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| Madame Adélaïde | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Dim 9 Mai - 15:00 | |
| Il faut avouer que pondre une telle loi : peine de mort contre les émigrés et confiscation de leurs biens, était vraiment la dernière chose à faire! Il est normal que les émigrés se soient encore plus butés! Une amnistie générale aurait été tout de même plus adéquate! Mais de l'autre côté, les souverains européens et les chefs de ces émigrés ont agi de façon à mettre Louis XVI et Marie-Antoinette encore plus dans l'embarras. Que pouvaient-ils faire dans de telles circonstances ? Abandonnés de tous! |
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| Sujet: Re: Madame Adélaïde Dim 9 Mai - 15:02 | |
| C'est sûr ! Ils étaient bien seuls ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Dim 9 Mai - 15:57 | |
| on comprend que les émigrés aient émigré pour sauver leur peau mais ils ont quand même lâchement, comme vous le rappelez, abandonner la monarchie et lroi, seuls à PAris....Et puis pondre Pillnitz était une erreur grossière et guère réfléchie de la part d'Artois et de tous ceux qui se prétendaient pour le retour à l'ordre...A leur ordre, en niant qu'il n'était plus possible de faire marche arrière et que tous leurs avantages anciens avaient été balayés...Vision à courte vue... Pour les pauvres tantes, une chute de haut quand on doit compter chaque sous après avoir connu l'abondance ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Lun 10 Mai - 12:20 | |
| Eh oui, c'est ce qui s'appelle manger son pain blanc avant son pain noir....
"Toujours vaillante , malgré cette nouvelle épreuve, Madame Adélaïde soutient le courage des émigrés en qui résident tous ses espoirs. En décembre 1791 , elle écrit à leur chef , le prince de Condé : "Si je pouvais me plaindre de vous , Monsieur, ce serait de recevoir de vos nouvelles trop rarement... Je ne me dédis pas de ma prédiction , malgré tous les obstacles qui se montrent ; la cause est si bonne et la conduite en est dans de si bonnes mains que je ne fais aucun doute de la réussite . Quel plaisir j'aurai de vous revoir et de vous revoir en libérateur ! Toutes les nouvelles que nous recevons de France deviennent tous les jours plus affligeantes . Que peut-on espérer des traitres ? ..." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Lun 10 Mai - 12:46 | |
| "La vie relativement paisible des princesses au palais Carolis fut alors troublée par une nouvelle inattendue : le comte de Narbonne avait accepté la charge de ministre de la guerre dans un cabinet libéral constitué par Louis XVI , sous la pression de l'Assemblée législative. Sa mère, la duchesse de Narbonne , en fut extrêmement contrariée ; d'autant plus que cet incident mit le feu aux poudres entre les clans Narbonne et Chastellux"qui se détestaient cordialement", au dire de la comtesse de Boigne. Mme de Narbonne, fière de ses 40 ans de service auprès de la Maison de France , continuait d'imposer sa didacture que supportaient assez mal le comte et la comtesse de Chastellux , héritiers des rancunes de MMe de Durfort-Civrac. La conduite , jugée déloyale de M. De Narbonne simplifia les dissentiments. La Comtesse de Chastellux , soutenue par son mari , ne manquait pas de critiquer hautement l'attitude du chevalier d'honneur de Madame Adélaïde dans le petit cercle d'émigrés qui fréquentaient le palais Carolis. Pour d'autres motifs , Bernis , lui aussi , s'indignait : "Nous verrons , disait-il , s'il suffira de boire du vin de champagne, de déshonorer les femmes et de faire des dettes pour remplacer M. de Louvois ! "
En acceptant la mission de confiance que lui donnait le roi, Narbonne ne croyait pas mal faire. Courageux et droit, il s'imaginait ( à tort ) qu'une monarchie constitutionnelle pourrait ramener la paix publique et que son devoir était de servir le roi dans ces conjonctures nouvelles. Les émigrés , d'autre part , ne pouvaient admettre qu'un des leurs se fît l'instrument de la Révolution, à l'exemple de ces aristocrates dévoyés qui ternissaient l'éclat des grands noms de Talleyrand , de Biron, de La Fayette et de Mirabeau , en acceptant de s'enrôler sous la bannière ennemie. Ainsi, jusque dans le palais Carolis, régnait la discorde ; et Mesdames Adélaïde et Victoire, profondément unies , souffraient parfois de la mésintelligence de leur entourage." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Lun 10 Mai - 12:55 | |
| "Adélaïde continuait à écrire à son neveu le roi de France, ne manquant pas selon son habitude , de lui prodiguer des conseils, sans beaucoup d'espoir d'être écoutée...Quelques réponses de Louis XVI ont échappé à la destruction. au printemps de 1792, le roi félicite Mesdames "d'avoir vu avec un sage discernement les beautés anciennes et modernes de la patrie des Césars et de leur enthousiasme à l'égard des beaux-arts."Et il ajoute tristement : " Ma position est toujours empirant et l'avenir est peut-être pire . A travers cette obscurité, il serait bien difficile de prévoir les suites de l'explosion qui me menace..."
