Louis XVI, sa femme... et les affaires politiques

Je ne me rappelle plus si je me suis exprimée à ce sujet, mais moi, j'admire le couple MA-Louis XVI dans le sens où ils étaient différents et ont fini tout de même par se rapprocher. Dans des circonstances assez dramatiques, certe; mais Marie Antoinette a sûrement fini par comprendre que c'était un homme sur lequel elle pouvait compter et admirer. Comme il le lui a montré pendant l'Affaire du Collier.

Liesel a écrit:

Je ne me rappelle plus si je me suis exprimée à ce sujet, mais moi, j'admire le couple MA-Louis XVI dans le sens où ils étaient différents et ont fini tout de même par se rapprocher. Dans des circonstances assez dramatiques, certe; mais Marie Antoinette a sûrement fini par comprendre que c'était un homme sur lequel elle pouvait compter et admirer. Comme il le lui a montré pendant l'Affaire du Collier.

Je trouve que Simone Bertière a très finement analysé leur relation : Marie Antoinette n'a pas pu aimer le mari en Louis XVI. Mais elle a reconnu ses qualités de père, d'abord dans son comportement envers leurs enfants, puis, au temple, en tant que père de famille, de pilier autour duquel tournait toute leur vie quotidienne. Elle, elle n'avait pas cette force d'organisation quotidienne.

Madame Bertière a ainsi très bien remarqué que, dans les symboles qui tenaient Marie Antoinette debout, son mari se substituera à sa mère. Après avoir appris de sa mère comment il faut mourir, elle l'apprendra de son mari.

Oui, savoir qu'il y est passé avant elle a dû lui donner plus de courage. Elle a du pensé beaucoup à leur union après sa mort et peut-être pensé à tous 'si seulement...' au sujet de leur mariage.

Liesel a écrit:

Oui, savoir qu'il y est passé avant elle a du lui donner plus de courage. Elle a du pensé beaucoup à leur union après sa mort et peut-être pensé à tous 'si seulement...' au sujet de leur mariage.

Elle a failli en mourir. Madame Royale rapporte qu'elle n'avait plus goût à rien. D'autres témoins le disent aussi, Marie Antoinette a été très malade de la mort du roi. Certainement, à plein de niveaux, elle a dû ressentir de la culpabilité. C'est très dur d'être celui qui survit.

Cela prouve qu'elle tenait au roi et qu'il lui était devenu indispensable. Et puis de toute tous les membres de sa famille proche physiquement, c'était le seul homme, comme son fils n'était qu'un enfant encore. Il était devenu son plus grand soutien, à mon avis.
De plus, elle a dû sûrement pensé que sa propre impopularité a fait du faire le plus grand tort à son mari et que donc, elle était peut-être en partie responsable de l'échec de Louis XVI...

Oui, je suis d'accord avec vous. Même si l'impopularité de Marie Antoinette était injustifiée, elle a dû penser qu'elle était en partie responsable de l'exécution de son mari. Et puis, comme toute la haine se focalisait sur elle depuis si longtemps, peut-être s'est-elle demandé pourquoi on ne l'avait pas sacrifiée, elle. De plus, elle pensait que son ami était un homme bon. Elle a certainement vécu son assassinat comme un fait particulièrement injuste.

Il a été leur soutien à tous au temple, je crois, parce qu'il avait cette bonhommie qui faisait défaut aux autres. Alors que les nerfs de Marie Antoinette ou Elisabeth lâchaient, Louis gardait son calme et organisait la vie de la famille. Sans lui, elles se sont retrouvées sans tête, littéralement.

Je suis d'accord. Je pense que ce sont leurs enfants qui les ont rapproché. En tous cas, ils ont donné un sens à sa vie, à Elle. Et lui ont ouvert de nouvelles perspectives, comme en témoigne cet échange musclé avec VERGENNES :
"Oubliez-vous que vous parlez à la sœur de l'empereur" ?
"Non Madame, je parle à la mère du dauphin de France".
Ce jour là, MARIE ANTOINETTE a dû réaliser certaines choses...

Oui... En même temps, c'est Vergennes qui le dit...

La maternité a mûri Marie Antoinette, mais ça ne s'est pas fait en un jour. Il n'y a pas eu de métamorphose spectaculaire, non plus. Bombelles s'offusquera encore longtemps des sorties de la reine et de la gouvernantes des enfants de France. Mais ces nouvelles expériences et ces nouvelles attaches l'ont ancrée plus profondément dans la vie, et dans la France.

De plus, comme nous l'avons dit, elles lui ont permis de découvrir une facette de son mari où il excellait. A en croire Madame Royale, son père était plus attentionné que sa mère, il pensait à ralentir l'allure pour qu'elle pût le suivre sur ses petites jambes.

pimprenelle a écrit:

Oui... En même temps, c'est Vergennes qui le dit...

La maternité a mûri Marie Antoinette, mais ça ne s'est pas fait en un jour. Il n'y a pas eu de métamorphose spectaculaire, non plus. Bombelles s'offusquera encore longtemps des sorties de la reine et de la gouvernantes des enfants de France.

