Madame Adélaïde

Ah , heureusement que ce brave Bombelles est là !

Le grand tour revisité : Pour une archéologie du tourisme : le voyage des Français en Italie (milieu XVIIIe siècle - début XIXe siècle) de Gilles Bertrand
Ecole Française de Rome, 2008 : 92,15 euros

On y parle de Mesdames.

Rome et la Révolution Française : La théologie et la politique du Saint-Siège devant la Révolution Française (1789-1799)
de Gérard Pelletier
Ecole Française de Rome, 2004, 769 p : 62,70 euros

Résumé Amazone

"Les sources vaticanes sur la Révolution française méritent une étude méthodique, tout comme le travail des théologiens romains, dans la réponse aux courants réformistes qui agitaient alors l'Église. L'enjeu est de comprendre les réactions du pape Pie VI Braschi et de sa Curie à la Constitution civile du clergé et aux développements de la Révolution. La Curie étudie en parallèle les événements de France et les actes du synode diocésain de Pistoie (1786). C'est une théologie romaine de l'Église qui se construit face au gallicanisme, au joséphisme et au jansénisme : la situation particulière de l'épiscopat français en exil permet au Saint-Siège de valoriser sa primauté de juridiction. Après une présentation de Pie VI et de son pontificat, le travail des congrégations particulières pour les affaires de France est suivi pas à pas, dans la préparation des brefs, dans les conséquences du schisme, de la Terreur, de la campagne d'Italie, jusqu'à la mort du pape à Valence (1799). Le " martyre " du pape prépare-t-il aux yeux du futur Grégoire XVI " le triomphe " de l'Église ?"

Ce dernier notamment doit être intéressant je pense

Oui, je pense aussi. Quel dommage qu'il soit si cher !

Oui...mais peut-être que je l'achèterai quand même...si jen ai le temps

J'avoue ne pas avoir compris grand chose au résumé de ce livre !

Le titre résume très bien le livre je pense, enfin j'espère

Chou d'amour a écrit:

Oui...mais peut-être que je l'achèterai quand même...si jen ai le temps

Ben, pas moi !

Pour en revenir à nos moutons , c'est à dire Mesdames Tantes, écoutons l'abbé Baudeau récriminer contre ces vieilles toupies ( on peut dire au jour le jour, puisqu'il note ses impressions à chaud dans sa Chronique secrète ) ...

Par exemple, le mardi 12 juillet 1774 :

Le peuple de Paris est d'un mécontentement abominable contre le nouveau gouvernement, sur le bruit qui se confirme que le chancelier ( Maupeou ) et l'abbé ( Terray ) sont remis en faveur .
Ce sont les vieillles tantes qui s'agitent pour faire ce beau chef-d'oeuvre . Madame Adelaïde est une espèce de ministre : les comités sont chez la carmélite de Saint-Denis et chez l'archevêque de Paris , deux bonnes têtes !
C'est de là que partent les satires détestables qui courent contre la Reine .

.... jeudi, 14 juillet :

Il y a toute apparence que les vieilles tantes ont perdu leur procès contre la Reine . Tant mieux pour l'Etat, s'il est délivré de ces cabales et surtout de ces vieilles tantes, de la jésuitaille, prêtraille, et mitraille qui les mène par la lisière .

Peut-être avait-il peur d'un rival d'importance.

L'abbé Baudeau poursuit, le vendredi 15 juillet :

Le Roi s'est expliqué ces derniers jours avec la Reine . Il a dû lui tenir à peu près ce propos : " Vos petites courses légères ne réussissent point du tout dans ce pays-ci; elles font murmurer . A quoi la Reine a répondu : " Mais pourquoi donc ? Je n'y vois pas le moindre mal . C'est la coutume de Vienne et de ma famille ". A quoi le Roi a répliqué : " Mais vous n'êtes pas à Vienne, vous êtes en France; il faut en prendre un peu les usages " .
La jeune princesse a pleuré . Elle sait que les vieilles tantes lui ont joué ce tour-là .

Et Baudeau, qui ne peut décidément pas souffrir Mesdames, rêve que la Cour en sera bientôt débarrassée :

Elles joueraient de leur reste, s'il était vrai qu'on leur prépare le château de Commercy, en Lorraine . Quelqu'un vient de m'assurer qu'un architecte nommé Pellecau, avait fait le voyage tout expprès pour cet arragement-là .
Madame Adélaïde aura le titre de Gouvernante de Lorraine, et ses deux soeurs la suivront . Un beau présent à lui faire serait de lui donner par-dessus le marché la Carmélite, afin que nous restions tranquilles .

