Louis XVII

Je l'avais déjà lue à plusieurs reprises. Bien sûr, ça ne veut pas dire qu'elle est vraie... Mais la réaction me semble compatible avec un enfant de son âge, justement. N'est-ce pas un âge où on en appelle à la justice ? De plus, il faut tenir compte du contexte particulier où Charles a grandi, ces dernières années.

Qu'un enfant crie en disant que ce n'est pas juste, qu'ils n'ont pas le droit oui, mais là il demande clairement de voir le papier attestant qu'ils ont le droit, ce qui relève d'une maturité déjà exemplaire...cela dit Louis-Charles était très mature je suis d'accord, c'est pour ça que je ne rejette pas non plus cette anecdote, et encore moins si tu l'as déjà lue ailleurs

J'ai l'impression de l'avoir lue très récemment...je viens de rechercher dans ce topic, car il me semblait qu'elle avait été citée par Petit Normand...mais je dois me tromper de source...
Pour la fiabilité de cette anecdote, je te rejoins Pim car Louis-Charles s'est vu voler son enfance et la violence des évènements l'a forcé à mûrir plus vite...
Rappelons-nous aussi qu'il savait lire dès l'âge de 4 ans , il lui était donc habituel depuis longtemps d'apprendre des leçons...Or la vie, aussi terrible soit-elle devenue, en est une...

Bien à vous.

Bonsoir,

A mon avis, si c'est bien de moi que vous tenez cette anecdote, vous l'avez lue sur mon site, chapitre 13 de la vie de Louis-Charles, car il ne me revient pas en mémoire d'en avoir parlé ici.

La source est bien Beauchesne, et l'anecdote a été reprise par plusieurs historiens contemporains, et aussi par Françoise Chandernagor dans son roman "la Chambre".

Pour moi cette anecdote semble tout à fait plausible, et pas seulement compte tenu de la grande intelligence de Louis-Charles. En effet, très souvent au Temple, les commissaires faisaient irruption dans l'appartement des prisonniers pour leur lire des décrets et arrêtés de la Commune stipulant qu'ils devraient être séparés, qu'on leur confisquerait leurs couverts, leurs aiguilles à tricoter, leurs décorations, etc... A force de voir leurs geôliers agir ainsi, Louis-Charles a tout naturellement eu l'idée, en sus d'un certain mimétisme fréquent chez les enfants, de leur parler le langage qu'ils comprenaient.
Et je vous rappelle enfin que les hommes qui ont arraché Louis-Charles à sa maman ont affirmé le faire en vertu d'un arrêté de la Commune. Il était tout naturel, alors, que Louis-Charles ait voulu voir le décret qui le frappait d'un tel malheur.

Voici l'extrait de mon site sur cette anecdote :

A la figure aimante du Roi paternel s’était substitué un Etat impersonnel, tracassier et arbitraire qui vous frappait à coups de décrets, d’arrêtés, de notifications et autre paperasserie qui décidait de votre envoi à la mort ou, dans le cas de Louis-Charles, de la destruction de votre famille. Si les lettres de cachet du Roi étaient arbitraires, que dire alors des arrêtés de la Commune? La perspicacité enfantine de Louis-Charles avait subtilement saisi ce changement particulier de régime, et cet enfant remarquablement intelligent, montrant parfaitement sa compréhension des rouages du nouveau régime, exigea qu’on lui montre le décret ordonnant qu’on le sépare de sa maman.
Il se trouvait alors dehors, dans le jardin -qui n’en était plus un mais plutôt une cour comblée de gravats depuis les réaménagements effectués par Palloy. Il s’y trouvait parce que la psychose des républicains les avait poussés à croire que les résistants royalistes avaient réussi, Dieu sait comment, à libérer le jeune Roi et le portaient en triomphe à Saint-Cloud. Afin d’apaiser les troubles, les commissaires avaient donc demandé à Simon de promener le petit Prince à la vue de tous. Une foule se massait donc ce jour-là autour des grilles de la cour. Louis-Charles, lâché dans cette cour fermée comme un lionceau dans une cage de zoo, se retrouva seul devant tous ces inconnus qui le dévoraient du regard. Perdu, affolé, en larmes, il criait vers la tour, appelant « Maman! Maman! ». Puis il courut jusqu’à un rang de soldats en leur montrant Simon du doigt, pensant qu’ils le délivreraient peut-être de ce cauchemar. « Il ne veut pas me montrer le décret ordonnant qu’on me sépare de ma maman! » pleurait-il, espérant follement que cela arrangerait tout.
Mais seuls des rires moqueurs l’accueillirent. Puis l’horrible Simon prit le garçonnet par le collet et l’entraîna de force dans les ténèbres de la tour. Le spectacle était terminé.

