Révolution et violences

" Eux aussi auront la permission de séjourner à l'infirmerie.
M. Pasquier avait refusé le serment et s'était retiré à Lagny où une de ses soeurs religieuses de la COngrégation de Valdosne, à Charenton, chassée de son cloître par la Révolution, était venue vivre avec lui après sa sécularisation. Pourquoi se trouvait-il à Meaux le 24 août ? Mystère. Toujours est-il qu'il y fut arrêté par le citoyen Hildevert Lefèvre , dit la Botte sur l'ordre formel du commandant Dumey.
Jean Lemaire , grand chapelain de la cathédrale est aussi arrêté.
M. Meignien n'a pas 40 ans . Il est meldois et est né en 1752 d'un père meunier dont le commerce faisait la richesse de la cité. Il a été ordonné en 1780 et depuis 1782 attaché en qualité de vicaire à la paroisse St Nicolas. Il est , de la sorte, resté jusqu'à la Révolution, le collaborateur de M. Duchesne, apprenant de lui la fermeté dans les principes et l'attachement indéfectible aux autorités spirituelles. Il avait quitté St Nicolas en 1789 pour devenir aumônier de l'hôpital général. Il était resté à Meaux demeurant chez sa mère. "

En donnant de larges extraits du livre sur les prêtres massacrés à Meaux, c'est une sorte d'hommage que je veux rendre à leur mémoire. Il est important de les connaître et de les faire aimer.

Concernant les lieux où se sont produits les massacres de septembre, l'un des seuls qui existent encore à Paris et l'ancien couvent des carmes, dont la chapelle peut quelquefois se visiter.




Aux carmes furent massacrés des prêtres, les premiers d'une longue liste.

On peut y voir, outre la chapelle, la sacristie où l'ignoble Maillard (sa présence au couvent n'est pas certaine, car on le signale aussi à l'Abbaye. En tout cas, il a participé aux tueries) avait dressé un semblant de tribunal.




Visible également, la porte donnant sur le jardin, où les prêtres furent massacrés.



Au bas des marches, une plaque a été posée, avec une inscription en latin signifiant "c'est ici qu'ils tombèrent".


En dessous de la chapelle se trouve la crypte. A la Restauration, les ossements qui avaient été jetés dans un puits on été retrouvés et placés dans des ossuaires. Tout les prêtres qui trouvèrent la mort aux Carmes, massacrés par les révolutionnaires ont été proclamés "Bienheureux" par le pape.

Par ce soupirail, les massacreurs auraient jetés les corps de leurs victimes dans la salle en dessous.


Plaque commémorative sur les murs devant le couvent.

Merci pour toutes ces photos. C'est un bel hommage que vous rendez à toutes ces victimes !
Merci.

Oui c'est un lieu très émouvant que j'ai pu visiter lors de journées du patrimoine : le jardinet est si calme , alors que de l'autre côté du mur se trouve la bruyante rue de Vaugirard !

ça n'a rien à voir , mais cette église baroque du début du XVIIème siècle , est la première de Paris à avoir été dotée d'une coupole

Que voici un poignant reportage !  cette porte, ce perron ......  brrrrrrr !   Cela fait froid dans le dos .

Si vous avez l'opportunité de visiter ce lieu, dans la crypte qui se trouve sous la chapelle, on peut voir les ossements des victimes à travers les ossuaires. Attention donc pour les âmes sensibles.

Sinon, une photo des jardins :

Qu'ils reposent en paix ...

Voici l'illustration du massacre des prêtres à la prison des Carmes , dans le livre d'Alain Decaux qui raconte la Révolution Française aux enfants :


Bien à vous.

Quelle horreur !

Quand je pense qu'il y a des gens qui essayent de justifier ce genre de choses.

Oui, c'est affreux !
Mais de parler d'eux et de leur Mémoire, c'est le plus bel hommage que l'on puisse leur rendre.

Merci Majesté pour cette illustration ! C'est pour cela que je me disais que je connaissais ce perron.