Quelle virulence, hein ! C'est fou !

Trois mots sur l'abbé détracteur de Mesdames :

Nicolas BAUDEAU est né à Amboise le 25 avril 1730.
Chanoine régulier de l'ordre des Prémontrés, qu'il quitte assez tôt, il prend la dénomination d'abbé Baudeau, et se signale pour la première fois en adressant au ministre Bertin un mémoire intitulé Idées d'un citoyen sur l'administration des finances du Roi, Amsterdam:[s.n.], 1763. Fondateur en 1765 d'un journal mensuel les Ephémérides du Citoyen, il le rallie en 1768 à la physiocratie. Ayant reçu de l'évêque de Wilna le bénéfice de prévôt mitré de Widziniki en Pologne, il en laisse la direction à Dupont de Nemours. De retour à Paris en 1774, il remet à flot le journal sous le titre de Nouvelles Ephémérides Economiques. Les attaques auxquelles il s'y livre contre les financiers signent la fin du journal et le font exiler en Auvergne.
Il meurt à Paris en 1792.

Ce devait être un choiseuliste.

Oui ! Il y a beaucoup de chances !

Et, pour en revenir à l'abbé Baudeau, il note le dimanche 7 août ( nous sommes toujours en 1774 ), mais cette fois sans incriminer Mesdames Tantes :

Les jeunes gens se boudent toujours à ce qu'on dit ; il y a des indignités contre la Reine . Le Roi a trouvé des écrits anonymes contre elle sous sa serviette . C'est une manoeuvre horrible .

C'est vrai que c'est un procédé particulièrement horrible. Et j'imagine que des gens devaient se délecter de voir la tête de Louis XVI.

C'était, en somme, juste avant la publication du fangeux Lever de l'Aurore .

Petite anecdote charmante issue des mémoires de Madame du Barry, je ne me souviens plus du jour exact, mais c'était en mai 1769.

Jeanne Bécu épouse du Barry reçoit une lettre anonyme lui recommandant de se rendre de nuit à l'adresse d'un appartement privé à Paris.

Celle-ci montre donc cette lettre à son ami le duc d'Aiguillon (nom à vérifier) qui reconnaît l'écriture de Madame la Comtesse de Narbonne (future Duchesse, Françoise de Chalus), Jeanne du Barry a une peur bleue de la princesse royale, comme tout le Monde. Jusque la naissance de Marie-Thérèse elle dominera la cour de son caractère... Jeanne se demande donc si on ne lui tend pas un piège de mauvais goût. Le Duc d'Aiguillon lui recommande à l'inverse de se rendre à l'endroit du rendez-vous comme indiqué, pensant que la Princesse Royale avait à lui proposer une quelconque alliance ou autre, imaginant mal Françoise de Chalus aller se compromettre auprès du Roi, vu sa situation qui n'était pas des plus aisée.

Ainsi donc, DB se rend au rendez-vous, et voici qu'arrive en grand habit de deuil noir, le visage caché par des voiles de même couleur, la Comtesse de Narbonne habillée dans sa tenue favorite pour aller intriguer. Elle lui propose une alliance avec Madame Adélaïde (Madame voit un double intérêt dans cette alliance, puisqu'elle se rachète auprès de son père après un incident très maladroit de sa part pour une histoire d'échange d'appartements avec la maîtresse en titre) allant déboucher sur une paix de courte durée et qui aura permis à Narbonne de gagner un peu de faveur royale (ce qui fut bon pour les finances du couple ducal qui bien qu'étant d'une des plus vieilles familles de France, n'avaient pas un sol de disponible)... En gagnant la paix d'Adélaïde, du Barry a gagné un temps la paix de la famille royale.

C'est assez intéressant et permet de comprendre le triptyque Antoinette - Adélaïde - du Barry, et que certains événements comme "Il y a bien du Monde aujourd'hui à Versailles" ne se sont pas faits sans appuis silencieux. Car comme l'ajoute plus tard DB a ses mémoires, "À Versailles, rien ne se passe sans qu'elle (Adélaïde) ne l'ait décidé auparavant". (1769)

Par ailleurs, en 1774 la suite de Madame Adélaïde sera composée de son ancienne suite ajoutée à celle de Madame du Barry, auxquelles viendront se greffer des déçus de Marie-Antoinette, comme une certaine Anne d'Arpajon, Comtesse de Noailles et Duchesse de Mouchy...