Une autre fois, Louis XVI se plaint d'être séparé de ses tantes, "mais cet éloignement, dit-il , était nécessaire à leur tranquillité et à leur bonheur". Il les engage" à jouir dans toute leur pureté des bienfaits de la religion et à prier le Roi des rois pour qu'il rende à la France ses beaux jours, aux Français la confiance qu'ils lui doivent..." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Mar 11 Mai - 17:14 | |
| "L'été de 1792 allait ruiner les dernières espérances....Plus clairvoyant que les autres , le cardinal de Bernis pressentait la catastrophe. Mais on n'aime pas les prophètes de malheur et toutes les sympathies se tournaient maintenant vers l'abbé Maury , sacré archévêque de Nicée , le brillant orateur de la Constituante , qui faisait la pluie et le beau temps dans les cercles du Vatican et jusque dans les salons du palais Carolis, où Adélaïde et Victoire l'accueillirent en sauveur, parce qu'il présageait la fin prochaine de la Révolution.
Recommandant la manière forte, Maury engageait le pape à signer un bref d'excommunication des prêtres français assermentés. Pie VI préférait ses avis à ceux de Bernis, partisan de la temporisation et de la clémence : et Mesdames , elles aussi , se laissaient séduire par l'éloquence du jeune prélat, qui les berçaient d'illusions. Leurs rapports avec le vieux cardinal s'en trouvèrent refroidis ; ce qui désola Bernis qu'on accusait stupidement , par ailleurs , de pactiser avec les révolutionnaires, lui , le plus loyal des serviteurs de la couronne !
L'étoile de Maury montait encore. Promu au cardinalat et envoyé comme nonce à Franfort pour le couronnement de l'empereur François II , Maury devenait le conseiller français du pape, lorsque les événements donnèrent raison au cardinal de Bernis." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Ven 14 Mai - 0:10 | |
| "En France, les Girondins parvenus au pouvoir voulaient la guerre. L'un d'eux , Brissot, s'était écrié en pleine Assemblée : "Il faut mettre le feu aux quatre coins de l'Europe! ". Le roi proposa donc la guerre à l'Assemblée légidlative qui la déclara, le 20 avril 1792, " au roi de Bohême et de Hongrie", l'empereur François II , auquel s'allièrent aussitôt le roi de Prusse et le roi de Sardaigne.
Les armées de la Révolution commencent par subir des revers inquiétants. De plus, le roi , qu'on soupçonne d'intelligences avec l'ennemi, refuse de déporter les prêtres réfractaires au serment constitutionnel. C'en est assez pour déhaîner à Paris l'émeute du 20 juin : la foule hurlante envahit les Tuileries et contraint Louis XVI à se coiffer du bonnet rouge ; un pas de plus vers la déchéance finale.
