Biographie/ Mme Elisabeth

Bonsoir à tous,
meme si je ne viens pas aussi souvent qu'avant j'essaie toujours de suivre vos conversations passionnantes ; je voulais savoir si l'un de vous a lu la dernière biographie sur Madame Elisabeth et ce qu'il en pense?
Cordialement et au plaisir de vous lire

Pas encore, mais cela ne saurait tarder !!!
Car le titre du bandeau, me laisse perplexe !!! "celle qui aurait dû être roi"

dans les pages précédentes nous avons évoqué le livre de Madame BERNET qui est arrivé en librairies juste pour l'exposition à MONTREUIL !!!
elle n'apporte rien de nouveau pour les érudits sur le sujet, mais pour les personnes intéressées par MADAME ELISABETH après une visite de son domaine, il est intéressant, facile à lire, avec quelques erreurs mentionnées sur le BOUDOIR !!!

MARIE ANTOINETTE

Le "cher Ange" versant dans l'intrigue de cour ?

Merci ! Je connaissais les grandes lignes de cette intrigue par Bombelles qui, bien sûr, prend le parti de Mme de Mackau .
Voici ce que dit Diane de Polignac de Mme d'Aumale :

Elle avait inspiré à la jeune princesse un attachement qui ne fit qu'augmenter avec les années, et depuis que Madame Elisabeth eût acquis sa liberté, la comtesse venait souvent passer des heures avec elle . Cette dame fut éloignée de la Cour pour des raisons inconnues du public . Madame Elisabeth avait alors seize ans . Elle était timide et n'osait se permettre de faire au roi la demande la plus simple, mais en apprenant la disgrâce de la comtesse,  son amitié pour elle et sa reconnaissance pour les conseils qu'elle en avait reçus, lui firent surmonter son extrême timidité  . Elle fut chez le roi et, sans s'écarter du respect qu'elle devait à son souverain, sans chercher à pénétrer ses raisons, elle lui fit connaître tout ce qu'elle devait d'amitié et de reconnaissance à la comtesse, et lui demanda avec autant de décision que de fermeté et de sensibilité la permission de continuer une liaison aussi satisfaisante pour son esprit et pour son coeur. Louis XVI, plein d'estime pour les sentiments qu'il découvrait dans l'âme de cette jeune princesse, lui accorda sa demande sans hésiter .

(  Revue d'histoire de Versailles, 1907, article de M. Fennebresque )

De rien.
Ces intrigues de cour sont passionnantes.
Marie-Antoinette était très influençable ceci dit. On cherchait à la manipuler en permanence. Quelle vie !

La gouvernante des Enfants de France, Mme de Marsan, avait été jusque là très peu secondée . Sa survivancière, Mme de Guéménée, ne songeait qu'aux plaisirs . La sous-gouvernante Mme de Butler était une créole molle et insuffisante . Mme de la Ferté-Imbault aurait christianisé à outrance les petites princesses ( Clothilde et Elisabeth ) . C'est alors que Mme de Marsan se sentant vieillir et écoutant les dames de Saint-Cyr, jeta les yeux sur Marie-Angélique de Fitte de Soucy, veuve de M. de Mackau, retirée à Strasbourg où elle vivait chichement avec ses deux filles .

J'ai profité de mes vacances pour terminer de lire les piles de bouquins que j'avais commencé à lire, sans les terminer.  Parmi eux, la bio de Mme Elisabeth par Anne Bernet.
C'est un livre très intéressant, qui paraît bien cerner la personnalité de Mme Elisabeth et met en lumière ses interactions avec la famille royale. Longtemps "sous la coupe" de Louis XVI et Marie-Antoinette (la reine constituera la quasi-totalité de son entourage), Anne Bernet montre comment cette princesse a progressivement pris son indépendance. A. Bernet croit penser que la religiosité de Mme Elisabeth trouverait son origine dans la mort de Mme Sophie (fille de Louis XV), qui l'aurait beaucoup affecté. Elle en aurait conçu une sorte d'obsession de donner un sens à sa vie, à travers Dieu et la religion.

Alors qu'elle n'hésite pas à égratigner Marie-Antoinette (souvent de façon injustifiée), Anne Bernet fait en revanche preuve d'une très grande indulgence vis-à-vis de Mme Elisabeth. Indulgence injustifiée à mon sens car finalement Mme Elisabeth est un personnage assez déplaisant. Fervente catholique, comme chacun sait, Madame Elisabeth était franchement réactionnaire. Opposée aux philosophes (à l'inverse de Marie-Antoinette), elle était extrêmement antisémite (une lettre au sujet des Juifs, qu'elle envoie à la marquise de Bombelles n'est pas piquée des hannetons  ). Elle n'a jamais accepté la Révolution. A côté d'elle, Marie-Antoinette fait figure d'une modérée. Nulle surprise, dans ces conditions, que les deux femmes ne se soient jamais appréciées, même si la tragédie les a contraint à se serrer les coudes, notamment au Temple. Outre que leurs modes de vie étaient aux antipodes (d'un côté, Marie-Antoinette, aimant la parure, les fêtes etc... de l'autre, Madame Elisabeth la "coincée"), l'une était manifestement beaucoup plus ouverte aux nouvelles idées que l'autre. L'attitude de Mme Elisabeth, sa correspondance avec les princes émigrés ne paraît pas avoir choqué Anne Bernet. Elle me choque quant à moi, car ce faisant, elle bravait l'interdiction de Marie-Antoinette. La reine avait raison de se méfier des princes qui jetaient de l'huile sur le feu depuis l'étranger et refusaient, à l'inverse du roi et de la reine, tout compromis avec les révolutionnaires.

