Louis XVI, sa femme... et les affaires politiques

Cher Baron, je vous rejoins sur certains points : il est impossible de nier les formidables talents d'administrateur et de guerrier de NAPOLÉON. En matière civile, il a accompli un travail incroyable. Pour ma part, c'est le personnage que je déteste. Derrière les ors et la pourpre, se cache un colérique instable et démagogue, clinquant et vulgaire, misogyne et mégalomane. Heureusement qu'il y avait la classe de TALLEYRAND et JOSÉPHINE pour arrondir les angles...
Pour ses jugements sur la famille royale, ils sont à son honneur : il a reconnu la Reine innocente de l'affaire du collier, a condamné l'exécution de la Reine et de sa belle-sœur... et puis, pour Madame Royale : "c'est le seul homme de la famille". Venant de quelqu'un comme lui, c'est un sacré compliment !

CALONNE a écrit:

... et puis, pour Madame Royale : "c'est le seul homme de la famille". Venant de quelqu'un comme lui, c'est un sacré compliment !

Il faisait là un emprunt à Mirabeau !

Oui, de mère en fille...

CALONNE a écrit:

Heureusement qu'il y avait la classe de TALLEYRAND et JOSÉPHINE pour arrondir les angles...

Pour Joséphine c'est indéniable. Pour Talleyrand je suis plus dubitatif. Celui-ci fut une véritable girouette. Il a surtout servi ces propres intérêts. D'ailleurs il y a une très bonne caricature qui le représente :

Oui celui-là savait tourner sa veste. Mais un fin diplomate...

Si fin diplomate qu'il a pu traverser toutes les tourmentes de la Révolution à la Restauration.

"TALLEYRAND ? Hélas, il a tous les vices de l'ancien et du nouveau régime : libertin comme un grand seigneur, vénal comme sous le directoire, docile auprès du nouveau maître"... (Madame de STAEL).

Drôle d'oiseau tout de même, girouette politique ou homme d'Etat ? Oui, je sais : ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent . Néanmoins, agent général du Clergé en 1780 et évêque d'Autun en 1788, il va siéger aux Etats Généraux du printemps 89 .
C'est lui qui propose, en octobre, la nationalisation des biens . S'il n'est pas l'auteur de la Constitution civile du Clergé, il en approuve toutefois le principe .
Nous nous souvenons de sa célébration de la messe lors de la fête de la Fédération du 14 juillet 90 ; il célèbre donc, avec solennité , componction .... quand, se retournant discrètement vers l'abbé Louis, il lui glisse : " Surtout, ne me faites pas rire ! "

J'admire TALLEYRAND pour son esprit, sa classe de grand seigneur. A ses côtés, NAPOLEON fait vraiment figure de plouc bling-bling...
Le meilleur mot sur TALLEYRAND (le nom de son auteur m'échappe) :
"Comment voulez-vous que cet homme ne soit pas riche ? Il a vendu tout ceux qui l'ont acheté" !

Drôle d'oiseau tout de même, girouette politique ou homme d'Etat ? Oui, je sais : ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent . Néanmoins, agent général du Clergé en 1780 et évêque d'Autun en 1788, il va siéger aux Etats Généraux du printemps 89 .
C'est lui qui propose, en octobre, la nationalisation des biens . S'il n'est pas l'auteur de la Constitution civile du Clergé, il en approuve toutefois le principe .
Nous nous souvenons de sa célébration de la messe lors de la fête de la Fédération du 14 juillet 90 ; il célèbre donc, avec solennité , componction .... quand, se retournant discrètement vers l'abbé Louis, il lui glisse : " Surtout, ne me faites pas rire ! "

Quoi de plus normal pour un homme qui détestait l'église (on me force à me faire curé, on s'en repentira) !
En proposant la Constitution civile du clergé et en ordonnant ses premiers prêtres, il a tenu parole...

Il se démet de son évêché d'Autun en janvier 91 et, un an tout juste plus tard, le voilà parti à Londres avec une mission diplomatique : rallier à la cause de la Révolution le cabinet britannique .
C'est sans enthousiasme qu'il rentre à Paris après le 10 août . Comme il avait jadis approché Mirabeau, il fait de même avec Danton qui le charge d'une nouvelle mission en Angleterre .
Il y coulait des jours paisibles quand, le 5 décembre, une lettre est lue à la Convention, par laquelle lui, Talleyrand, offre ses services à Louis XVI !!!!!!
Il est décrété d'accusation, inscrit sur la liste des émigrés, mais toujours bien peinard dans la capitale british .
Fin janvier, il reçoit l'ordre de quitter l'Angleterre et passe dare dare au Nouveau Monde où il devient un buisness man épanoui ( affaires industrielles et financières ).
Il s'éclate dans cette nouvelle vie ! Il l'écrit à son amie Mme de Staël .
Finalement, justement sur les instances de Germaine, sa proscription est levée .
Il rentre à Paris, en septembre 96 .

Et ce n'est que le début !
Pour ma part, ses mots d'esprit sont incomparables.
Celui-ci est un joyau :
Un soir, au début de la Révolution, TALLEYRAND croise à l'opéra une femme qui louche de manière effroyable...
"Et comment vont les affaires du royaume, Monseigneur" ?
"Comme vous voyez Madame"...

Chou d'amour a écrit:

pimprenelle a écrit:

Chou d'amour a écrit:

Oui j'ai toujours pensé que Louis XVI et Marie-Antoinette avaient été au mauvais endroit au moment moment

Oh, Marie Antoinette, on n'a pas eu l'occasion de voir ce qu'elle aurait pu faire.