Non, Pim ! Ce n'est pas qu'il s'en offusque vraiment ( pas comme un Vermond ou un Mercy en tous les cas ) . Il consigne ces sorties dans son journal entre mille autres détails infimes. Mais, même si Mme de Mackau lui affirme sans ambages que jamais gouvernante des Enfants de France n'a assumé sa charge avec autant de liberté, il aime Mme de Polignac, et ne lui lance jamais la pierre . Il ne se permet jamais non plus de juger la Reine .

Oh, si, quand même. Il ne les félicite pas ! Je n'ai pas l'extrait sous les yeux, mais ce n'est pas très laudatif.

Liesel a écrit:

Cela prouve qu'elle tenait au roi et qu'il lui était devenu indispensable. Et puis de toute tous les membres de sa famille proche physiquement, c'était le seul homme, comme son fils n'était qu'un enfant encore. Il était devenu son plus grand soutien, à mon avis.
De plus, elle a dû sûrement pensé que sa propre impopularité a fait du faire le plus grand tort à son mari et que donc, elle était peut-être en partie responsable de l'échec de Louis XVI...

En tout cas Louis XVI ne lui en savait pas gré dans son testament

Manquerait plus ça ! Elle n'y était pour rien ! Lui-même, au contraire, se sentait responsable des malheurs que sa femme endurait à cause des Français.

Oui c'est pour ça que je pense que c'est plus Louis XVI qui pouvait avoir ce genre de regret, car lui l'a effectivement montré. Marie-Antoinette je ne crois pas, mais comme elle n'avait rien à se reprocher c'est normal. Louis XVI lui avait conscience que c'est par ce mariage que sa femme a enduré tout ça...

Chou d'amour a écrit:

Oui c'est pour ça que je pense que c'est plus Louis XVI qui pouvait avoir ce genre de regret, car lui l'a effectivement montré. Marie-Antoinette je ne crois pas, mais comme elle n'avait rien à se reprocher c'est normal. Louis XVI lui avait conscience que c'est par ce mariage que sa femme a enduré tout ça...

Ce n'est pas parce que Louis XVI pouvait avoir ce genre de regrets qu'ils étaient épargnés à sa femme. Je pense, moi, qu'elle a pu tout à fait ressentir quelque chose de l'ordre de la culpabilité. D'abord parce que c'est un phénomène connu chez ceux qui survivent. Et Marie Antoinette ne faisait pas que survivre à son mari, au père de ses enfants, elle survivait aussi au roi de France... qui, fait inédit, avait été exécuté de sang froid par son propre peuple.

Le reine a très bien pu se demander pourquoi on avait assassiné cet homme si bon, alors que c'était elle qui était haïe. Elle a aussi pu se dire qu'il aurait été préférable pour ses enfants qu'il reste, lui, plutôt, qu'elle, parce qu'il était plus fort, plus stable...

Ce qui me fait penser ainsi, c'est aussi son état de santé qui ne cessait de se dégrader. Elle se trouvait peut-être bien faiblissante pour prendre soin de ses enfants.

Et, surtout, l'abattement qu'elle manifestera à la mort du roi. Elle a bien failli ne jamais se relever.

Sans essayer vraiment de démêler leurs responsabilités, à elle, à lui, Marie-Antoinette pouvait aussi, tout simplement, avoir le regret de n'avoir pas senti à temps le climat se dégrader autour d'eux deux, et l'ordre des choses basculer lentement, alors qu'il eût été peut-être encore temps d'infléchir dans une autre direction la marche des événements .

Tu crois ? Comment donc ? En négociant avec les factieux ? Pour être dépassés par ceux qui, déjà, œuvraient à l'établissement d'une république ?
La seule démarche constructive qu'ils auraient pu faire, c'est foutre le camp. Et la reine le savait depuis le début... ça la rongeait aussi, ça...

pimprenelle a écrit:

Chou d'amour a écrit:

Oui c'est pour ça que je pense que c'est plus Louis XVI qui pouvait avoir ce genre de regret, car lui l'a effectivement montré. Marie-Antoinette je ne crois pas, mais comme elle n'avait rien à se reprocher c'est normal. Louis XVI lui avait conscience que c'est par ce mariage que sa femme a enduré tout ça...

Ce n'est pas parce que Louis XVI pouvait avoir ce genre de regrets qu'ils étaient épargnés à sa femme. Je pense, moi, qu'elle a pu tout à fait ressentir quelque chose de l'ordre de la culpabilité. D'abord parce que c'est un phénomène connu chez ceux qui survivent. Et Marie Antoinette ne faisait pas que survivre à son mari, au père de ses enfants, elle survivait aussi au roi de France... qui, fait inédit, avait été exécuté de sang froid par son propre peuple.