Merci pour ces précisions Petit Normand!

Il faut vraiment que je me dépêche aussi de lire ce tome II de Beauchesne...j'avais déjà bien apprécié le premier

Par contre Lescure n'a pas relevé cette citation exactement :
"Il ne veut pas me montrer le décret ordonnant qu’on me sépare de ma maman! »
L'idée est la même cela dit...

Merci pour cette référence précise, Petit Normand ! Le contexte, en effet, explique parfaitement le comportement du petit roi.

Cette anecdote me rend triste pauvre petit Prince.
C`est cruel de faire vivre ça a un enfant.
Fleudelys

Oui la séparation de Marie-Antoinette et de Louis-Charles a dû être horrible à vivre des deux côtés...le pauvre petit Louis-Charles au milieu d'individus inconnus pour lui, comme ça d'un seul coup, après avoir vu sa mère, sa soeur et sa tante se battre pour le garder avec elles...

Chou d'amour a écrit:

Oui la séparation de Marie-Antoinette et de Louis-Charles a dû être horrible à vivre des deux côtés...

Cette séparation A ETE horrible et elle le reste comme référence historique !

Bien à vous.

Exact

Une jolie prière qu'aurait prononcée le petit Louis-Charles au lendemain du 20 Juin 1792, selon Hüe :

"Ciel, entends la prière
Qu'ici je fais!
Conserve un si bon père
A ses sujets!"

Il s'agit d'une prière d'abord prononcée par le Maréchal Duc de Noailles-Mouchy, Marie-Antoinette lui demandant de la répéter à son fils.
Il semble que cette prière soit un extrait de l'opéra de Pierre le Grand

Voici un beau portrait de Louis XVII.



Fleurdelys

C'était un bel enfant si innocent et si inconscient( il a les lèvres de Marie-Antoinette, vous ne trouvez pas?) par contre je viens d'apprendre que Marie-Thérèse ne lui a jamais pardonné le mal qu'il a fait à sa mère, pour elle, il a bassement trahi leur mère, mais était-elle au courant des réelles motivations des révolutionnaires? je le suppose mais pourquoi pardonne-t-elle ces gens là et non son frère, je trouve ça bizarre! A moins que je n'aie pas très bien compris?


Elise

Cette théorie selon laquelle Marie Thérèse en voulait à son frère à cause des fausses accusations est plutôt infondée, Élise, il faut faire attention ce que des gens racontent des faits souvent qui ne sont pas nécessairement véridiques.
Fleurdelys

Merci! C'est bien ce dont je me doutais, je sais que Louis-Charles avait changé, quel enfant ne changerait pas avec tous ces événements? Mais je crois qu'il y a eu, il y a un mois ,une emission sur Louis-Charles, et on pense qu'il se peut que le Louis XVII ait survécu et surtout on montrait des portraits dont les ressemblances étaient frappantes(de l'enfant à l'adulte) donc on voyait les soi-disant descendants de ce petit roi, donc une étude a été faite mais pour l'instant ils ne veulent rien dire, et il est dit que Marie-Thérèse n'a jamais vraiment pardonné le geste de son frère envers leur maman, vous en pensez-quoi?

Elise

Portrait très expressif, Fleurdelys, merci. Moi non plus, je ne connaissais pas cette représentation. Ebay est une mine, en effet !