Mesdames reçurent du roi lui-même la nouvelle de l'attentat commis sur sa personne , en cette journée tragique : " Nos malheurs , écrit-il, sont parvenus au dernier degré ; le plus horrible attentat a eu lieu, mon asile a été violé ; j'ai été insulté, menacé , exposé aux coups des assassins. Mes enfants, la reine, Madame Elisabeth ont partagé mon sort. Vous recevrez les détails de cette journée affreuse qui doit indigner les Français pour qui l'amour de l'ordre est le premier des biens. Puisse le ciel détourner l'orage qui gronde encore et sauver celui qui vous aime, qui souvent s'entretient avec vous et vous félicite d'être loin d'une terre où le crime veille, où les lois ne peuvent atteindre les coupables , où l'autorité n'a plus de force, où la vertu est sans considération et la licence érigée en patriotisme...." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Ven 14 Mai - 0:32 | |
| "Dans la capitale du royaume, les événements se précipitent , provoquant un douloureux écho dans le cœur de Mesdames. L'Assemblée législative a décrété la Patrie en danger, tandis que se concentre à Coblence l'armée des coalisés et que le duc de Brunswick lance un manifeste contre la Révolution. Au palais Carolis, Adélaïde et Victoire ne songent plus qu'à arracher les victimes innocentes des mains de leurs bourreaux. Une dernière fois , elles supplient Madame Élisabeth de venir les rejoindre ; mais celle-ci se refuse à quitter les siens, veillant avec un courage héroïque sur vie du roi qu'elle sent menacée.
L'atroce journée du 10 août , connue à Rome le 26, plonge les tantes de Louis XVI dans la stupeur. A Paris, le tocsin a sonné et la populace , mêlée aux Sections, aux volontaires fédérés et aux Marseillais Jacobins, a envahi les Tuileries une seconde fois. Seuls, les Suisses défendent l'accès du palais à la meute déchaînée. On tire, malgré l'ordre de Louis XVI, et 5000 morts jonchent le sol. Pressés de fuir; le roi et sa famille sont allés chercher refuge au sein de l'Assemblée. Le 13 août , Louis XVI est suspendu de ses fonctions et confié à la Commune de Paris, qui ordonne le transfert de la Famille Royale à la Tour du Temple.
Maintenant, Mesdames s'abandonnent au désespoir. Et cependant, l'armée autrichienne s'empare de Verdun et menace la route de Paris ; les massacres de septembre témoignent de l'affolement des révolutionnaires...Mais le 20 septembre, Dumouriez bat Brunswick à Valmy, et la Convention nationale proclame, le lendemain, l'abolition de la Monarchie et l'avènement de la République. En ce premier jour de l'an premier, une ère nouvelle a commencé. " |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Ven 14 Mai - 10:46 | |
| Merci Madame de Chimay _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Ven 14 Mai - 23:06 | |
| "A Rome, le Vatican , persuadé du triomphe final de la bonne cause , pourchassait les Jacobins français, peu nombreux mais très bruyants. Sur le Corso , non loin du palais Carolis, au palais Mancini où siégeait l'Académie de France, les jeunes pensionnaires du roi avaient manifesté avec trop d'éclat leur satisfaction à la " chute du tyran". Un sculpteur et un architecte furent incarcérés au château Saint Ange ; ils se vengèrent en dénonçant l'attitude suspecte du directeur de l'Académie , auquel ils reprochaient, entre autres griefs, de se montrer " le plat courtisan des demoiselles Capet, tantes de Louis le dernier.
La République Française avait rompu toutes relations avec " l'Ogre du Tibre" et le " Repaire du fanatisme" pour parler le langage imagé du temps. De son côté , Pie VI, menacé par la flotte française qui croisait en vue de Naples, supportait avec résignation les affronts que lui faisait subir le gouvernement de Paris. Il accepta même qu'un représentant officieux de la République s'installât à Rome. Hugon dit de Bassville, dont les principales fonctions consistaient à espionner la cour pontificale et les émigrés français, renseignant son gouvernement sur " la force militaire de la canaille sacerdotale" et sur les moyens d'existence des Français en exil, sans oublier "les demoiselles Capet " que ce singulier ministre faisait surveiller par des agents à sa solde. " |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Ven 14 Mai - 23:32 | |
| "Animé d'un beau zèle révolutionnaire, Bassville donna l'ordre au secrétaire de la légation de repeindre les écussons du Consulat et de l'Académie, en sustituant à la Couronne le bonnet phrygien et aux fleurs de lys le faisceau du licteur. le peintre Girodet , pensionnaire de l'Académie , entreprit ce travail ce travail , auquel s'opposa le cardinal de Zelada , secrétaire d'état.
