Savoir-vivre ou rites du protocole

Voici un article reprenant quelques règles d'étiquette.

Grands lecteurs de livres sur notre reine adorée, nous en connaissons la plupart. Mais certains détails valent la peine d'être soulevés. Aussi vais-je reprendre cette liste non exhaustive telle que donnée :

- Frapper aux portes était interdit. Une règle instituée en 1694 voulait qu'on grattât avec le petit doigt.
--> avec le petit doigt ?

- Seuls les huissiers étaient autorisés à ouvrir les portes. Un visiteur désirant sortir devait donc attendre que l'huissier lui ouvrît.

- Les dames de Versailles avaient adopté une démarche tout à fait particulière, qui consistait à glisser sur le sol sans lever les pieds afin de ne pas marcher sur la traîne de la dame précédente.

- Les personnes faisaient leur entrée par ordre de rang, les princes d'abord, puis les dignitaires de la cour et enfin les courtisans. Le page ouvrait les deux battants de la porte pour un prince mais un seul battant pour quelqu'un de moindre rang.

- Les tapisseries murales de Versailles devaient être changées deux fois l'an, pour l'hiver et l'été. Entre la Toussaint et Pâques, les hautes fenêtres du château étaient scellées par des collants pour ne pas laisser entrer l'air froid.
--> le manque d'air qui a failli coûter la vie à Marie Antoinette lors de l'accouchement de Mousseline était donc doublement dû à l'étiquette, pour le monde et pour les fenêtres collées.

- Les membres de la famille royale n'avaient pas le droit de se servir à manger ni à boire. Les repas, rafraîchissements, et pièces de vêtements leur étaient tendus, parfois sur des plateaux d'argent.

J'imagine bien une dame marcher sur la traine de la reine par mégarde
Et inversement...Marie-Antoinette s'exclaffant derrière son éventail

J'ignorais cette règle de grattage avec le petit doigt...décidément Louis XIV a eu beaucoup d'imagination

Le plus contraignant de l'étiquette pour Marie-Antoinette était les repas, je crois que c'est la partie de l'étiquette qu'elle s'est le plus empressée d'assouplir une fois Reine...

Citation :

J'ignorais cette règle de grattage avec le petit doigt...décidément Louis XIV a eu beaucoup d'imagination

Ben oui... J'avais déjà lu qu'on grattait aux portes, mais j'ignorais que c'était avec le petit doigt.

Je me demande si l'info est fiable. C'est pas un peu énorme ?

Ben...si c'est vrai alors ils avaient intêrét à avoir de solides petits doigts, mais aussi de très bonnes oreilles pour entendre quelqu'un gratter ainsi

... toujours dit qu'il y avait un côté canin à tout ça... on regarde manger le chef, on gratte aux portes et on a de bonnes oreilles...

... je suis déjà sortie...

C'est vrai en plus!

Pour info :
Quand la Reine dînait seule dans sa Chambre, c'est la Surintendante qui La servait. Mme de Lamballe découvrait les plats, donnait les assiettes et présentait les soucoupes. Tous ces mets étaient apportés par la première femme de chambre en service, qui elle-même prenait les plats à la porte de la Chambre, puisque les officiers n'avaient pas droit aux entrées. Seul le gentilhomme servant ordinaire pouvait entrer dans la Chambre avec le plat qui contenait ....les fruits ! Pourquoi ? Parce que cela était trop lourd pour ces dames. Vous comprendrez donc Son peu d'entrain pour les Grand Couvert !

Ah j'ignorais ces précisions merci beaucoup!

Il serait aussi intéressant de savoir si Marie-Antoinette mangeait plus et plus longuement dans de telles situations, plus intimes

Merci !   Vous m'apprenez une chose bien intéressante !  

J'avais lu (je ne sais plus où   ) que la surintendante apportait le plateau du déjeuner. Il se pourrait donc que cette information soit moins fantaisiste que je ne l'avais d'abord cru !

Oui j'ai aussi déjà lu que c'était à la Princesse de Lamballe de découvrir les plats de Marie-Antoinette, lors des repas publics...donc en privé ça peut rester crédible...

Quelques réflexions de Madame Campan, dans Les Soirées d'Ecouen, sur l'étiquette :

En France, depuis le berceau jusqu'à la tombe, malades ou bien portants, à table, au conseil, à la chasse, à l'armée, au milieu de leur cour ou dans leur intérieur, les princes étaient soumis à un cérémonial continuel et parfois très fatigant. Qu'on juge de ce qu'une princesse élevée dans la simplicité des cours d'Allemagne, jeune, vive et franche, devait éprouver d'impatience contre ces usages tyranniques, qui, ne lui permettant pas un seul instant d'être épouse, mère, amie, la réduisaient au glorieux ennui d'être toujours reine !

Marie-Thérèse, la femme de Louis XIV qui venait d'Espagne, a eu des propos similaires sur cette étiquette qui étouffait les Reines. Elle même était nostalgique de son enfance en Espagne...Marie-Antoinette a subi la même chose, mais Louis XVI n'étant pas Louis XIV, elle a pu s'essayer à l'assouplir

C'était sans doute que ces usages avaient fait leur temps, ils devenaient obsolètes. D'ailleurs, pour qu'une personne aussi distinguée que la bonne Henriette se permette d'y aller de sa critique...

