Madame Adélaïde

Oui, la visite est sympathique.
Sauf qu’à un moment, une silhouette blanche d’un visiteur virtuel cachait un pastel : Vas-tu te pousser de là toi !!!
Il faut toujours des boulets devant les oeuvres...c’est pas vraiiii !

Sincèrement, je regarde et je ne retrouve pas de ressemblance criante avec ces portraits

à 17 ans (1749)



à 55 ans (1787)

Depuis 2005, apparemment, le musée Condé ne désigne plus ce portrait comme étant l’un de Mme Adélaïde.
Mais le Boudoir prévoit une petite sortie là-bas, nous jetterons un oeil !!

En vente sur e-bay :

l'abbaye de Fontevrault et les filles de Louis XV de Simone Poignant pour 11 euros +7 euros de port.

Toujours dans le Reiset, j'apprends que les deux augustes princesses, de Rome, commandaient encore des effets à madame Eloffe, dont des plumes roses !
Qui l'eut crû ?

C'est qu'elles étaient coquettes jusqu'au bout des ongles !

C'est vrai que cela surprend de leur part , et d'autant plus en exil nécessiteux, à un âge avancé ..............

Et la couleur des plumes donnerait presque raison à la fille Coppola...mais il y a rose et rose

Bien à vous.

Nos Mesdames, à Rome, pensent encore repartir d'un jour à l'autre en France, financées en partie par le Cardinal de Bernis, elles ne souffrent pas encore du manque, et le Comte de Narbonne tout entier dévoué remue ciel et terre pour trouver à ces dames de quoi amortir leurs dépenses, sans compter qu'elles touchent encore l'équivalent de 74 000 livres de rentes chacune (environ 49 000 pour chaque Madame en 1768), léguées (ainsi qu'une grande quantité de bijoux) par leur mère sur des terres qui ne figurent pas dans l'acte de mise en gage de leurs propriétés (Bellevue et Louvois) qui précède leur départ et leur fourniront une somme considérable. Terres qui leur seront confisquées par la suite.

Quant à la réponse au pourquoi dépenser en habits à Rome, est très simple, Mesdames recevaient sans cesse les hommages des princes italiens et étrangers ainsi que des hauts dignitaires de l'Église, il leur fallait de nombreuses tenues de représentation !

Eh ! Il faut bien tenir son rang !

Je pense qu'on peut difficilement venir de la famille royale la plus prestigieuse d'Europe et devoir se comporter comme le commun des mortels du jour au lendemain !

Un ami de Trieste m'avait dit, que Mesdames y étaient encore très connues, et que le Chevalier qui les a prises sous sa protection était très riche et finançait tous leurs désirs. Peut être une raison supplémentaire pour Adélaïde de décliner l'offre de la maison d'Autriche (Quelle horreur ! *évanouie*), qu'Artois et Provence avaient appuyée, consistant en lui fournir un palais et une suite. S'ajoutant à cela le deuil de Victoire et du reste de la famille royale, devant lui ôter toute envie de voyager.

Mesdames ne manquaient de rien qui soit matériel.

Madame Adélaïde a écrit:

Mesdames ne manquaient de rien qui soit matériel.

..... au début de leur exil, en effet . Mais elles ont fini leurs vies dans un relatif dénuement .

Oui, la vie de Mesdames tantes est tout de même bien une illustration de l'expression grandeur et décadence . Pauvres vieilles !

Oui, quelles tristes fins en effet !

Surtout le choc de la mort d'une partie de la famille royale dans les conditions qu'on sait !

J'attends l'arrivée d'un livre d'un ami des Mesdames ! Je vous le ferai partager !

Passage de Mesdames à "Rheims" (Reims) en 1781 :