Les Romains souhaitaient d'en finir avec les Jacobins français : une échauffourée fit quatre morts parmi les jeunes gens de l'Académie , et Bassville lui-même , frappé d'un coup de rasoir , mourut des suites de sa blessure. Les émeutes qui troublaient la paix de Rome en janvier 1793 reprirent de plus belle le mois suivant, quand parvint la nouvelle de l'exécution de Louis XVI. On réclama l'expulsion de tous les Français, à l'exception des tantes du roi martyr, dont la douleur poignante arrachait des larmes à ceux qui les approchaient.
Le Vatican s'efforçait de calmer les esprits. Pie VI , résistant aux sollicitations des émigrés , hésitait à prendre nettement le parti de la royauté, en reconnaissant Louis XVII , et répondait au comte de Provence, " régent du royaume", qu'il attendait pour se prononcer la décision des puissances. Le supplice de Louis XVI avait pourtant bouleversé Pie VI. En consistoire secret , le pape a fait son oraison funèbre ; mais qu'il faudra l'intervention du cardinal de Bernis pour qu'il consente à célébrer officiellement un service à la mémoire du roi de France. " |
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| Sujet: Re: Madame Adélaïde Sam 15 Mai - 17:21 | |
| "Mesdames , en grand deuil ,ne sortaient plus du palais Carolis . Elles tremblent maintenant pour les autres membres de la famille royale que les Jacobins gardent prisonniers , tout en conservant une lueur d'espoir dans le succès des opérations militaires. Dumouriez , le vainqueur de Valmy et de Jemappes , a été vaincu à son tour. La prise de Toulon , le siège de Lyon, la Vendée en révolte semblent justifier l'optimisme de ceux qui croient encore à la victoire de l'ordre. Mais le 2 août 1793, Marie-Antoinette a été transférée du Temple à la Conciergerie, et Madame Adélaïde informée écrit à la Comtesse d'Osmond le 1er septembre : "
Comme cette malheureuse reine a parlé à tous ces gueux ! Qu'elle est grande dans son malheur !" Adélaïde songe t-elle alors au passé et regrette-t-elle d'avoir été jadis trop sévère pour la reine, cette femme que l'adversité a rendue si forte et que la souffrance auréole déjà du nimbe des martyrs ?
Les insurrections du sud-est ont apporté à Madame Adélaïde un peu de réconfort. Elle mande le 6 septembre à la Comtesse d'Osmond : "Les nouvelles de Toulon sont excellentes. J'espère que toutes les provinces méridionales vont suivre le bon exemple. Lyon n'aura pas de peine ; il se signale bien. Voilà donc un coin du royaume où Louis XVII est tout à fait reconnu...."