Oui, Valentino parle de cette alliance entre Madame Adélaïde et Madame Du Barry.

Il faut bien avouer que lorsqu'il y a un doute...

Cependant, Valentino comme le dit la Princesse de Chimay (qui a fait un travail remarquable sur ce sujet), parle de cette alliance, et Madame de Narbonne-Lara semble vraiment la seule apte à manigancer cela de par son ancien statut de maîtresse du roi et sa position dans la maison de Madame Adélaïde. Cela reste très plausible.

Mais l'intérêt ici est de montrer une certaine ambiance, Françoise de Chalus n'en aurait pas été à sa première intrigue en habit de deuil, et il se peut que l'ancienne maîtresse royale ait vraiment trouvé un grand intérêt à se faire bien voir de la favorite, les finances de la famille étant assez basses... Un peu de faveur royale apportant toujours un peu de beurre dans les épinards...

Qu'il n'était plus pardon !

Il est vrai que mesdames, et surtout madame Adélaïde, ne devaient pas être du genre à tolérer ce style de conversation...

Quoique. Personne ne sait vraiment ce que pouvaient bien se raconter ses dames quand elles étaient entre elles dans leurs cabinets...

Franchement, je ne crois pas qu'elles devaient avoir beaucoup d'expérience en la matière. A part quelques livres croustillants dans leur adolescence, elles ont dû mourir aussi virginales qu'au jour de leur naissance.

J'ai lu récemment "l'éducation sexuelle" du Grand Dauphin. A cette lecture, on comprend mieux les déboires de Louis XVI et Marie-Antoinette. Et j'imagine que cette innocence institutionnalisée devait être pire chez les princesses.

Je veux bien , mais, si Mme Adélaïde a réellement lu le Portier des Chartreux  ( que lui aurait prêté la comtesse d'Andlau ) ,  il y avait là de qui dessaler la plus obtuse !  
Comme dirait notre Princesse, oufti !!!!
Je crois que les dames de cette époque n'avaient pas froid aux yeux et n'étaient pas pudibondes .

La baronne d'Oberkirch en est outrée :

On est exposée à entendre et à voir bien des choses qui font rougir . Ici , ces dames trouvent cela tout simple; elles y sont accoutumées . Nous autres provinciales, nous n'avons jamais rien ouï de pareil, et cela nous blesse; aussi on nous traite de prudes . Est-ce une injure ?  J'ai souvent envie, quand j'assiste à tout ce qui se passe, de prendre cette épithète pour un compliment.

j'ai lu quelques part (je ne sait plus où) a propos de mesdames que personnes, à l'époque, n'aurait osé apporter le moindre doute concernant leurs mœurs.

C'est bien Madame Adélaïde, je crois, qui appelait madame de Pompadour "maman p*****" !

Citation :

Je veux bien , mais, si Mme Adélaïde a réellement lu le Portier des Chartreux  ( que lui aurait prêté la comtesse d'Andlau ) ,  il y avait là de qui dessaler la plus obtuse !  
Comme dirait notre Princesse, oufti !!!!
Je crois que les dames de cette époque n'avaient pas froid aux yeux et n'étaient pas pudibondes .

La baronne d'Oberkirch en est outrée :

On est exposée à entendre et à voir bien des choses qui font rougir . Ici , ces dames trouvent cela tout simple; elles y sont accoutumées . Nous autres provinciales, nous n'avons jamais rien ouï de pareil, et cela nous blesse; aussi on nous traite de prudes . Est-ce une injure ?  J'ai souvent envie, quand j'assiste à tout ce qui se passe, de prendre cette épithète pour un compliment .

L'un n'empêche pas l'autre. Quand j'étais ado existait une émission de radio très très hot et très connue, défrayant la chronique à l'époque, Lovin'Fun. Je l'ai écoutée dès l'âge de 12 ans, tout le long de mon adolescence. Tout y était décortiqué dans les moindres détails, des comités de vertu offensée s'en plaignant régulièrement. Eh bien je t'assure que bien plus tard, j'étais toute aussi innocente qu'une licorne.
Pour dire que malgré un contexte très ouvert, libertin à l'extrême, avec des Richelieu dans les parages, on peut rester blanches comme neige.