Mesdames eurent à recevoir, le 17 septembre, une députation de la municipalité rémoise. « M. le lieutenant s'est transporté à Louvois, où il a su de M. l'abbé Rualem, intendant de Mesdames, que le surlendemain de leur arrivée la ville seroit admise à leur présenter ses respects. MM. le lieutenant, le vice-lieutenant et le prévôt de l'échevinage avec M. le syndic, en manteau et rabat, dans une berline attelée de six chevaux, se sont rendus à Louvois, à trois heures. Ils sont descendus chez M. l'abbé, qui a fait annoncer la députation, et les députés ont été admis à cinq heures. Ils s'étoient fait précéder par deux valets de ville, qui avoient porté deux pièces de cinquante bouteilles de vin. » Quelques jours après, Mesdames se rendirent à l'abbaye de Saint-Thierry, aux portes de Reims, où demeurait l'archevêque, Mgr de Talleyrand. Elles traversèrent toute la ville en carrosse et s'arrêtèrent devant la maison de M. de Pouilly, lieutenant de la. ville, où le conseil s'était réuni «. en manteau et rabat ». M. de Pouilly harangua Mesdames et leur offrit deux corbeilles de poires de Rousselet sèches (pour 400 livres). Un enfant de huit ans leur récita ces vers:
Vous voyez sur votre passage
Tous les cœurs voler à la fois.
Permettez, pour vous rendre hommage,
Que l'enfance emprunte ma voix:
Pour aimer le sang de nos rois,
Le peuple français n'a point d'âge!

Source : Édouard de Barthélemy

Citation :

Oui, la vie de Mesdames tantes est tout de même bien une illustration de l'expression grandeur et décadence .   Pauvres vieilles !

...décadence...

Scène d'exil, hiver 1799 ...


Extrait de Mesdames de France Filles de Louis XV, par Barthélémy,


..."On venait heureusement de recevoir la plus obligeante réponse de l'amiral russe, ce qui releva un peu le courage des fugitifs. Vers la fin de la nuit le vent sauta et le trabaccolo, après avoir couru de sérieux dangers, dut revenir au soir mouiller sous le môle de Bari, où, en entendant la fusillade et en voyant les maisons incendiées, on apprit l'arrivée de nos soldats.Le patron de la tarlane venait d'annoncer qu'il fallait absolument rentrer dans le port, quand le vent changea encore et l'on put gagner rapidement Brindisi. Nouvelle déception : l'amiral russe ne voyant pas Mesdames arriver et pensant qu'elles avaient été obligées de renoncer à leur projet, avait levé l'ancre en emmenant le marquis del Gallo. Mesdames ne s'émurent pas trop de ce contretemps, voulant seulement, quoique des appartements leur eussent été préparés en ville, rester à bord pour ne pas être exposées à une surprise de la part des troupes républicaines. Le séjour sur le trabaccolo était cependant insupportable. « Le repos même était déjà un malheur, dit le comte de Chastellux, pour les individus qui séjournaient renfermés et circonscrits dans un tel bâtiment, où chacun n'ayant que la place de son corps, ne respirait que par l'évasure du tillac qu'on fermait le soir. Les uns couchaient sur des nattes, les autres sur les coussins des voitures, peu sur des matelas. Ils étaient au nombre de soixante et par conséquent très-pressés; tous les genres d'incommodités et de souffrances épuisaient tour à tour leur courage. Les princesses seules avaient deux très-petites chambres et deux petits lits; les deux dames d'honneur couchaient sur des matelas qui le jour servaient de siéges. Il fallut cependant passer trente et un jours de cette manière et sans pouvoir se déshabiller, trop heureux encore de conserver ce bâtiment que les matelots voulaient abandonner et qu'il fallut acheter à prix d'or (1). » Pendant ce temps M. de Chastellux négociait avec l'amiral Outschakoff pour obtenir un navire convenable.
Mesdames vivaient à bord de la tartane comme dans leur palais : ayant emporté un certain nombre de livres, elles pouvaient se faire faire la lecture pendant les longues heures de cette captivité. Voici d'ailleurs en quels termes le comte César de Chastellux commente les notes de son père : « Une seule ouverture placée au milieu du bâtiment y répandait, avec un froid glacial, une lumière bien imparfaite. Bien avant le lever du soleil, les matelots commençaient à laver le bâtiment, ce qui rendait tout sommeil impossible;
(1) Il fallut souscrire un engagement de six mille ducats.
le moment des repas était peut-être encore plus triste. Les ustensiles nécessaires manquaient, et la manière dont on distribuait successivement à chacun sa part tout autour de ce lieu si incommode, était bien faite pour ôter l'appétit. Tous les soirs, un chapelain de Mesdames, à genoux près d'une lampe qui n'éclairait que lui, récitait des prières auxquelles chacun répondait du triste lit où il s'était retiré. Et cependant Madame Adéiaïde,dont la santé n'était pas altérée, conserva constamment sa vivacité, sa gaité même, et n'était occupée qu'à ranimer la fermeté quelquefois ébranlée des personnes qui l'entouraient. » Un incident vint tout à coup rompre la monotonie de cette pénible existence.
Un jeune Corse, usant habilement de saressemblance avec le prince héréditaire deNaples,se fit passer pour lui, et, après avoir servi à l'armée do Condé, il vint à Forli où il fut reçu avec enthousiasme. S'étant rendu à Brindisi il eut bon marché des républicains et se vit en peu de temps à la tête d'un certain nombre de partisans. Ce jeune Corse, qui se nommait le comte de Corbara, se fit présenter à Mesdames, leur déclara qui il était réellement et comment il voulait essayer de faire servir l'erreur dont il était l'objet au bien de la cause royale, les priant de constater la droiture de ses intentions et la loyauté de ses sentiments (2). Tous les environs de Brindisi se rallièrent promptement à la réaction royaliste grâce aux soins et aux compagnons de Corbara. Mais Mesdames ne cherchèrent pas à débarquer: un nouveau péril se présenta, quand on eut acquis la certitude qu'un corsaire croisait au large pour capturer le trabaccolo.
M. de Chastellux parvint à faire arriver une nouvelle lettre àl'amiral Outschakoff qui envoya immédiatement une frégate et une polacre pour amener les fugitifs à Corfou, en s'excusant de ne pas venir offrir lui-même ses hommages et ses services à Mesdames, à cause de l'attaque de l'île de Vido qu'il dirigeait en ce moment. Les bâtiments mouillèrent dans le port de Brindisi Je 5 mars. Les vents contraires retardèrent le départ jusqu'au 15, puis une tempête éclata et dura trois jours avec une rare violence. M. de Chastellux employa ce temps à se procurer deux mille ducats sur les fonds royaux, les princesses n'ayant plus aucun argent. Le 19 on eut une terrible alerte en apercevant un vaisseau de 74. On craignit que ce ne fut le Généreux, navire français,