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Sam 15 Mai - 20:20 | |
| - Madame de Chimay a écrit:
- Le supplice de Louis XVI avait pourtant bouleversé Pie VI. En consistoire secret , le pape a fait son oraison funèbre ; mais qu'il faudra l'intervention du cardinal de Bernis pour qu'il consente à célébrer officiellement un service à la mémoire du roi de France. "
Etrange en effet la réaction de ce pape qui, décidément, est bien long à la détente ! Après avoir laissé pourrir la situation du clergé avec la constitution civile du clergé qu'il a refusée jusqu'au bout malgré les tensions et la guerre civile qui en ont découlé, voilà qu'il a des scrupules à se positionner officiellement pour un simple office religieux.... Peur des représailles ? ou scupules face à sa position passée ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Sam 15 Mai - 22:28 | |
| En tout cas pour Mesdames , heureusement que Bernis était là , prêt à veiller au grain ! Et il est bel et bien monté " au créneau " pour elles. Bravo, chapeau pour le cardinal Bernis ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Sam 15 Mai - 22:34 | |
| Je vois que Adélaide reconnait tout de même le courage et la dignité de la reine, elle qui l'a tant dénigrée et critiquée! Mais je remarque, Adélaide n'était pas vraiment méchante mais plutot genre de fille qui jacasse avec les autres c'est connu ca, il y a toujours une fille jalouse qui essaye de trouver tous les défauts possibles et elle avait un sacré caractére aussi! Mais qui aura tout de même quelques conséquences facheuses! Merci madame de Chimay de nous faire profiter de vos lectures! Elise |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Sam 15 Mai - 23:06 | |
| Disons que Madame Adélaïde avait tout " d'une grande gueule" et que dans certaines situations , elle aurait mieux fait de la fermer. Mais elle a été là dans le malheur, près de la famille royale. Je pense qu'elle a essayé de réparer ses erreurs et que sa prise de conscience de la situation réelle du pays fut tardive.Mais Madame Adélaïde , c'était un coeur et une âme , somme toute une figure attachante de la famille royale de France.
Je continue leur histoire :
"Pie VI s'étant décidé à faire célébrer publiquement les obsèques de Louis XVI, Mesdames Adélaïde et Victoire se rendirent le 23 septembre dans la chapelle papale de Monte-Cavallo, où le pape officia lui-même en présence du Sacré Collège.
Quelques semaines après, le 12 novembre, Mesdames assistèrent à la cérémonie célébrée par le cardinal de Bernis en l'église Saint Louis des Français. Sur la façade , au-dessus de l'écu de France , encadré des palmes des martyrs, un cartouche énumérait les qualités du feu roi. A l'intérieur de l'église, tendu de drap noir, se dressait un immense dais suspendu au-dessus d'un mausolée, orné à son sommet d'une urne cinéraire portant l'effigie de Louis XVI, voilée de crêpe. une assistance nombreuse occupait la nef ; Mesdames de France et les membres du corps diplomatique se tenaient aux premiers rangs. Après la messe , cinq absoutes furent données par cinq évêques français.
Détail poignant : c'est le jour même de cette cérémonie que Rome apprit la nouvelle du supplice de Marie-Antoinette, exécutée le 16 octobre sur la place de la Révolution . Madame Adélaïde écrivit alors à la Comtesse d'Osmond : " Vous avez vu Madame, par ma dernière lettre que je n'étais pas encore instruite du comble de l'exécration et de nos malheurs...Il nous reste encore à craindre pour trois victimes, qui ne sont point encore sacrifiées. Mais que peut-on espérer de bon avec de tels monstres ?
En revanche, l'éxécution du duc d'Orléans réjouit Adélaïde ; l'abominable conduite du prince au procès de Louis XVI a rempli de dégoût cette âme droite et fière." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Sam 15 Mai - 23:45 | |
| Je poursuis donc.
"Si Mesdames espéraient encore en Louis XVII, prisonnier au Temple, la cour pontificale ne croyait plus au succès de la contre-révolution. La victoire des sans-culottes à Wattignies ( 16 octobre 1793 ; le jour même de l'exécution de la reine ), bloquait les coalisés dans le Nord de la France. D'autre part, Lyon et Toulon se sont rendus aux républicains ; et l'armée royaliste des Chouans et des Vendéens est taillée en pièces à Savenay dans la Loire Inférieure, à la fin de l'année 1793. Les Jacobins règnent par la terreur qui noie le pays dans des flots de sang.
