Talleyrand

Mirabeau meurt le 2 avril.
Le 3 , le Département de Paris propose à l'Assemblée de transformer l'église de Sainte-Geneviève en Panthéon, et d'en accorder les honneurs à Mirabeau en premier, comme vous le disiez .
Le 4 , le corps de Mirabeau est conduit au Panthéon; Marat et les Cordeliers sont les seuls de tous les patriotes à protester contre cette apothéose d'un homme qui, selon eux, a trahi la Révolution .

Cela doit-être la cérémonie religieuse dans l'église Saint Eustache où l'abbé Cérutti prononça son oraison funèbre, avant le transfert de son corps,  en grande pompe au Panthéon. Cela ressemble à une voute gothique alors que l'église Saint Geneviève est de facture Classique.

Bravo, mon cher Comte !!!

Citation :

Nous n'aurions garde d'oublier son satellite, Fouché, ministre de la police

Les deux hommes ne s'aimaient guère, et se méfiaient hautement l'un de l'autre : mais comme deux chats dangereux, qui ont préféré partager l'écuelle du (ou des) maîtres sans prendre le risque de se sauter à la gueule.  
Napoléon craignait beaucoup un rapprochement entre ces deux hommes opportunistes et retords.
Et lorsqu'il viendra, c'est à cette occasion que Napoléon chassera Talleyrand en ces termes bien connus (il n'ose pas alors toucher à Fouché) :

Vous êtes un voleur, un lâche, un homme sans foi, vous ne croyez pas en Dieu ; vous avez toute votre vie manqué à tous vos devoirs, vous avez trompé, trahi tout le monde ; il n'y a pour vous rien de sacre ; vous vendriez votre père !
Je vous ai comblé de biens, et il n'y a rien dont vous soyez capable contre moi.
Tenez, monsieur, vous n'êtes que de la merde dans un bas de soie !

Et au sortir du bureau de Napoléon, Talleyrand lâchera : Quel dommage qu'un si grand homme soit si mal élevé.  

Lisez, du reste, ce qu'écrit Metternich, très justement :

Je les vois, lui (Talleyrand) et son ami Fouché, toujours de même, très décidés à saisir l'occasion, si cette occasion se présente, mais n'ayant pas assez de courage pour la provoquer.
Ils sont dans la position de passagers qui, voyant le timon entre les mains d'un pilote extravagant (Napoléon) et prêt à faire chavirer le vaisseau contre des écueils qu'il est allé chercher de gaieté de cœur, sont prêts à s'emparer du gouvernail dans le moment même où leur propre salut serait encore plus menacé qu'il ne l'est, dans le moment où le premier choc du vaisseau renverserait le pilote lui-même.

Pas faux.
Il le savait Metternich, puisqu'il écrivait de même :

Des hommes tels que Mr de Talleyrand sont comme des instruments tranchants avec lesquels il est dangereux de jouer ; mais aux grandes plaies il faut de grands remèdes, et l'homme charger de les traiter ne doit pas craindre de se servir de l'instrument qui coupe le mieux.

Citation :

Tenez, monsieur, vous n'êtes que de la merde dans un bas de soie !

Trop fort !!!!!!    J'ignorais que cette expression tellement imagée venait de Napoléon et s'adressait à Talleyrand !!!!!

Ah oui ? Elle est pourtant très connue, même si certains doutent que Napoléon ait poussé si fort l'insulte.
Mais enfin, l'Histoire la garde.  

Je la connaissais et elle est plus qu'imagée

le comte axel a écrit:

Je la connaissais et elle est plus qu'imagée

Oui. J'adore : tout est dit en quelques mots !

Très fine je vois

Je crois Napoléon très capable d'avoir proféré cela !   C'est l'époque où l'on s'oublie volontiers à faire des écarts de langage, comme le merde tonitruant de M. Cambronne aux Anglais !    

Talleyrand et Bonaparte avaient pourtant commencé par être complices et amis, et leurs destins très liés :

Effectivement, vu comme ça je peux aussi comprendre l'animosité qu'il y a eu entre eux deux

C'est un petit raccourci très parlant !

Quel homme

Citation :

Citation :

Nous n'aurions garde d'oublier son satellite, Fouché, ministre de la police

Les deux hommes ne s'aimaient guère, et se méfiaient hautement l'un de l'autre : mais comme deux chats dangereux, qui ont préféré partager l'écuelle du (ou des) maîtres sans prendre le risque de se sauter à la gueule.

Voici en quel termes Emmanuel de Waresquiel décrit Joseph Fouché, le puissant ministre  de la Police de Bonaparte, l'ex-régicide et l'ancien mitrailleur de Lyon .  ( ....... )  Il a, comme Talleyrand, mais dans un autre ordre que lui, la réputation de ces hommes qui ont un secret . Il est de ceux à qui l'on suppose des profondeurs, des liens cachés, des armes occultes . Il protège et surveille tout le monde, ses anciens amis comme ses anciens ennemis . Il voit tout; il sait tout . Sans affection réelle, il est tout aussi capable de sacrifier les uns et les autres pour le moindre intérêt du moment . Il possède au suprême degré l'habileté, sinon l'impudence, du mensonge, médite ses coups de loin, manipule tout le monde et surtout les émigrés rentrés, en leur faisant croire qu'il les sert alors qu'il les poursuit . Il est passé maître, dit Pasquier, dans l'art de faire des dupes .


Brrrrrrrrr ....... c'est qu'il nous ferait froid dans le dos !
Voici un autre portrait de Fouché, beaucoup moins glamour que celui posté en amont par Dubufe, anonyme malheureusement, et plus conforme à l'idée franchement  antipathique  que nous nous faisons de ce personnage, vrai Javert  ......

Fouché disait :

En politique, l'atrocité aurait-elle aussi parfois son point de vue salutaire ?

et aussi :

Je crois résumer ma vie en déclarant que j'ai voulu vaincre pour la Révolution et que la Révolution a été vaincue dans moi .

Qui est l'auteur du commentaire du portrait gravé de Talleyrand par Ingres ?
Je trouve son "aucune perspective politique profonde" bien sévère !

C'est Jean Massin .   Je partage votre avis !

Lorsqu'il rentre de l'expédition d'Egypte, avec l'aide de son frère Lucien et de Talleyrand, Bonaparte met fin au Directoire ( dont nous avons amplement parlé dans le sujet de Mme Tallien . )
C'est la prise de pouvoir du 18 Brumaire . Elle sonne la fin de la Révolution .

Voici, en 1802, le Premier Consul et son ministre des Affaires étrangères Talleyrand. ( Bonaparte est entouré par Bernadotte, à sa gauche, Murat et Berthier ) :

Joli tableau merci

Et je ne te dis pas ! deux ans plus tard, c'est l'apothéose ! Napo s'est auto-proclamé, et auto-couronné empereur; Talleyrand est devenu son Grand Chambellan .
Le 18 mai, il a approuvé le sénatus-consulte qui proclame la naissance de l'Empire .
Le 2 décembre, est-il besoin de préciser qu'il a assisté au sacre .....
C'est la lune de miel; ils sont comme les deux doigts de la main .

Avec la maturité, Talleyrand prend de la bouteillle, si je puis dire . Encore un portrait, pour Clioxviii !

Citation :

C'est la lune de miel; ils sont comme les deux doigts de la main

Hum... ce n'est pas une lune de miel ! Mais c'est sûr, Napoléon lui tient la main : le plus fermement possible !
Ils ne se sont jamais appréciés.

Pourquoi Napoléon l'a-t-il gardé avec lui alors?

Parce qu'il a eu, avait, et aura besoin de lui !