends pas.  
Qui la concerne ? C'était présager de la réaction de la réaction de Louis XVI et de la reine, et en cela ce n'est pas très malin de le rappeler.

Qui concernerait l'Etat (si par là même elle proposait de rendre à César ce dû au moment de la réunion des notables, soit de la haute crise financière) ?
C'est la destiner comme garante -au cas où- et de je ne sais quoi au juste ?
Et ce toujours au dépend de Louis XVI en somme.
Ce n'est pas très fin non plus.

"Mille objets précieux, un trésor", précise-t-elle.
Huuue ! N'en rajoutez pas mon amie !  

Enfin, je ne sais pas, je n'aurais pas formulé ce mot de la sorte.
Mais bon, on chipote, on chipote : si la forme nous déplait, le fond reste généreux.  

Peut-être Louis XV se sentait-il usé, vieux, et ne donnait-il pas cher de sa santé .   Dans ce cas, sans doute tout simplement voulait-il gâter cette femme qu'il aimait et la combler de biens, sachant  que lui disparu elle serait sans ressources .....

La demande d'arrestation de Mme Du Barry auprès du Comité de sureté générale ainsi que son arrestation :