C'est dans le deuil et la solitude que les filles de Louis XV passèrent à Rome la sombre année 1794. La porte du palais Carolis s'entre-bâllait parfois pour quelque visiteur illustre. Mesdames y reçurent , entre autres, la soeur du roi de Suède Gustave III, le neveu du roi de Pologne et le Prince Xavier de Saxe , frère de la dauphine Marie-Josèphe, le grand ami d'autrefois avec lequel Madame Adélaïde et Victoire purent évoquer un instant les jours heureux de la Cour de Versailles et les fastes d'un passé éblouissant qu'on ne reverra plus.
Les princesses n'eurent pas la consolation de recevoir , comme elles l'espérèrent longtemps la visite du Comte de Provence. Mécontent sans doute de l'attitude réservée du pape à son égard, " le régent du royaume" ne vint pas à Rome , se contentant d'adresser à ses tantes une lettre pleine de foi en l'avenir. " |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Dim 16 Mai - 10:15 | |
| "Et cependant la grande terreur de Robespierre sévissait à Paris pendant le printemps tragique de 94, en dépit des succès remportés sur les coalisés et de la victoire de Fleurus, qui ouvrait aux armées de la République la route des Pays-Bas. Mais les dieux avaient soif ; et Fouquier Tinville envoyait à l'échafaud des milliers de victimes. Parmi elles, il fallait compter-honte inexpiable ! -l'ange des fleurs de lys, la sainte et vaillante sœur du roi, Madame Élisabeth. et l'on peut être certain que si Adélaïde et Victoire n'avaient pas pris le chemin de l'exil , les filles de Louis XV eussent le même jour, marché au supplice.
La journée du 9 thermidor ( 27 juillet 1794 ), qui mit fin à la tyrannie de Robespierre et de la Commune de Paris, apporta un soulagement au palais Carolis. Un mois plus tard, Madame Adélaïde manda à la Comtesse d'Osmond : " Qu'avez-vous dit de la mort de Robespierre ? Paris est tout en combustion , tant mieux ! Il y a longtemps que je désirais tant cet état. Nous ne pouvons nous en tirer que par là ...Si nous avions eu une bonne guerre civile, à présent chacun serait dans son foyer ...La providence nous a punis, elle nous pardonnera...."
Le ton de cette lettre n'a rien de surprenant, si l'on songe à l'état d'âme de celle qui l'écrivit . Patriote , Adélaïde n'a jamais cessé de l'être, mais elle a tout perdu dans ce grand drame de la Révolution ; et puis, à ses yeux, la Patrie, déchirée par une bande de factieux sanguinaires, souffre un affreux martyre, dont seule pourra la délivrer l'armée de la contre-révolution. " |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Dim 16 Mai - 10:27 | |
| " A la fin d'octobre 1794 , le cardinal de Bernis tomba gravement malade. Son grand âge lui faisant craindre une mort prochaine, il ne voulut pas que Mesdames fussent présentes à ses derniers moments et il demanda au chevalier d'Azara , ministre d'Espagne auprès du Saint-Siège, d'héberger les princesses dans son palais de la place d'ESpagne. Elles venaient à peine de s'y installer que le cardinal de Bernis rendit son âme à Dieu. Les filles de Louis XV furent douloureusement affectées par cette disparition subite de l'hôte qui les accueillit avec tant de bonté sur la terre d'exil. Adélaïde fit part de son chagrin à la Comtesse d'Osmond : " J'ai été très fâchée de la mort du cardinal de Bernis ; indépendamment de l'amitié que j'avais pour lui et de la confiance et de l'utilité dont il nous a souvent été, je crois que c'est une grande perte pour la France dans le moment où nous nous trouvons. Le régent lui avait donné sa confiance ; aussi a-t-il bien senti sa perte..."Et elle ajoute , parlant des Jacobins qui se montrent un peu partout : "Malgré les terroristes , comme les appelle Mgr Caraffa, je crois que nous sommes bien en sûreté ici..."