Je ne connaissais pas cette bio. Merci pour cette intéressante analyse.  
Dans le son journal, Bombelles, pourtant fervent croyant, craint de voir la jeune princesse plonger à ce point dans la religion.

De rien ! Je te la recommande. Pour nous autres amoureux de Marie-Antoinette, il est intéressant de voir comment elle a dominé sa belle-soeur pendant longtemps, faisant et défaisant son entourage, au gré de ses humeurs. C'est Marie-Antoinette qui a, notamment, fait nommer le beau Coigny écuyer de la princesse, choix étonnant pour l'époque car Mme Elisabeth était jeune et vierge et il était d'usage dans un tel cas, de nommer un vieux croûton comme écuyer. Mais Coigny avait la faveur de Marie-Antoinette. On reconnaît là, la patte de Marie-Antoinette "l'insoumise", qui se fiche des conventions.  

Merci pour ton commentaire personnel, original et ( je le parierais ) assez réaliste de Madame Elisabeth.
J'y reviendrai . Il est une circonstance dans laquelle Elisabeth m'a stupéfiée par son goût pour la mortification (   ), il faut que je retrouve .
Elle fait une réflexion hallucinante à une amie ( ou au sujet d'une amie ? ) qui vient de perdre son enfant !

Mais je dois aussi poster des extraits de lettres de Vaudreuil à Artois pour notre Princesse, au sujet de l'affaire de Lyon .
Or, je n'ai pas beaucoup de temps, ces jours-ci ...  Je suis très peu à la maison .  Je n'arrive même pas à tout lire .

Mme Elisabeth est un personnage complexe. A la fois passionnée de sciences (notamment de mathématiques) et bigote jusqu'à la moëlle. Capable de l'antisémitisme le plus abject, comme du dévouement le plus total envers son frère. Elle refusera toujours, même après Varennes, d'émigrer, alors que l'Assemblée ne se serait sans doute pas opposée à son départ (à l'instar de ce qui s'était passé par Mesdames Tantes, autorisées à quitter le territoire). Mais finalement, ce qui l'a fait tenir, ce n'est pas tant l'amour qu'elle pouvait éprouver pour son frère et sa belle-soeur (aimait-elle vraiment Louis XVI? elle paraît le mépriser... en tout cas, elle n'aimait pas Marie-Antoinette !) que son fanatisme : sa volonté de défendre, coûte que coûte, le trône et l'autel, la monarchie absolue et les curés. Mme Elisabeth est une psycho-rigide, engoncée dans des principes moribonds. Il est pathétique de la voir se refuser à son seul amour, le docteur Dassy, au motif que c'est un roturier (quelle horreur !  ). Sans le sacrifice du grand soir, Mme Elisabeth serait passée aussi inaperçue que Madame Sophie (fille de Louis XV), pâle princesse à la vie inutile, dont la mort laissa toute la Cour complètement indifférente.

Pâle princesse n'est donc pas le terme qui convienne à une passionaria mystique !  
Elisabeth est une femme de caractère !!! L'on ne peut pas lui enlever ça.

Tout à fait. Mme Elisabeth est tout sauf une pâle princesse. Elle craignait, par dessus tout, d'avoir une vie "inutile". Elle avait semble-t-il été très choquée des conditions dans lesquelles Madame Sophie avait vécu et était décédée : dans la solitude et l'indifférence la plus totale.

Et malheureusement, elle aura une influence considérable sur sa nièce qui deviendra à son tour une réac de la pire espèce.
Mais je me demande au final si madame Elisabeth n'a pas subi pour sa part l'influence de madame Adélaïde.
Une certaine transmission de "valeurs"...
Car quand j'ai lu la dernière bio de Marie-Thérèse, j'avais l'impression de voir la fille de Louis XV. Tiens, elle me rappelle quelqu'un. 
Fille de France jusqu'au bout des ongles...

La preuve : s'il y a bien une princesse qui a refusé de ne servir à rien, c'est bien Adélaïde ! 

Elles avaient toutes une éducation extrêmement religieuse et rigoriste. Et comme il leur était interdit de profiter des plaisirs de l'amour, elles n'avaient pas d'autre choix que de se réfugier dans la religion. Un peu comme des nonnes.

Citation :

... Et comme il leur était interdit de profiter des plaisirs de l'amour, elles n'avaient pas d'autre choix que de se réfugier dans la religion....

Tu crois? Si elles (nièce et tantes) avaient réellement voulu profiter les plaisirs de l'amour, elles n'auraient pas eu beaucoup de problèmes pour le faire...si elles ne l'ont pas fait c'est parce qu'elles n'ont pas voulu. Point. 