" Tous sont accusés d'avoir suscité des troubles par la manifestation d'opinions anticonstitutionnelles.
Jacques Hébert , avant d'être curé de Segy , avait été vicaire à Quincy de 1772 à 1774. Puis il fut curé de Segy de 1776 jusqu'au 7 février 1792. Rien ne subsiste de ce que put faire, dans le petit village de Brie dont il était le pasteur, le saint prêtre dont nous évoquons le souvenir...Les registres de la paroisse sont perdus et l'église aura bientôt disparu elle-même.
Dans un repli de terrain , à flanc de coteau , en contre-bas du gros bourg de Quincy, les maisons du hameau s'écroulent une à une. Ceux qui se saisissaient de M. Hébert, ne pouvaient espérer que, 140 ans plus tard, son ancienne cure connaîtrait une telle désolation. Chassé de Segy , le prêtre est venu se réfugier à Meaux où il est arrêté par la bande d'Hildevert Lefèvre et mis en prison avec les autres prêtres. "

Le révolutionnaire Hildevert Lefèvre est passé à la postérité. Car on a fait l'honneur de donner son nom à une rue.

"Parmi les autres prêtres arrêtés , notons M. Louis-Georges David, curé de Villiers sur Morin. Il est âgé de 53 ans et a été curé pendant 31 ans. En 1791 , il a refusé le serment et a été remplacé par le frère même de l'aumônier de l'hôpital général avec lequel il allait être incarcéré -Victor Meignien , triste personnage appelé , plus tard, après son sacerdoce constitutionnel à être , pour faux, condamné aux galères...

Chassé de Villiers , M. David était , comme M. Hébert, venu se réfugier à Meaux. Il y est découvert le soir du 24 août : " lui aussi , affirment les gardes nationaux , " a fomenté des troubles d'abord en la paroisse où il était curé , et ensuite ici, où il est venu depuis quelque temps, pour exciter de pareils troubles..."Provisoirement et toujours pour le mettre en sûreté , il rejoindra en prison ses 4 confrères déjà incarcérés.

Le château de Meaux renferme maintenant 5 des victimes du 4 septembre ; 2 autres vont encore y être amenés avant la date fatale. "

Demain sera le jour commémoratif du jour où ils ont été tués ! ( à savoir le 4 septembre ).

Nous sommes le 4 septembre ! Rendons-leur hommage.
Je continue donc.

"Les dernières arrestations


" Il ne semble pas que les arrestations , opérées le 24 août , aient causé dans Meaux une bien profonde émotion...
A cette date, la population se préoccupe surtout de préparer la réception des électeurs de Seine et Marne qui doivent , le 1er septembre , se réunir ici pour nommer les députés à la Convention : plus de 700 citoyens vont arriver et il faudra les loger , les nourrir , leur assurer une hospitalité agréable pendant les quelques jours que dureront les scrutins : l'ancienne abbaye St Faron a été choisie pour ces réunions, et on est fort affairé à son aménagement.

Les nouvelles toutefois entretiennent dans les esprits cette excitation qui a déjà provoqué l'incarcération de M. Duchesne et de ses confrères. A la frontière de l'Est , les succès des Alliés s'affirment : le 19 août, Luckner a été battu à Fontenoy ; le 23 , Longwy est tombé aux mains de l'ennemi ; Thionville et Metz sont menacés...
Devant des faits si tragiques , peut-on supporter que, à l'intérieur , un clergé insoumis sème la révolte , prépare la trahison , alors que toutes les énergies devraient se dresser contre les envahisseurs ?"

" Ces propos , venant de la tribune de l'Assemblée , où Vergniaud, Cambon, Henry-Larivière , Delacroix , ne cessent de les tenir , sont répétés par les nombreux soldats qui passent ...
On connaît ainsi tout de suite , le décret , vôté le 26 , qui exige la sortie immédiate , hors de FRance , de tous les prêtres insermentés : le choix leur est laissé entre l'exil volontaire dans les 15 jours , ou passé ce délai , la déportation à la Guyane...N'est-ce pas le meilleur encouragement à l'oeuvre si bien commencée par les patriotes , le 24 ?
Une occasion s'offre à eux , le 27 de la continuer avec l'arrestation de l'ancien curé d'Hautefeuille . "

" Celui-ci , M. Paul-Louis Gaudin avait débuté dans le ministère en 1762 ( il était alors âgé de 23 ans ) comme chapelain de la cathédrale de Meaux ; en 1777, il avait reçu la direction de la paroisse où la Révolution devait le trouver-petite paroisse briarde , perdue à quelque trois lieues au sud-ouest de Coulommiers , entre la forêt de CRécy et la forêt de Malvoisine...