Oui il est possible qu'elle ait ressenti des regrets de ce style, par contre elle ne les a pas vraiment formulés comme Louis XVI a pu le faire dans son testament
Elle s'en est forcément voulue de n'avoir pas pu empêcher la mort de son mari, mais a-t-elle eu des regrets bien plus vieux qui datent d'avant 1789, là c'est difficile à dire....

Non, je ne parle que des sentiments qu'elle peut avoir éprouvés à la mort de son mari.

A ce moment là elle ne pouvait qu'être effondrée d'avoir perdu son mari. Elle s'est senti d'un seul coup très seule, sans le soutien qu'il pouvait lui donner, un soutien de taille car même si Louis XVI était dépressif il était le roi. Marie-Antoinette devenait en quelque sorte le maître de famille...

Pourtant elle ne le mentionne qu'indirectement dans sa dernière lettre, tout en parlant de façon assez passionnée de ses amis qu'elle va quitter, et bien sûr de ses enfants. Dans ses dernières heures ses pensées se tournent vers ses amis, et sans doute vers une personne en particulier.

pimprenelle a écrit:

Tu crois ? Comment donc ? En négociant avec les factieux ? Pour être dépassés par ceux qui, déjà, œuvraient à l'établissement d'une république ?
La seule démarche constructive qu'ils auraient pu faire, c'est foutre le camp. Et la reine le savait depuis le début... ça la rongeait aussi, ça...

Non, non, Pim !   Je voulais dire bien en amont du malaise, quand la considération due à la Reine et sa popularité fondent comme neige au soleil .  On ne s'en prend pas encore à Louis, c'est Marie-Antoinette seule qui cristallise l'opprobre générale .
Elle s'en moque. Elle jouit de la tranquillité que donne la bonne conscience.  
Elle continue à s'isoler à Trianon, avec Mme de Polignac, pour fuir ses devoirs de représentation .   Elle n'assume pas son métier de reine, force nous est de le reconnaître .  Et Yolande l'encourage dans ce sens .......  
A partir de là, ses ennemis et détracteurs auront la partie belle pour la dénigrer. Leurs calomnies pourront éclore, s'épanouir et porter les fruits de la haine .  On en verra la démonstration éclatante lors du scandale de l'affaire du Collier, péface de la Révolution a dit Goethe  .

Tu as raison et en ce temps là Marie-Antoinette, ainsi que Louis XVI d'ailleurs, n'avaient pas encore conscience du danger  

baron de batz a écrit:

Pourtant elle ne le mentionne qu'indirectement dans sa dernière lettre, tout en parlant de façon assez passionnée de ses amis qu'elle va quitter, et bien sûr de ses enfants. Dans ses dernières heures ses pensées se tournent vers ses amis, et sans doute vers une personne en particulier.

En effet, baron, Marie Antoinette ne peut pas dire qu'elle souffre de laisser son mari tout seul... puisqu'il est déjà mort ! Mais l'hommage qu'elle lui rend est superbe. C'est lui qu'elle va rejoindre... et non pas un quelconque château en Suède.

Citation :

Non, non, Pim !   Je voulais dire bien en amont du malaise, quand la considération due à la Reine et sa popularité fondent comme neige au soleil .  On ne s'en prend pas encore à Louis, c'est Marie-Antoinette seule qui cristallise l'opprobre générale .
Elle s'en moque. Elle jouit de la tranquillité que donne la bonne conscience.  
Elle continue à s'isoler à Trianon, avec Mme de Polignac, pour fuir ses devoirs de représentation .   Elle n'assume pas son métier de reine, force nous est de le reconnaître .  Et Yolande l'encourage dans ce sens .......  
A partir de là, ses ennemis et détracteurs auront la partie belle pour la dénigrer. Leurs calomnies pourront éclore, s'épanouir et porter les fruits de la haine .  On en verra la démonstration éclatante lors du scandale de l'affaire du Collier, péface de la Révolution a dit Goethe  .

Ouais, ben je pense que, même si elle avait rempli ses fonctions de reine, on l'aurait accusée des pires maux. On aurait monté un autre type de conspiration contre elle. Plus d'un voulait sa peau, en tant que maillon faible du trône de Louis XVI, et ils l'ont eue, c'est tout.

A mon avis, bien sûr, qu'elle a eu des regrets, dans ces derniers jours... elle a dû ressasser et culpabiliser à fond... Mais c'était à tort. La révolution et son cortège de malheurs, Marie Antoinette n'y pouvait pas grand chose, et ce n'était pas un dîner ou une audience publics en plus ou en moins qui y aurait changé tripette !  

Chou d'amour a écrit:

A ce moment là elle ne pouvait qu'être effondrée d'avoir perdu son mari. Elle s'est senti d'un seul coup très seule, sans le soutien qu'il pouvait lui donner, un soutien de taille car même si Louis XVI était dépressif il était le roi. Marie-Antoinette devenait en quelque sorte le maître de famille...

Oui, et je crois qu'elle ne s'en sentait pas du tout capable. Ce qui ressort du mémoire de Madame Royale, c'est que sa mère a comme démissionné dans la douleur. C'est Elisabeth qui a repris le flambeau de son frère.