Oui et justement donc, j'aurais préféré la voir ailleurs, même si c'est antinomique par rapport à la passion que j'ai pour elle

Fondamentalement, moi aussi.

Mais, bon... avec Louis XVI, elle n'a pas eu la chance de montrer ce qu'elle valait non plus.

En politique non, mais pour le reste elle y est bien arrivé, quel talent!

baron de batz a écrit:

Pim a écrit:

Pourtant, Bonaparte va pouvoir, lui, monté du nulle part, faire tourner les forces et les centraliser autour de sa personne. Les temps n'étaient pas meilleurs, puisqu'il émanait de cette révolution.


Oui Bonaparte avait sans doute un charisme indéniable, que l'on aime ou pas. Regardez le début fin de sa règne de 100 jours et sa capacité à attirer une armée de 140.000 fidèles autour de lui en quelques jours pour marcher sur Paris.

On dira ce qu'on veut, il y a quelque chose de fondamentalement militaire dans le pouvoir. Les plus grands dirigeants sont souvent passés par les armes, d'une façon ou d'une autre. Jules a conquis Rome parce qu'il avait ses légions fidèlisées à vie. Auguste, même si ce n'était pas son truc, s'est arrangé pour avoir son triomphe tout de même. Bonaparte est de cette trempe-là. Louis XVI, bien que victorieux en Amérique, n'a pas su retourner cet élément à son avantage. Il a sans doute minimisé cet aspect-là du pouvoir.

Chou d'amour a écrit:

En politique non, mais pour le reste elle y est bien arrivé, quel talent!

Elle n'a pas pu montrer le quart du tiers de ce qu'elle aurait pu, elle était bridée dans tous les domaines.

En effet mais justement, nous pouvons voir comment elle a su contrer ces barrières pour mieux s'affirmer elle-même, en tant que femme et mère notamment, et ça c'est très intéressant aussi
Même en tant que reine d'ailleurs. La manière dont elle a contourné l'Etiquette est magnifique

Chou d'amour a écrit:

En effet mais justement, nous pouvons voir comment elle a su contrer ces barrières pour mieux s'affirmer elle-même, en tant que femme et mère notamment, et ça c'est très intéressant aussi
Même en tant que reine d'ailleurs. La manière dont elle a contourné l'Etiquette est magnifique

Boh... Elle a toujours dû se contenter de subterfuges pour exister. On sent sa frustration dans sa correspondance, et ça me fait de la peine.

Elle avait du potentiel c'est sûr, la Révolution lui a aussi permis de développer plus de capacités encore, mais oui elle avait de la marge. Le problème c'est qu'à cette époque rares sont les femmes qui ont pu vraiment s'affirmer

Ben, sa mère, sa sœur, la grosse Catherine... Et tout un tas d'aristocrates et de bourgeoises anonymes qui étaient plus libres de leurs faits et gestes que la femme de Louis XVI !

C'est vrai
Mais elles sont exceptionnelles tout de même, car oui elle n'avait aucune contrainte sociales

Mais je reste tout de même plus impressionné par Marie-Antoinette, c'est dire!

Qui est exceptionnelle ?

J'adore Marie Antoinette, c'est inconditionnel. Mais il faut bien avouer que les circonstances ne lui ont pas été favorables. A commencer par son mariage...

Il est certain que, contrairement à un certain "féminisme" qui apparaît frileusement à l'époque, l'image que les français avaient de ce que doit être une Reine de FRANCE est assez rétrograde et conservatrice...
Sois belle et tais-toi...
Pour LOUIS XVI, c'est tragique ce manque d'une "auréole militaire" mentionné par PIMPRENELLE : LOUIS XV avait, malgré ses faiblesses, de l'autorité et aussi sa beauté mâle, qui imposaient un certain respect. Le pauvre LOUIS AUGUSTE n'a pas apprit l'art de commander, ce côté "meneur d'hommes". L'épisode lamentable de la "revue" des troupes aux TUILERIES avant l'invasion du château le montre cruellement...
LOUIS XIII était un remarquable homme de guerre, LOUIS XIV avait affronté la fronde, LOUIS XV avait été présent à FONTENOY. Le "pauvre homme", lui, n'avait aucun prestige et en plus, il avait un physique et une allure de gros balourd... la totale...

CALONNE a écrit:

Pour LOUIS XVI, c'est tragique ce manque d'une "auréole militaire" mentionné par PIMPRENELLE : LOUIS XV avait, malgré ses faiblesses, de l'autorité et aussi sa beauté mâle, qui imposaient un certain respect. Le pauvre LOUIS AUGUSTE n'a pas apprit l'art de commander, ce côté "meneur d'hommes". L'épisode lamentable de la "revue" des troupes aux TUILERIES avant l'invasion du château le montre cruellement...

C'est en effet ce bien peu glorieux épisode que j'avais en tête en écrivant...

A qui la faute si le roi n'a pas de savoir pratique de la guerre et du commandement ?
s'il navigue avec facilité dans les ouvrages de poliorcétique (art des fortifications , de la défense et de la prise des places fortes), connaît ses classiques en matière d'ouvrages militaires mais n'a aucune pratique ? (alors même qu'il aime l'exercice et la dépense physique) :
à ses éducateurs, au premier chef à Louis XV qui n'a pas jugé bon de lui faire donner une formation militaire digne de ce nom....

Et même avec un bon savoir , une bonne maîtrise de l'art guerrier, on n'est rien sans ses hommes : Louis XIV, qui aimait -un peu trop la guerre et la conquête- sans son maître d'oeuvre Vauban n'aurait pas été très loin dans ses divagations d'expansion du territoire....