Nos avis sur le film "Les Adieux à la Reine", avec Diane Kruger de Benoît Jacquot

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Pour l'avoir découvert tout récemment, je suis revenu sur l'impression catastrophique que m'avait donnée la bande annonce. Ce n'est pas si mal, les choses tombent juste à deux trois expressions près. Sauf le dénouement, la scène hallucinante du déshabillage, la mine de boule-dogue des Polignac dans le carrosse...
Mais pour le reste, c'est plutôt bien. C'est le point de vue des domestiques qui le rend intéressant (les deux abbés qui déboulent dans les commun pour danser la foiridon avec les soubrettes  m'ont beaucoup fait rire   ).

Ce que je trouve bien c'est le vent de panique sur Versailles qui se disloque .
Mais justement, le dénouement fiche tout par terre, la lectrice prise comme dans des tenailles entre Marie-Antoinette de braise et Yolande bloc de glace .

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 Ce que je trouve bien c'est le vent de panique sur Versailles qui se disloque .
Mais justement, le dénouement fiche tout par terre, la lectrice prise comme dans des tenailles entre Marie-Antoinette de braise et Yolande bloc de glace .

Mais oui... Tant que le film est fidèle au livre, c'est parfait. Il aurait dû s'abstenir de ces ajouts maladroits. Mais je n'ai encore vu aucun film idéal sur notre reine. Même l'Autrichienne comporte quelques défauts.  

Mais justement, je trouve le film scrupuleusement fidèle au livre .  

Mais non, voyons... Cette scène finale est du crû des scénaristes, non de Chantal Thomas.   Heureusement, l'ensemble de l'oeuvre, qui repose sur le livre, est assez consistant pour qu'on puisse envisager cette maladresse sous l'angle symbolique. Si tout le film n'avait comporté que les scènes de nus et de gondoliers, on aurait pu le jeter à la poubelle.  

pimprenelle a écrit:

Mais non, voyons... Cette scène finale est du crû des scénaristes, non de Chantal Thomas.    

Tu as raison, Sidonie se débrouille toute seule, laissée de côté . C'est de Mme de Polignac que s'occupe Marie-Antoinette :

  La Reine se baissa vers Gabrielle (    ) et la releva. " Laissez-vous faire, Madame.". Dans un silence de mort, elle ôta elle-même à son amie la robe vert pâle, commença de lui passer un jupon, et voulut elle-même lui enfiler ses bas . C'est elle maintenant qui était à genoux aux pieds de Gabrielle (    ). Elle avait le visage résolu, fermé. Une sorte d'énergie, de précision du désespoir l'animait. Gabrielle (    ) toute blanche et douce, fragile de la nudité d'une fillette, pleurait sans bruit .
 Oubliée, raconte Sidonie, je passai la robe fastueuse, de mon déguisement en personne de qualité .

Mais la variante est bien mince : Sidonie est tout de même bel et bien parée pour le sacrifice : être offerte en pâture aux assassins potentiels de Mme de Polignac .
Cela reste monstrueux .

Mais les relations entre les personnages sont toutes différentes. Chez Chantal Thomas, Madame de Polignac doit fuir et revêtir pour ce faire un déguisement, ce qui est conforme à la réalité historique, elle était forcée de voyager incognito.

Le roman invente là une scène totalement improbable, où la reine se charge elle-même d'habiller son amie. On y retrouve la sensualité des matières chère à l'auteur mais aussi l'illustration des rapports entre la reine et Gabrielle. En effet, la Gabrielle de Chantal Thomas exerce plus ou moins à son insu un pouvoir incommensurable sur la reine de France. Là, dans cette ultime rencontre, la reine est à genoux, au moment précis où elle va perdre celle qui représente tant pour elle.

Tout cela se tient admirablement, est dans la lignée de La lectrice adjointe et conforme aux témoignages historiques, qui mettent tous en avant l'espèce d'asujettissement de Marie Antoinette face à Madame de Polignac.

Le film brise cette relation duale en ajoutant le personnage de Sidonie, qui sort de son rôle de spectatrice pour devenir actrice. Une erreur, à mon avis, car ça déforce la tension et banalise les caractères. Perso, comme j'aime le film, je perçois cette scène symboliquement pour l'intégrer. Ou je la zappe.

pimprenelle a écrit:

Tout cela se tient admirablement, est dans la lignée de La lectrice adjointe et conforme aux témoignages historiques, qui mettent tous en avant l'espèce d'assujettissement de Marie Antoinette face à Madame de Polignac.

C'est tout à fait vrai, et parfois très choquant.
Loulou lui même ( !!! ) se met à genoux devant Mme de Polignac pour l'exhorter à ne pas quitter sa charge de gouvernante, nous dit Mme Vigée-Lebrun .      

pimprenelle a écrit:

Le film brise cette relation duale en ajoutant le personnage de Sidonie, qui sort de son rôle de spectatrice pour devenir actrice. Une erreur, à mon avis, car ça déforce la tension et banalise les caractères. Perso, comme j'aime le film, je perçois cette scène symboliquement pour l'intégrer. Ou je la zappe.  

Cela ne banalise pas énormément les caractères, je trouve, parce que Sidonie n'est que spectatrice et narratrice : désespérément second rôle .  Elle n'interfère jamais entre la reine et son amie, aux yeux desquelles elle n'existe tout simplement pas .