Chou d'amour a écrit:

Une jolie prière qu'aurait prononcée le petit Louis-Charles au lendemain du 20 Juin 1792, selon Hüe :

"Ciel, entends la prière
Qu'ici je fais!
Conserve un si bon père
A ses sujets!"

Il s'agit d'une prière d'abord prononcée par le Maréchal Duc de Noailles-Mouchy, Marie-Antoinette lui demandant de la répéter à son fils.
Il semble que cette prière soit un extrait de l'opéra de Pierre le Grand

En fait, c'est l'inverse. C'est Louis-Charles qui, le premier et par un très touchant élan du coeur, a prononcé cette prière le matin du 21 juin 1792 (prière du reste bien entendue dans l'opéra de Pierre le Grand). Marie-Antoinette était présente à ce moment et en a été vivement émue. Plus tard dans la matinée, le Maréchal de Noailles-Mouchy vient prendre des nouvelles de la Famille Royale. Marie-Antoinette demande alors à Louis-Charles de redire sa prière devant le maréchal. Relisez M. Hue, vous verrez que les choses se sont passées comme cela (au fait, ça y est, je me suis enfin procuré ses mémoires J'en suis actuellement à la mort du Roi. Ce récit m'est très utile, il m'a permis d'établir des mises à jour sur mon site, notamment sur les faits et gestes de Pétion dans la nuit du 9 au 10 août 1792, et qui restaient assez flous pour moi. Je l'ai ajouté à ma bibliographie.)

Citation :

par contre je viens d'apprendre que Marie-Thérèse ne lui a jamais pardonné le mal qu'il a fait à sa mère, pour elle, il a bassement trahi leur mère,

Chère Elise, ne croyez surtout pas à ces calembredaines. Lisez les mémoires de Marie-Thérèse, vous verrez qu'à aucun moment elle ne manifeste de rancoeur contre son frère. Cette prétendue histoire de rancune de Madame Royale n'est à mon avis n'est pas plus vraie que Marie-Antoinette conseillant au peuple de manger de la brioche.

Citation :

Mais je crois qu'il y a eu, il y a un mois ,une emission sur Louis-Charles, et on pense qu'il se peut que le Louis XVII ait survécu

Cette émission était "Secrets d'Histoire", présentée par Stéphane Bern le dimanche 2 décembre sur France 2. Elle concluait à la mort de Louis XVII au Temple le 8 juin 1795. Nous avons parlé de cette émission sur le présent forum, dans la rubrique "Manifestations".

Elise, si vous vous intéressez à Louis XVII, je puis vous conseiller de visiter le site que je lui ai consacré pour tâcher de raviver un peu son souvenir : http://louisxviiroimartyr.free.fr

Respectueux hommages,

Petit Normand

Petit normand a écrit :

Citation :

Marie-Antoinette était présente à ce moment et en a été vivement émue. Plus tard dans la matinée, le Maréchal de Noailles-Mouchy vient prendre des nouvelles de la Famille Royale. Marie-Antoinette demande alors à Louis-Charles de redire sa prière devant le maréchal

Oui maintenant que vous le dîtes c'est aussi ce qu'on peut lire ailleurs, mais de mémoire il me semble avec bien lu Hüe prétendre l'inverse (c'était en note en bas de page)...et il était plutôt bien placé, mais je vérifierai...

Merci, Petit Normand!

pour ces renseignements, il faut dire que de là d'où je viens je ne sais pas avoir tous les livres parce qu'ils ne font pas partie de l'Histoire de Belgique donc pas évident, alors dès que j'en trouve, je le prends.


Elise

Vous savez Elise vous pouvez lire les mémoires de Madame Royale en ligne : allez sur le site de gallica.
Fleurdelys

Tiens ,je ne le savais pas! Merci fleurdelys

Il est accessible ici, aussi :
http://penelope.uchicago.edu/angouleme/index.html

Merci beaucoup! C'est très intéressant d'ailleurs


Elise

J'aime bien, parce que ce n'est pas en PDF. C'est plus facile à consulter

Moi je meurs d'envie de les lire ces mémoires, mais sur pc j'ai trop de mal... :s: