Madame Adélaïde

Madame Adélaïde a écrit:

qui écrit que Madame a le train de vie le plus élevé de la cour ...

A cela s'ajoute le riche tissus du fauteuil ; velour de gêne à plusieurs teintes, dont le fond est rebrodé de fils d'argent.... rien de moins !

A cela s'ajoute le riche tissus du fauteuil ; velour de gêne à plusieurs teintes, dont le fond est rebrodé de fils d'argent.... rien de moins ![/quote]

Brûlé (sans doute) pour récupérer l'argent pour supporter l'effort de guerre ! Tout comme la tapisserie de la chambre du roi dont on tira 62 kg d'or si je ne m'abuse !

Je doute qu'on ait pu tirer autant d'or d'une seule tenture (même si elle comprend plusieurs pièces) ! De toutes les tapisseries du Garde Meuble, peut être....

CDV rappelle, en parlant de ce portrait, que les objets représentés ne sont pas nécessairement tous issus de la réalité, mais servent à presenter le rang du sujet. Peut être le parquet dont vous vous étonniez fait il partit de ses rajouts artistiques à la réalité des appartements de Madame Adélaïde. Peut être aussi la bibliothèque ?

Mesdames Tante étaient connues aussi pour avoir les meilleures caves et le meilleur cuisinier. C'est tout dire !

Exact!

Pour les dépenses de Mesdames, il suffit de lire Reiset et sa transcription du Journal de madame Eloffe pour se rendre compte qu'elles dépensaient plus en parure que Marie-Antoinette.

Citation :

Je doute qu'on ait pu tirer autant d'or d'une seule tenture (même si elle comprend plusieurs pièces) ! De toutes les tapisseries du Garde Meuble, peut être....

Je ne trouve plus la source exacte, mais ils en parlent sur wikipédia aussi, bien que ce soit une source faible qualité :

"Les tentures originales furent restaurées en 1763 ; en 1785, Louis XVI fit brûler le brocart afin de récupérer plus que soixante kilogrammes de l’or."

http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:bExmDkssp9sJ:fr.wikipedia.org/wiki/Appartement_du_roi+&cd=3&hl=fr&ct=clnk&gl=fr

et aussi sur ce très excellent site :
"La Chambre est le cœur du château : à ce titre toute personne qui passe devant le lit du Roi doit s’incliner et retirer son chapeau et de ce fait le décor est le plus riche de tout l’appartement.

Sous Louis XIV, 60 kilos d’or avaient été utilisés pour le brocart d’or et d’argent qui recouvrait l’ensemble du mobilier. Après un long retissage à Lyon ayant nécessité 8 kilos d’or, on a progressivement remis en place dans les années 1970 un brocart réalisé pour Marie Antoinette. Il a servi à regarnir le lit, deux fauteuils Régence en bois doré et leurs deux carreaux, douze pliants réalisés pour les appartements royaux en 1730-1738 et les deux portières de l’alcôve.
On a également retissé le tapis qui garnissait l’alcôve sous Louis XV. La chambre se présente ainsi dans un état proche de celui de l’époque Louis XV."

http://720plan.ovh.net/~jardinsd/Chateau/Appt-1/Pages/13-roi-07.htm

Pardon, je pensais aux tapisseries historiques tissés de fils d'or, pas aux tentures et garnitures galonnées. Pour le coup, je veux bien vous croire.

olivia a écrit:

Pour les dépenses de Mesdames, il suffit de lire Reiset et sa transcription du Journal de madame Eloffe pour se rendre compte qu'elles dépensaient plus en parure que Marie-Antoinette.

On pourrait cependant nuancer ce propos en opposant la mode pour les matières "simples" et "naturelles" au conservatisme de Mesdames qui ne portaient que de la soie, sauvant ainsi sans le savoir l'industrie lyonnaise ! La soie coûtant plus cher que le lin.

Cependant, je ne crois pas que ce fait justifie tout l'écart de dépense.

Madame Adélaïde a écrit:

Il est à noter que Mesdames Tantes (disons Adélaïde puisque Victoire faisait ce que la première lui disait) étaient très proches du Duc d'Orléans aux idées très libérales, qu'elles estimaient hautement... Elles changeront d'avis un certain jour de procès.

Ce qui ne veut pas dire qu'elles avaient elles mêmes des idées libérales, loin s'en faut !

Avez vous des détails précis en tête qui montre cette bonne opinion de Mesdames pour Orléans ?

Je serais très étonnée que Mesdames Tantes aient estimé hautement Orléans !

J'avoue attendre plus de précision sur ce point ....

J'en serais très curieuse moi aussi !

[Une lettre de la Duchesse de Narbonne (Françoise de Chalus), sa Dame d'Atours, puis dame d'Honneur, mais je ne sais vraiment plus laquelle.

Cependant une certaine lettre à la Comtesse de Chastellux en 1793, est beaucoup moins sympathique.