Reinette a écrit:

Et malheureusement, elle aura une influence considérable sur sa nièce qui deviendra à son tour une réac de la pire espèce.
Mais je me demande au final si madame Elisabeth n'a pas subi pour sa part l'influence de madame Adélaïde.
Une certaine transmission de "valeurs"...
 

Absolument ! des gardiennes du Temple, cryolisées dans un immobilisme d'Etat .

Citation :

Elles avaient toutes une éducation extrêmement religieuse et rigoriste. Et comme il leur était interdit de profiter des plaisirs de l'amour, elles n'avaient pas d'autre choix que de se réfugier dans la religion. Un peu comme des nonnes.

...   hum !

Qu'est-ce qu'il y a ?

Citation :

Reinette a écrit:

Et malheureusement, elle aura une influence considérable sur sa nièce qui deviendra à son tour une réac de la pire espèce.
Mais je me demande au final si madame Elisabeth n'a pas subi pour sa part l'influence de madame Adélaïde.
Une certaine transmission de "valeurs"...

Absolument !   des gardiennes du Temple, cryolisées dans un immobilisme d'Etat .

Marie-Antoinette n'a pourtant pas cessé de tenter d'éloigner Mme Elisabeth de Mesdames Tantes (cf. ci-dessus l'incident ayant mené à la disgrâce de la vicomtesse d'Aumale : Mesdames Tantes étaient soupçonnées d'intriguer pour faire entrer Mme Elisabeth aux carmélites, chose inacceptable pour Louis XVI et surtout Marie-Antoinette, qui voyait Mme Louise/les carmélites comme le foyer des intrigues du parti dévôt hostile au "parti autrichien").

Citation :

Citation :

Citation :

Elles avaient toutes une éducation extrêmement religieuse et rigoriste. Et comme il leur était interdit de profiter des plaisirs de l'amour, elles n'avaient pas d'autre choix que de se réfugier dans la religion. Un peu comme des nonnes.

...   hum !

Qu'est-ce qu'il y a ?

Le refuge dans la religion vient généralement plutôt sur le tard, après la renonciation ( forcée ou librement consentie ) aux plaisirs terrestres .  Et quoique les princesses ( de toutes les Cours d'Europe ) soient le plus souvent modelées par une éducation extrêmement religieuse et rigoriste, elles ne naissent pas austères et puritaines . Elles le deviennent avec l'âge .

Mais avant ?   Même parmi les prudes Mesdames Tantes il y avait eu, au printemps de la vie, des émois amoureux et des soupirs .

Nous nous souvenons du coup de coeur de Madame Henriette pour son cousin issu de germains Louis-Philippe de Chartres, inclination partagée !
Une telle alliance aurait trop vertigineusement rapproché la branche cadette du trône !
Louis-Philippe se vit rebuter par Louis XV et se laissa marier à Mlle de Bourbon-Conti.

Madame Adélaïde, elle-même, répondit un temps à la flamme du prince de Conti .  Décidément, dans les familles royales les cousins font des ravages .  Et puis l'idylle capota, l'on ne sait pas trop pourquoi .
Inimaginable ! la princesse s'éprit bientôt à nouveau, cette fois d'un obscur jeune garde à qui elle offrit une tabatière assortie d'un petit billet éloquent .
Louis XV exila le galant, presto subito,  avec une pension de quatre mille livres .
La vie amoureuse de la princesse s'arrêta là .

Alors oui, force est de constater que Mesdames qu'à travers Marie-Antoinette nous connaissons comme un escadron de vieilles biques confites dans le Seigneur ... ne l'ont pas toujours été !    

Juste!! 

Merci, j'aime bien ces anecdotes !  
Je ne suis pas surpris que ces dames aient eu des émois amoureux , car quoi de plus naturel. Je trouve juste très triste qu'à défaut d'être mariées, elles se soient imposées une vie de nonne . Filles ou soeurs de rois, elles ne pouvaient être mariées qu'à des rois, c'est-à-dire à l'étranger. Le mariage pour elles signifiait l'exil, voire la mort (qu'on se souvienne de la fille de Monsieur frère de Louis XIV morte empoisonnée à la cour d'Espagne... sans compter le risque pour toutes ces femmes de mourir en couches, loin de leurs proches!). A défaut de vouloir (ou pouvoir) se marier, ces princesses à la sexualité frustrée se sont refugiées dans la religion, sorte d'exutoire à leurs misérables vies terrestres. Madame Louise ira même jusqu'à prendre le voile, cela veut tout dire... ces femmes vestales , antiques vierges gardiennes du feu étaient au mieux des exaltées (Mme Louise, Mme Elisabeth), au pire des garces (Mme Adélaïde) ou des dépressives (Mme Sophie). Tout ça par manque d'amour. Le sacrifice de Mme Elisabeth n'est-il pas une forme de suicide finalement?... Je trouve dommage en tout cas qu'aucune de ces femmes n'ait jamais tenté de se révolter contre cette société machiste et patriarcale.