qui croisait depuis longtemps. Les préparatifs de combat furent faits, et Mesdames descendues à fond de cale, où elles se trouvèrent à côté de trois marins français pris quelques jours avant sur une tartane dans la rade de Brindisi: parmi eux était Ganteaume, qui devint vice-amiral. Tous trois montrèrent un grand respect pour les princesses. Puis grâce à un saut de vent, la frégate gagna rapidement le port de Durazzo. Les princesses étaient excessivement fatiguées, Madame Victoire surtout inspirait de vives inquiétudes; elle était obligée de garder le lit et montrait cependant un courage admirable. On remit à la voile le 24 mars, et le 28 au matin on jeta l'ancre à Corfou où l'on apprit que le vaisseau qui avait causé une si vive alarme était un navire portugais envoyé par Nelson au secours de Mesdames et qui emmenait à Trieste plusieurs personnes de la suite de Mesdames avec l'abbé de Ruallem.
La réception de Mesdames à Corfou fut telle qu'elle aurait pu l'être à l'époque la plus éclatante de leur existence. L'amiral Outschakoff se rendit à bord de la frégate dès qu'elle fut signalée parla vigie, et comme elle était encore sous voiles: un ambassadeur turc envoyé en Angleterre vint aussi saluer les princesses auxquelles il s'adressa en français : les habitants de la ville rivalisèrent de zèle pour faire oublier à Mesdames leur exil... "...

(2) Corbara s'embarqua pour Gorfou afin de s'assurer de l'appui de la flotte russe : pris par les corsaires algériens, il fut racheté par les Anglais et transporté à Palerme où il servit utilement.

Avant le départ de Mesdames de Paris, le ministre Montmorin se rendit chez Mme Adélaïde pour lui dire qu'elle devait renoncer à obtenir un passeport .
La princesse lui répondit :
Je savais déjà, Monsieur, que vous étiez le plus mauvais serviteur du Roi; mais j'ignorais encore que vous fussiez le plus insolent de ses sujets .
Sortez d'ici !