Quans était venu le moment du serment , il avait eu la faiblesse d'y souscrire et l'avait prêté " pur et simple"...Bientôt , mieux instruit , il avait compris l'étendue de sa faute : courageusement , il s'était sans hésiter , rétracté...après un tel geste , il ne pouvait plus être ignoré : sa déchéance avait été prononcée , le 24 juin 1791 , par le département et il avait dû s'éloigner d'Hautefeuille.
Depuis le début de 1792, il était à Meaux : c'est là que les " citoyens soldats" d'Hildevert Lefèvre le trouvent le 27 août.

Escorté par eux, il se présente devant le Bureau permanent de la Commune et l'habituelle comédie se répète-mais cette fois, à en croire le procès-verbal , aucune violence n'est exercée contre le prêtre : c'est lui-même -et la chose semble bien étrange -qui, "craignant l'émeute, prie et requiert qu'on le mette en état de sûreté", c'est lui-même qui , pour cela, indique " la maison et le lieu déjà choisis par plusieurs de ses confrères"...On ne fera donc que " remplir son voeu" en le mettant en état d'arrestation, jusqu'à nouvel ordre...Ainsi va t-il , soi-disant " volontairement " , grossir au Château le nombre des prisonniers."

" De jour en jour , cependant les événements qui se précipitent, accroissent à Meaux la surexcitation ...l'Assemblée , en apprenant la prise de Longwy , a décrété , le 27 , que le département de Paris et les départements voisins " fourniraient à l'instant , 30 000 hommes armés et équipés" ; Servan , le ministre de la guerre , a déclaré , à cette même séance , que la capitale était couverte , au Nord , par le camp de Soissons et que les nouvelles troupes se grouperaient autour de Meaux pour défendre l'Est.

C'est à Melun , à l'Assemblée départementale , qu'on prépare cette installation du nouveau camp -mais on conçoit l'énervement des Meldois en songeant qu'ils vont bientôt peut-être se trouver en pleine bataille , et que, pour ces troupes prochainement réunies aux alentours de leur cité , celle-ci sera le centre où il faudra grouper tout l'armement , tout l'équipement , tout l'approvisionnement nécessaire..."

" Les prêtres n'en sont pas oubliés pour cela : les jacobins de la garde nationale veillent jalousement sur les 6 prisonniers.
Mais bientôt un septième vient s'ajouter sur la liste. Il s'agit de M. Jacques-Marie Capy , né en 1735, ordonné en 1763. Il avait commencé sa carrière écclésiastique comme vicaire à St Jean les Deux Jumeaux ; mis en 1783 , à la tête de la paroisse de Coulommes , il avait , pendant 9 années , exercé avec zèle son ministère.
Bref, il est retrouvé à Meaux le soir du 30 août. Comme ses confrères précédemment appréhendés, il est aussitôt conduit à la Maison Commune. Sept prêtres y sont maintenant renfermés et ce seront les sept victimes écclésiastique de la journée du 4 septembre.

Pourtant , il n'y a pas qu'eux au château : 27 autres prisonniers s'y trouvent pour le moment : 2 pour dettes et 25 pour des délits de droit commun. De ces 27 prisonniers , sept seront , sans raison, égorgés avec les prêtres , en cette journée de " névrose révolutionnaire ".

Merci, chère Princesse, pour cette mémoire de ces victimes que vous nous permettez de conserver !

Bien à vous.

Merci Majesté mais je n'ai pas fini mon livre. Je n'en suis qu'à la page 39( sur 178 pages ). C'est que je tiens à faire connaître tout ce qu'ont enduré et souffert ces victimes de Meaux.

Pour continuer sur le sujet, citons également l'affreux Grammont.

Cet acteur de théâtre, un ancien mercenaire du duc d'Orléans, qui a été adjudant dans la garde National aux côtés de Ronsin, a également été mêlé aux massacres de septembre. C'est au cours d'un de ses massacre, à Orléans, qu'il se serait vanté d'avoir bu du vin dans le crâne de l'une de ses victimes. (beurk !!!!)

Givrer, le mec !

C'est ce lamentable guignol, qui, le jour de l'exécution de la reine, s'est amusé à caracoler sur son cheval, autour de la charrette en brandissant son sabre et en braillant "la voilà, l'infâme Antoinette, elle est foutue les amis !" (enfin quelque chose du même genre)


Mais il aura son tour !

Arrêté avec son copain Hébert, il montera à son tour dans "la voiture à trente six portières", et sera guillotiné le 13 avril 1794. Détail sordide, Son fils de 19 ans sera guillotiné avec lui.

Ah, c'est sûr, dans la galerie des horreurs, ils sont légions...