Souvenez vous en tous cas que Madame Adélaïde a très très bien accueilli les Etats Généraux (Stryenski).

De plus, son "Dignes indignations, Madame", attaque très moralisatrice lancée à Marie-Antoinette, durant cette nuit de 1789 souligne un très fort parti pris pour le peuple qu'elle a découvert avec son duché de Louvois.

Madame Adélaïde a écrit:

Souvenez vous en tous cas que Madame Adélaïde a très très bien accueilli les Etats Généraux (Stryenski).
.

Très très bien ? Cela me laisse septique ...

Elle y a pourtant été élue ! Je ne sais plus où nous en parlions mais l'info avait suscité de vifs débats à l'époque dans le Boudoir.

olivia a écrit:

Elle y a pourtant été élue ! Je ne sais plus où nous en parlions mais l'info avait suscité de vifs débats à l'époque dans le Boudoir.

Mais non !
C’était ici : https://maria-antonia.forumactif.com/t260p375-madame-adelaide

la nuit, la neige a écrit:

olivia a écrit:

Elle y a pourtant été élue ! Je ne sais plus où nous en parlions mais l'info avait suscité de vifs débats à l'époque dans le Boudoir.

Mais non !
C’était ici : https://maria-antonia.forumactif.com/t260p375-madame-adelaide

Il me semble qu'elle y siégeait de par son statut d'Altesse Royale, de manière automatique, Valentino s'est peut être trompé, mais chez Stryenski en tous cas elle y était aussi. N'oublions pas qu'elle était la seule et unique Duchesse-Paire de France à l'époque, par ce biais elle a peut être joui d'un statut particulier...

Madame Adélaïde a écrit:

C'est vrai qu'elle était terriblement mal logée, dans sa petite chambre rikiki sur le Parterre Sud...

Et ce minuscule cagibi que l'on appelle Salon des nobles !

Et ce mince couloir appelé Salon du Grand Couvert...

Et c'est sans parler du Salon de la paix, là ça se passe de mots !

Cela devait être inadmissible pour elle de ne pas avoir au moins une bibliothèque convenable...

Absolument.

Madame Adélaïde a écrit:

Il me semble qu'elle y siégeait de par son statut d'Altesse Royale, de manière automatique, Valentino s'est peut être trompé, mais chez Stryenski en tous cas elle y était aussi. N'oublions pas qu'elle était la seule et unique Duchesse-Paire de France à l'époque, par ce biais elle a peut être joui d'un statut particulier...

Siéger ? Je ne le pense pas non plus.

Chez Stryenski :

"Le marquisat de Louvois est, en effet, érigé en duché-pairie, par lettres patentes de Louis XVI ; les princesses sont désormais pourvues d'un titre effectif entre autres privilèges, elles ont, dans leurs fiefs, droits de haute, moyenne et basse justice, elles ont rang de seigneur ; elles sortent de la vie privée, elles gouvernent; en 1789, Madame Adélaïde comparaîtra aux États Généraux avec toute la noblesse de Champagne."
Sa source : Archives Nationales, O1 3780

Plus loin :

"Ainsi, l'ouverture des États Généraux semble avoir été pour la tante du roi une cérémonie comme une autre, un déploiement de magnificence et l'occasion de briller à son rang.
Le marquis d'Osmond n'avait pas voulu assister à cette « fête » qui avait attiré à Versailles une foule d'étrangers. Le soir, il se trouve chez Madame Adélaïde qui parle du « beau coup d'oeil de la salle » et demande à M. d'Osmond quelques renseignements. Comme elle ne reçoit qu'une réponse négative, elle dit à son interlocuteur :
« Où étiez-vous donc placé ?
— Je n'y étais pas, Madame.
— Vous étiez donc malade?
— Non, Madame.
— Comment, lorsqu'on est venu de si loin pour assister à cette cérémonie, vous ne vous êtes pas donné la peine de traverser une rue?
— C'est que je n'aime pas les enterrements, Madame, et pas plus celui de la monarchie que les autres.
— Et moi, je n'aime pas qu'à votre âge, on se croie plus habile que tout le monde. »
Sa source : Comtesse de Boigne, I, 75-76

Elle y était donc belle et bien et en qualité de Duchesse-Paire, tout du moins.

Qu’elle assiste à l’ouverture des Etats généraux, oui, certainement.
Mais avec le terme « siéger » que vous utilisiez, je pensais plutôt à une participation « active », comme celle des autres députés.

Maintenant, qu’elle ait été favorable à la tenue de cette assemblée, comme nombre de nobles ou de courtisans l’étaient (pour des raisons diverses et variées que je ne développerai pas), pourquoi pas ?
Je n’en sais rien.
Cependant, comme nombre de ceux-ci, j’imagine que si tel était le cas, elle a dû très rapidement déchanter en se rendant compte qu’il n’était pas seulement question de papoter sur la crise financière.