Madame Adélaïde se trompait. L'esprit de sédition commençait de souffler sur Rome et l'Italie ; et la ville éternelle allait cesser d'être pour elle un refuge paisible. Les armées de la République en lutte contre les troupes sardes vont envahir la péninsule et trouver de nombreux alliés dans la population italienne , gagnée aux idées nouvelles." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Dim 16 Mai - 10:34 | |
| "Le 9 juin 1795 , mourait à la prison du Temple, victime de la cruauté de ses geôliers , l'enfant roi Louis XVII . Aussitôt le comte de Provence , régent du royaume, en résidence à Vérone , se proclama roi de France sous le nom de Louis XVIII et fut reconnu comme tel par tous les Français royalistes de France et de l'étranger. Au palais Carolis, Mesdames célébrèrent discrètement cet avènement , qui deviendra une réalité 19 ans plus tard, longtemps après leur disparition.
Lorsque le Directoire succéda , en octobre 1795 , à la Convention Nationale, on rendit la liberté à Madame Royale, la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette sur l'instigation du roi d'Espagne ; et ce fut pour Mesdames un grand soulagement d'apprendre que la petite princesse avait échappé au massacre et se trouvait en sûreté à la Cour de Vienne. Mais de nouvelles alarmes vont encore troubler la pieuse retraite des filles de Louis XV." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Dim 16 Mai - 17:19 | |
| "La Fuite à Caserte
Jusque là, Adélaïde et Victoire n'avaient couru aucun danger , vivant à Rome sous la protection du souverain pontife et entourées de l'amitié respectueuse du peuple romain. Soudain , au printemps de 1796, la foudroyante offensive des armées françaises dans le nord de l'Italie va les contraindre à quitter le lieu d'asile où elles comptaient vivre jusqu'à leur retour en France, dans la patrie pacifiée et réconciliée avec ses rois.
Le Directoire , pour en finir avec l'Autriche et ses alliés , avait ordonné une double action militaire , l'une confiée à Jourdan, qui commandait l'armée d'Allemagne, et l'autre à Bonaparte, chef de l'armée d'Italie qu'il mène à la victoire. Tout de suite, les troupes sardes sont dispersées et celles d'Autriche battent en retraite au pont de Lodi. Bonaparte entre à Milan, investit Mantoue, qui capitule après la victoire de Rivoli le 2 février 1797. L'armée pontificale , venue au secours des autrichiens, se disloque ; et le pape Pie VI signe le traité humiliant de Tolentino. Désormais, un ministre du Directoire représentera la France à Rome.
A l'approche du danger , Mesdames et leur suite quittèrent le palais Carolis , où s'abrita pendant près de six ans leur triste exil ; car on craignait à tout instant une incursion à Rome de l'armée des Jacobins." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Dim 16 Mai - 17:27 | |
| Si j'ai bien compris, Mesdames ont fui devant l'approche de Bonaparte ? Assez ironique, je trouve. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Dim 16 Mai - 17:30 | |
| Oui, chère Olivia , c'est tout à fait cela. Elles ont trouvé refuge chez le roi de Naples.
" Après un bref séjour à Albano , au sud de Rome, les tantes de Louis XVI sont parties pour Naples, se mettant sous la protection du roi Ferdinand IV et de sa femme Marie-Caroline, soeur de l'infortunée reine de FRance. Le roi de Naples et de Sicile offrit à Mesdames l'hospitalité dans le vieux château de Caserte, voisin du palais construit par Charles III d'Espagne, où résidait la Cour. Caserte était le Versailles des rois de Naples , à 24 km au nord de la grande cité, non loin de l'antique CApoue , chère aux romains de l'Empire, dans un site enchanteur, l'un des plus beaux de la Campanie.
Une dépêche du ministre de France à Naples , en date du 24 février 1797, signalait en ces termes au Directoire l'arrivée de Mesdames : " Les filles de Louis XV qui, depuis quelque temps, vivaient retirées à Rome, sont arrivées à Caserte avec 72 émigrés composant leur suite. La Cour les a reçues au palais et leur a fait un très bon accueil." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Adélaïde Dim 16 Mai - 17:39 | |
| Les mémoires de Madame la duchesse d'Abrantès sont en ligne et parlent de la vie de Mesdames à Caserte. |
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