Je vous ai parlé des règles d'étiquette et de la rigidité que Mme de Noailles apportait à les faire observer. Un jour je mis, sans le vouloir, cette pauvre dame dans une angoisse terrible. La reine recevait je ne sais plus qui c'étaient, je crois, de nouvelles présentées; la dame d'honneur, la dame d'atour, le palais était derrière la reine. Moi, j'étais auprès du lit avec les deux femmes de service. Tout était bien, du moins je le croyais. Je vois tout à coup les yeux de Mme de Noailles attachés sur les miens. Elle me fait un signe de la tête, et puis ses deux sourcils se lèvent jusqu'au haut du front, redescendent, remontent; puis de petits signes de la main s'y joignent. Je jugeais bien à toute cette pantomime que quelque chose n'était pas comme il fallait; et tandis que je regardais de côté et d'autre pour me mettre au fait, l'agitation de la comtesse croissait toujours. La reine s'aperçut de tout ceci, elle me regarda en souriant. Je trouvai moyen de m'approcher de Sa Majesté, qui me dit alors à mi-voix "Détachez vos barbes, ou la comtesse mourra." Tout ce mouvement venait de deux épingles maudites qui retenaient les barbes de ma coiffure, et l'étiquette du costume disait "Barbes pendantes".

On se demande par quel prodiqe la comtesse de Noailles parvenait à retenir tous ces détails !

pimprenelle a écrit:

On se demande par quel prodiqe la comtesse de Noailles parvenait à retenir tous ces détails !

L'étiquette était sa Bible et elle la faisait respecter comme une mère supérieure dans son couvent

Bien à vous.

pimprenelle a écrit:

On se demande par quel prodiqe la comtesse de Noailles parvenait à retenir tous ces détails !

Voici l'avis, tout misogyne, du comte d'Hézecques...

Je remarquerai seulement que les femmes ont toujours été plus difficiles que les hommes sur l'étiquette, soit que leur existence, déjà remplie de tant de détails, ne leur parût pas encore assez gênée sans tous ces usages souvent bizarres, soit qu'elles aimassent d'instinct ces marques de respect.

Merci, Pimprenelle, pour ce souvenir plein d'humour de Mme Campan.

Belle citation ! Cette description fait irrésistiblement penser à une basse-cour... Avec toutes ces petites poules, ccôôôôttt, côôôt, qui s'activent, côôôtt, ccôôôôtttt, à leur trucs super méga importââânnttts...

Les coqs sont au-dessus de ces basses contingences, c'est bien ccôôôônnnnnûûû...

Et les coqs sont plus jolis en plus!

Nan j'déconne j'déconne!!!

Quel dommage que mon guide de Versailles soit resté jusque-là indifférent à mon appel de nous rejoindre ici. Il aurait porté plus qu'une pierre à l'édifice.

Quelques règles sont restées dans ma mémoire: (avec peut-être quelques petites inexactitudes... )

1) En attendant dans l'antichambre les courtisans restaient debout, gantés, portant leurs bagues sur leurs gants, les hommes avec le chapeau porté dans la main gauche au niveau de la hanche.

2) Lors des dîners dans la petite salle à manger de la Reine, on changait les gants entre chaque mêt.

3) Les traînes des robes des dames avaient une longeur strictement réglementée, qui dépendait de son titre, allant de la princesse, plus de trois mètres, à la comtesse, la moitié.

4) Lors de la présentation à la Reine le matin par exemple, les dames faisait la révérence trois fois en arrivant, et également trois fois en partant, en marche arrière sans marcher ni trébucher sur leur longue traîne. En arrivant au niveau de la Reine après la troisième et la plus profonde des révérences, l'éventail fermé à la main gauche, la dame soulevait très légèrement l'extrémité de la traîne de la robe de la Reine, laquelle écartait celle-ci (la traîne) d'un mouvement fluide et relevait la personne d'un geste gracieux de sa main.

Ah vous semblez avoir de beaux restes en mémoire Baron car vous nous donnez là beaucoup de détails intéressants!
Les dames glissaient des pieds sur les parquets pour ne pas marcher sur la traine de celle de devant
J'ignorais cette histoire d'éventail fermé...ça veut dire que l'éventail faisait partie de l'etiquette? Je pensais que c'était juste un accessoire personnel

Cela faisait partie intégrale de l'étiquette.

Comme le fait d'être excessivement diamantée. La Reine prêtait même parfois ses propres joyaux.

Ah oui j'ai déjà lu que les bijoux étaient très souvent prétés entre les dames. Je crois qu'une des filles de Louis XV le faisait très régulièrement

Mon ami conférencier ne fera pas partie de notre forum. Il n'a pas le temps. Mais il présente la garde robe de MA mardi à 10:00 à Versailles si cela intéresse? Il est brillant.

Ce n'est pas grave Baron

Cela dit suivre une présentation de la garde robe de Marie-Antoinette doit être instructif en effet! Mais je ne serai pas à Paris Mardi dommage...

Moi aussi, cela m'intéresserait très fort ! Mais j'ai comme qui dirait des obligations professionnelles !

Baron, vos précisions sur l'étiquette sont bien intéressantes ! Qui changeait de gants entre chaque plat ? Les convives ? Alors, un préposé passait pour en distribuer ? Parce que, les services, il y en avait une série...