.... encore un extrait du journal de son cher Marc de Bombelles !!! Page 199. 22 mars 1791

Citation :

Citation :

Avant le départ de Mesdames de Paris, le ministre Montmorin se rendit chez Mme Adélaïde pour lui dire qu'elle devait renoncer à obtenir un passeport .
La princesse lui répondit :
Je savais déjà, Monsieur, que vous étiez le plus mauvais serviteur du Roi; mais j'ignorais encore que vous fussiez le plus insolent de ses sujets .
Sortez d'ici !

Comme on aurait dit autrefois, elle était haute dans ses armes! Et tout à fait à raison !!!

Elle n'avait pas la même " hauteur " avec tout le monde apparemment :

En sortant de chez Mme de Boisgelin, écrit Marc de Bombelles,  on m'a dit que Mme la comtesse Louis de Narbonne me demandait . Notre existence hors de France ressemble maintenant  aux aventures d'un roman . On retrouve sur les grands chemins et dans tous les coins de l'Europe les Français fuyant la tyrannie . Cette jeune femme va rejoindre à Rome Mesdames et la duchesse de Narbonne, sa belle-mère; elle s'y rend accompagnée d'un cousin aussi bien pensant que son mari est détestable . Malgré cela le terrible ascendant du comte Louis sur Madame Adélaïde fait qu'il va la retrouver à Rome . Il n'eût pas osé arriver avec cette princesse à Turin . On était déterminé à l'y si mal recevoir que cette ville n'eût pas été tenable pour lui.

Cortequisse décrit comment Madame se laissait diriger sous la coupe des Narbonne, mère et fils. Il pense y voir un besoin pour elle d'avoir des habitués autour d'elle, des fidèles, unique source de "chaleur humaine" à la fin de sa vie. Et par conséquent elle les laisse prendre un ascendant qui semble considérable sur sa vie quotidienne.

Non pas le violet qui était porté par Victoire à Bellevue !
Déjà ces deux femmes ont en commun une "gorge bien faite"  
La rose "cuisse de nymphe émue" était sa représentation. (Victoire c'était la rose "cul de singe"...)
On sait Adélaïde et Victoire passionnée de meubles, on en voit d'ailleurs bon nombre sur leurs diverses représentations, sur lesquelles elle est parfois accoudée :


par Johann Ernst Jules Heinsius (le plus laid de tous sans conteste !)


Par Nattier (on remarquera la récurrence du chien dans les tableaux, symbole de fidélité.)

De plus on la connaît dans des poses non "royales" comme en atteste ce délicat portrait d'elle en habit "à la turque", littéralement lovée dans son hermine tachetée toute froissée    par Liotard :



Sans compter sur tous les tableaux disparus, volés ou encore perdus dans les collections privées...

Magnifiques portraits. Elle est fascinante de laideur cette Adélaïde ! À côté d'elle, la comtesse de provence passe pour un top model! 😃

Citation :

Le tableau dans sa bibliothèque est délicieux. Je m'amuse du bureau Louis XVI avec le fauteuil Louis XV !  

Le tableau est riche de sens et de symboles ; on y voit une harpe et un nécessaire de peinture, la princesse excellait dans les arts, on voit quelques ouvrages à maroquin marron qui appartenaient à Madame Sophie ou Louise, elle porte la coiffe et le châle des femmes non mariées (et d'un certain âge, voire d'un âge certain !), je ne sais plus exactement, etc

Il est aussi riche d'enseignement, si la robe qu'elle porte est une de ses robes de tous les jours, au vu du travail de la soie et la surcharge en dentelle, ce portrait à lui seul suffit à confirmer Montigny qui écrit que Madame a le train de vie le plus élevé de la cour (merci papa-roi pour les super pensions redistribuées par héritage + l'héritage de maman), train de vie d'ailleurs qu'elle est Victoire ne baisseront jamais, contrairement à toute la famille royale, et qu'elles conserveront encore quelques temps après l'exil, Madame (Madame Tante ici) était connue pour savoir très bien gérer ses affaires.

De plus, il ne me semble pas avoir jamais vu à Versailles un tel parquet ! En 1776, si mes souvenirs son exacts, elle disposait encore de la bibliothèque connue aujourd'hui sous le nom de celle de Madame Victoire, et il ne me semble pas la reconnaître... Dans le cas contraire il s'agirait de sa nouvelle bibliothèque sise dans ses "magnifiques" appartements privés dont il ne reste malheureusement plus rien aujoud'hui.

"Refaire à l'identique, c'est conserver."

Bonne idée non ?