Citation :

Loulou lui même ( !!! ) se met à genoux devant Mme de Polignac pour l'exhorter à ne pas quitter sa charge de gouvernante, nous dit Mme Vigée-Lebrun .      

Ah oui, c'est vrai, j'avais oublié. Marie Antoinette se met aussi à genoux devant son amie pour la supplier de ne pas quitter la cour. Bon, on avait la génuflexion facile, au XVIIIe. Mais, tout de même, quelle inversion des rôles.  

Cette duchesse de Polignac, c'est pas possible, elle avait quelque chose...  

Citation :

 

pimprenelle a écrit:

Le film brise cette relation duale en ajoutant le personnage de Sidonie, qui sort de son rôle de spectatrice pour devenir actrice. Une erreur, à mon avis, car ça déforce la tension et banalise les caractères. Perso, comme j'aime le film, je perçois cette scène symboliquement pour l'intégrer. Ou je la zappe.  

Cela ne banalise pas énormément les caractères, je trouve, parce que Sidonie n'est que spectatrice et narratrice : désespérément second rôle .  Elle n'interfère jamais entre la reine et son amie, aux yeux desquelles elle n'existe tout simplement pas .

Oui, c'est vrai, et j'aime bien cette non existence de la lectrice, qui rend bien compte, à mon avis de la transparence des domestiques à l'époque. Même si Marie Antoinette était pleine d'attentions envers eux, ils n'en étaient pas moins à la fois les plus proches de l'intimité des grands, et les plus inexistants.

N'empêche que cette scène finale n'apporte rien au film, pour moi. Elle montre jusqu'où la lectrice poussait l'esprit de sacrifice, mais, ça, on l'avait compris, et jusqu'à quelle folie Marie Antoinette était prête à aller pour protéger son amie. C'est un peu tordu, mais ok... par contre, on aurait pu s'abstenir de faire se déshabiller le personnage devant la reine. Ca, c'est n'importe quoi.  

pimprenelle a écrit:

C'est un peu tordu, mais ok... par contre, on aurait pu s'abstenir de faire se déshabiller le personnage devant la reine. Ca, c'est n'importe quoi.

C'est un peu la cerise sur le gâteau annoncée par l'atmosphère glauque et saphique qui m'a indisposée pendant tout le film. J'ai tellement lu d'horreurs sur la reine et son amie .
Comme dans les pamphlets, toutes ces femmes s'aiment, se frôlent, se désirent, se retiennent ..... Le gondolier fait presque figure d'épi-phénomène, de cheveu sur la soupe . Tiens, un homme !

Ah, tu oublies les lettres de ses amants que Marie Antoinette brûle.  

C'est vrai, j'ai oublié ça ! Ah bon ? Marie-Antoinette brûle les lettres des ( nombreux ) amants de Mme de Polignac ?

Non, non... Marie Antoinette brûle les lettres de ses propres amants.

... encore plus fort !

Les Adieux à la reine sont quand même beaucoup moins hot que le film de Sofia Coppola, où l'on voit la reine nue faire l'amour avec Fersen.   Les pamphlets pornographiques sont misogynes et homophobes : l'amour entre femmes y est décrit de manière grotesque et vulgaire. Normal que cela choque. C'était fait pour ça, dans la France macho de l'époque. Mais le film de Benoît Jacquot n'a rien à voir avec un pamphlet. Prenez les (rares) pamphlets évoquant la relation de la reine avec Fersen : leur relation y est également décrite de façon vulgaire et ridicule (cf. dans les "Essais historiques", le passage sur "Fersenne" est graveleux, la reine est représentée comme une "dragueuse"). Et pourtant, nous savons que ces deux-là s'aimaient d'un bel amour.  

Citation :

Les Adieux à la reine sont quand même beaucoup moins hot que le film de Sofia Coppola, où l'on voit la reine nue faire l'amour avec Fersen.    

Je me souviens seulement de Marie-Antoinette en porte-jarretelles derrière son éventai .  

Très façon Goulue dans son bordel.

Roooh... très femme libérée plutôt.

Grosse pouf.

C'est de plus un contexte qui appelle l'imagination vers tout sauf le XVIIIe.

..... physiquement plutôt Jane Avril .

Eine grösse pouf??

Dans les Adieux à la reine également, le phrasé et les attitudes ne sont pas toujours très XVIIIème...

pimprenelle a écrit:

Grosse pouf.

C'est de plus un contexte qui appelle l'imagination vers tout sauf le XVIIIe.

Cela fait Moulin-Rouge. Très français pour des Américains !

Oui, mais y'a pas photo. Enfin... si, plus exactement, il y a des photos, et on ne peut que le déplorer.



Baïe ze wé, en passant, je n'étais pas encore tombée sur ce portrait si seyant :

Spoiler:

Reinette a écrit:

pimprenelle a écrit:

Grosse pouf.

C'est de plus un contexte qui appelle l'imagination vers tout sauf le XVIIIe.

Cela fait Moulin-Rouge. Très français pour des Américains !

C'est ça. Mademoiselle Coppola étale son ignardise.

Eurk, vraiment pas terrible !