Enfin, et pour en revenir à Orléans, si vous dîtes qu’elle était proche de lui, ou de ses idées, peu avant encore la convocation des Etats généraux, c’est assez grave.
Parce qu’il est de ceux qui contestent le plus le pouvoir de son neveu. Jusqu’à le faire, publiquement lors du rappel du Parlement quelques mois auparavant.
Ce qui lui vaudra un petit exil et, par là-même, sa redoutable célébrité de frondeur.

Je n'ai pas le souvenir qu'elle ait été si proche que cela d'Orléans . Je n'en n'ai pas eu le souvenir à la lecture du livre de Valentino.
Par contre , un était toujours fourré chez elle . ET devinez pourquoi ?
C'est que Mesdames Tante avait le meilleur cuisinier de l'époque. Le prince qui était toujours fourré chez elles, était le Comte de Provence !

Madame de Chimay a écrit:

]
Par contre , un était toujours fourré chez elle . ET devinez pourquoi ?
C'est que Mesdames Tante avait le meilleur cuisinier de l'époque. Le prince qui était toujours fourré chez elles, était le Comte de Provence !

Exactement ! D'ailleurs la famille royale au complet (stricto sensu) se réunissait une à deux fois par semaine au Grand Cabinet de Madame Adélaïde, pour le dîner, il me semble que c'était le mardi et le jeudi.

Lorsque Mesdames étaient à Bellevue, Artois et Provence se faisait annoncer une heure avant leur arrivée.

Petit extrait de chez Stryenski :


Mesdames recevaient à Bellevue, avec beaucoup d'apparat ; leur table était renommée. En juillet 1776, elles eurent la visite du roi et de la reine, à qui elles donnèrent à souper. « Dans cette occasion, écrit Mercy, Mesdames ont marqué les attentions les plus recherchées à la reine, entre autres celle de faire inviter à ce souper la comtesse de Polignac... »

Ordinairement les neveux des princesses leur demandaient à dîner familièrement et sans être priés. On savait que les officiers de bouche, à Bellevue, étaient toujours prêts à recevoir les gourmets. Le coureur qui précédait les princes de quelques minutes les annonçait ; mais lorsque c'était le coureur de Monsieur (comte de Provence), le dîner était plus soigné encore que de coutume et plus copieux. Pour les autres, on ne faisait rien dire à la cuisine, « pas même pour le Roi, qui avait un gros appétit, mais n'était pas à beaucoup près aussi gourmand que son frère ».

Quelques menus ont été conservés ; en voici un du 23 octobre 1787 (bibliothèque de l'Arsenal). Il s'agit d'un dîner de grand apparat, auquel assiste toute la Cour.

Bellevue.

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du mardi 23 octobre 1787.

I. Service.
Le Dormant.

4 hors-d'oeuure d'office.

2 potages.

La garbure.

La faubonne.
2 grosses pièces.

L'aloyau à la broche.

Le rôt de bif (sic) de mouton de Bellevue.

2 relevés.

Les Poulardes en cassole au riz.

Le cochon de lait à la broche.

12 entrées.
Le canneton de Rouen grillé à la Mirepoix.
Les perdreaux rouges (du Roi) en salmis.
Les filets de poulardes au beurre et truffes.
La noix de veau piquée et glacée.
Les poulets gras en marinade.
Les cailles en selle aux écrevisses.
Les langues de boeuf à la Maréchale.
Les pigeons à la Gautier en papillotes.
Les lapereaux en blanquette.
Les quenelles de poulardes au velouté.
Les pluviers à la Bourguignotte.
Les poulets gras en marinade.

4 hors-d'oeuvre pour le roi.
Les foies gras.
Les lapereaux au gratin.
Les côtelettes de mouton grillées.

2. Service.
Le pâté de perdreaux.
La brioche chaude.

2 moyens.
Le flanc à la Picarde.
Les gâteaux à la Madeleine.

6 plats de rôts.
La poule de Caux panée.
Les perdreaux rouges.
Les poulets gras.
Les mauviettes de Chartres.
Les guignards.
Les bécassines.

12 entremets.
Les montants de Cardes.
Les artichauts à l'étouffade.
Les tartelettes meringuées.
La crème au café.
La macédoine.

La gelée au vin de Malaga.
Les choux-fleurs.
Les gâteaux à l'allemande.
Les petits beignets.
Les oeufs au jus.
Les épinards.
Les haricots verts.

Dîner de Madame Victoire.
Les pigeons à la Gautier grillés.
Les côtelettes de mouton.
La poularde de la dame Nangis.
Les culs d'artichauts.
Les asperges.

Ce choix remarquable de victuailles offre cependant une lacune, il n'y a pas le moindre produit de la marée. On n'en serrait jamais à la table de Mesdames.

Jamais je n'aurais pu manger ne serait-ce qu'une fourchette de chaque plat ! J'aurais explosé ! Et si Mesdames étaient responsable de la goutte de Louis XVIII ?